Depuis quelques années, on assiste à
une montée en puissance de l'externalisation de services informatiques
dans d'autres pays. Selon une étude publiée récemment
par IDC, 42% des contrats de sous-traitance afficheraient déjà
une ou plusieurs composantes offshore. Cette tendance serait particulièrement
perceptible aux Etats-Unis où près de 80% des entreprises
prendraient d'ores et déjà en compte cette possibilité
dans leur stratégie de développement (dixit le Gartner Group)...
Cet avant goût américain laisse présager de l'ampleur
des évolutions qui attendent l'Europe et la France sur ce terrain.
Dans cette perspective, les analystes d'IDC conseillent aux SSII traditionnelles
de se préparer au plus vite à proposer des offres offshore.
La
première motivation: la baisse des coûts
D'aprés une enquête
conduite en décembre dernier sur JDNet Solutions, trois zones géographiques
se détachent nettement sur le marché français de l'offshore:
l'Inde, l'Europe centrale et le Maghreb (avec principalement la Tunisie
et le Maroc). Autre enseignement auquel on pouvait s'attendre: l'appel
à des développeurs étrangers est motivé dans
90% des cas par une volonté d'économies. Pour 3 % des
répondants concernés, toutefois, l'offshore répondrait à un déficit de
compétences.
Les grandes SSII françaises n'ont pas attendu la mise en garde
des observateurs pour envisager de lancer des services depuis d'autres
pays. "A l'heure où les DSI cherchent plus que jamais à
rationaliser les dépenses, l'externalisation dans les pays proches
permet de réaliser des baisses de coûts de l'ordre de 30 à 40%",
soulignait récemment dans nos colonnes Jacques Tordjman, PDG de
GFI Informatique (voir l'interview)...
Le ton est donné.
Offshore ou nearshore
Maroc, Tunisie, Roumanie, Espagne,
etc. Force est de constater que les acteurs français de la prestation
informatique tendent à préférer les pays proches
lors du lancement de métiers offshore. Malgré tout, certains
d'entre-eux, Unilog par exemple, n'hésitent pas à bâtir
des offres en lien avec des zones plus lointaines - telles que l'Inde.
"Ce pays est très mature sur le plan informatique, son savoir-faire
date de plus de 15 ans. Ses sociétés sont bien structurées et ont adopté
des démarches qualité intéressantes, elles n'ont donc rien à envier aux
implantations européennes ou nord-africaines", commente Jean-Pierre
Parra, Directeur général d'Unilog (voir l'interview).
Reste qu'un ensemble de contraintes freine
l'émergence de telles solutions de délocalisation. Barrière de la langue,
difficultés liées au management à distance, décalage horaire, différence
de culture technique, etc. Les obstacles sont nombreux.
C'est sans doute pour toutes ces raisons que les SSII hexagonales préfèrent
se concentrer en premier lieu sur des régions culturellement et géographiquement
peu éloignées des sites de leurs prescripteurs. Une stratégie qui
est qualifiée parfois de "nearshore" (en opposition à
offshore).
[Antoine Crochet-Damais, JDNet]