Tribune

SMS + : 20 ans après, un Minitel mobile ?
Par Pierre Col,
Directeur marketing et communication
de Jet Multimédia
- Jeudi 9 mai 2002 -

En 1981, la DGT - Direction générale des télécommunications - décide de tester auprès du grand public un système télématique permettant de remplacer l'annuaire papier : la solution proposée, et expérimentée auprès de 2.500 foyers de Vélizy, Versailles et Val-de-Bièvre, est fondée sur un terminal très simple d'emploi, raccordé au réseau de transmission de données Transpac via le réseau téléphonique. Le Minitel, car c'est de lui qu'il s'agit, sera rapidement plébiscité, tant par les utilisateurs que par les fournisseurs de services et éditeurs de contenus : en quelques années, c'est tout un secteur économique qui va se créer, avec, autour de l'opérateur de télécommunications alors en situation de monopole, des fournisseurs de technologie, des prestataires de service, des développeurs de logiciels, des fournisseurs d'informations. Bien au-delà de la consultation de l'annuaire électronique, qui était sa vocation initiale, le Minitel a rapidement permis à des millions de personnes de s'informer, de se divertir, d'acheter, de jouer...

En 2002, Bouygues Télécom, Orange et SFR, les trois opérateurs mobiles français, ont décidé de lancer SMS+ : un kiosque de services interactifs permettant de proposer des contenus à valeur ajoutée par échange de messages SMS entre l'utilisateur et un centre serveur. Le système SMS+ prévoit différents paliers de facturation des services : 0,05, 0,20 ou 0,35 euro par message, certains services pouvant nécessiter l'échange de plusieurs messages. Les services sont désignés par des numéros courts à 5 chiffres. Le premier chiffre - 3, 4, 5 ou 6 - donne au consommateur une indication quant au prix du service qu'il utilise, à l'image de ce qui existe sur Minitel avec les 3514, 3615 etc. Bien sûr, ces deux systèmes n'ont physiquement rien à voir : le Minitel est un boîtier volumineux et a besoin d'être raccordé aux réseaux électrique et téléphonique, mais il dispose d'un écran susceptible d'afficher 960 caractères de texte, sur 24 lignes de 40 colonnes. A contrario, un mobile pèse 80 grammes et s'emporte partout sans avoir de fil à la patte, mais les messages SMS sont aujourd'hui limités à 160 caractères.

Pour en savoir plus

Mais au-delà de ces différences essentielles, on peut se demander si ce n'est pas le mobile, et non le PC, comme certains l'avaient d'abord cru, qui, en ce début de XXIème siècle, va enterrer définitivement notre bon vieux Minitel. D'abord pour une raison d'ordre démographique : s'il existe aujourd'hui encore 5 millions de Minitel en service, et si les services Minitel sont utilisés régulièrement par 15 millions de français, il y a aujourd'hui plus de 37 millions de mobiles en usage en France, et la part des utilisateurs qui exploitent la fonction SMS de leur mobile se développe. Ensuite, et surtout, parce que se mettent peu à peu en place les conditions économiques favorables à la création d'un véritable business : la "télématique mobile". A cet égard, SMS+ est un progrès déterminant.

L'expérimentation SMS+ qui a eu lieu de fin janvier à mi-mars a permis à la fois de mesurer le formidable potentiel de la télématique mobile, et de mieux cerner les facteurs de son succès.

Il faut notamment :
- que l'ensemble des acteurs s'engagent sur des règles déontologiques claires, afin d'éviter que ne se reproduisent sur les services SMS les abus que l'on a pu déplorer par le passé sur Minitel et Audiotel, qui sont aujourd'hui strictement encadrés par des organismes comme le CTA et le CST.
- que les opérateurs mobiles puissent développer rapidement les infrastructures nécessaires et améliorer leurs centres de gestion de SMS, tant en terme de capacité de diffusion que de qualité de service.
- que les hébergeurs de services en ligne soient capables d'intégrer ce nouveau média qu'est le SMS dans leurs offres de solutions, au côté des autres canaux de diffusion de services interactifs que sont l'Internet, l'Audiotel ou le Minitel.
- que les éditeurs de services et fournisseurs de contenus puissent accéder à ce kiosque dans des conditions équitables et non discriminatoires, et en retirer des revenus suffisants pour financer le développement de services à valeur ajoutée, et aussi pour en assurer la promotion auprès du public. C'est un point crucial, car c'est de la qualité et de la richesse de l'offre de services, et de l'émulation entre fournisseurs de contenus, que naîtra une vraie demande de la part des consommateurs, sans laquelle la création d'un marché pérenne est illusoire.

Si tous les intervenants arrivent à coopérer efficacement, au-delà d'intérêts parfois contradictoires à court terme, il y a là une formidable opportunité pour développer, autour des mobiles, une nouvelle génération de services télématiques.

pcol@jetmultimedia.com

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