Quelle est la stratégie d'Oracle dans l'IA ?

Quelle est la stratégie d'Oracle dans l'IA ? Le géant IT américain diffuse de l'intelligence artificielle dans toute sa gamme de produits : de sa base de données historique à son ERP, en passant par ses solutions de gestion RH.

56% des salariés français feraient plus confiance à un robot qu'à leur manager et 36% se sont déjà adressés à un robot plutôt qu'à leur manager pour avoir un conseil. Plus globalement, 50% des employés dans le monde ont déjà eu recours à une intelligence artificielle, contre 32% l'an dernier. Ces chiffres sont tirés de la dernière enquête "L'IA au Travail", réalisée par le cabinet Future Workplace et le groupe informatique Oracle. Face à cette montée en force, ce dernier a pris une décision stratégique : embarquer de l'IA à toute sa gamme de solutions. Tout naturellement, Oracle a commencé par le produit qui a fait sa réputation : sa base de données. En exploitant le machine learning pour automatiser et accélérer un grand nombre de tâches, il a inventé le concept de base de données autonome.

Présentée en octobre 2017, Oracle Autonomous Database automatise les tâches de déploiement, de sauvegarde, d'application de correctifs, de mises à jour et autres opérations de maintenance. Proposé en mode cloud, le serveur de données capitalise sur l'IA pour gagner en sécurisation et en performance ainsi qu'en résilience, avec à la clé un taux de disponibilité de 99,995%. En augmentant ou en réduisant les capacités de calcul et de stockage, de façon indépendante et sans interruption, Oracle Autonomous Database contribue aussi à réduire les coûts d'exploitation. Enfin, en éliminant nombre d'interventions humaines, elle diminuerait de facto le volume d'erreurs.

"En rendant la base de données intelligente, on accompagne les organisations dans leur passage à l'échelle"

Avec Autonomous Database, Oracle entend également répondre à la difficulté des entreprises à déployer des projets informatiques de grande envergure. "Des sociétés ont monté une digital factory mais souvent déconnectée de la DSI. Pour aller de l'avant, il faut revenir à une approche pragmatique, aller au plus près de la donnée, en tenant compte du système d'information existant. En rendant la base de données intelligente, on accompagne ces organisations dans ce passage à l'échelle", commente Karim Zein, vice-président technologie d'Oracle France. Un mode autonome qui change en profondeur la manière la logique d'une base de données. Pour leur permettre d'aborder ce nouvel environnement, Oracle propose un cursus de 6 semaines aux administrateurs de base de données. Une formation qui doit leur fournir aussi le bagage nécessaire pour collaborer avec des data scientists.

Dans l'Hexagone, la solution est utilisée par Schneider Electric et Hertz. Karim Zein cite par ailleurs le cas de la chaîne américaine de restauration Dunkin Donuts qui, via Autonomous Database, booste ses ventes en réalisant du couponing temps réel en fonction du profil client.

Pour propulser sa nouvelle génération de bases de données, Oracle compte également sur deux partenaires : Microsoft et VMware. Dans le cadre de cette stratégie, la base de données autonome d'Oracle a été optimisée pour le cloud Azure de Microsoft. Côté VMWare, elle est supportée par l'offre de cloud hybride VMware Cloud Foundation. Dans le même temps, "tout l'existant VMware va jouer dans le cloud public d'Oracle sur des serveurs bare metal", ajoute Karim Zein.

Jumeau numérique pour salarié augmenté

Au-delà du volet infrastructure, l'éditeur californien entend diffuser de l'intelligence artificielle dans toutes ses applications : ERP, CRM, gestion des ressources humaines (HCM), gestion de la chaîne logistique... "L'intelligence artificielle est entrée dans les mœurs comme l'illustre parfaitement notre étude", insiste Patrice Barbedette, vice-président HCM apps Europe de l'Ouest de l'éditeur. Selon lui, l'IA doit être proposée nativement sans que l'utilisateur n'ait à se déporter vers un système tiers. "Une bonne IA est une IA invisible, efficace, pertinente et fluide", précise Patrice Barbedette.

Pour intégrer l'IA à son offre le plus rapidement possible, Oracle a quadrillé l'ensemble des process métiers. "Les équipes de R&D dédiées à chaque produit travaillent en parallèle. Elles identifient quotidiennement des cas d'usage atour de l'IA. L'intelligence artificielle devient une couche transverse au même titre que la sécurité ou la mobilité", souligne Patrice Barbedette.

"Chez nous, l'IA est conçue pour suggérer des actions mais ne prend jamais décision"

En matière d'IA, Oracle ERP Cloud permet, par exemple, le rapprochement automatique des pièces comptables afin de réconcilier la commande, le bon de réception et la facture, et in fine de s'assurer que les unités, les prix unitaires et le montant total sont corrects. "Dans nos applications de recrutement, l'IA pourra détecter les candidats qui ont le plus de chances de performer dans un job", poursuit Patrice Barbedette. "Un manager décrira le poste à pouvoir en retenant tel diplôme, telle expérience à l'étranger. A cela, l'IA ajoutera la prise en compte du non-dit, c'est-à-dire tout ce qui n'est pas formalisé, en apprenant du manager et de l'organisation, le tout en éliminant le biais humain."

Oracle multiplie par ailleurs les agents conversationnels afin de répondre aux requêtes des collaborateurs. "Ils sont particulièrement pertinents pour les RH à qui ils font gagner 20% de productivité", estime Patrice Barbedette. A la question "Combien de jours de congés me reste-t-il ?", le chatbot RH d'Oracle pourra anticiper la question suivante : "Voulez-vous poser des jours ?... Combien ?". Autre exemple évoqué : l'envoi du dernier bulletin de paie. "C'est une demande simple mais elle est encore réalisée à 90% par la DRH ou un centre de services partagés", constate Patrice Barbedette. Dans un tout autre domaine, Karim Zein évoque le cas d'un chatbot Oracle traitant 80% des demandes de règlement fournisseurs chez un géant français des spiritueux.

"Chez nous, l'IA est conçue pour suggérer des actions mais ne prend jamais décision", résume Patrice Barbedette. L'humain garde la main. Un recruteur décidera seul de poursuivre le processus d'embauche avec tel ou tel candidat. "Nous sommes dans une logique de salarié augmenté, voire de jumeau numérique qui accompagne l'employé dans ses différentes tâches au quotidien", conclut Patrice Barbedette.