Je préfère que mes enfants interagissent avec ChatGPT plutôt que de parler à TikTok, voici pourquoi

Les consommateurs accueilleront ces assistants plus intelligents chez eux d'ici la fin de l'année - mais les éditeurs doivent d'abord se former à leur utilisation.

Depuis quelques mois, tout le monde se demande ce que l'intelligence artificielle générative signifie pour l'avenir de la créativité, de l'emploi, voire même de l’humanité. L'IA générative va-t-elle nous rendre plus productifs, nous faire gagner du temps, nous aider à être en meilleure santé, plus intelligents, plus heureux ? Ou bien va-t-elle supprimer la plupart des emplois et construire un Skynet de type Terminator qui nous contrôlera ?

Une révolution de fond 

On ne peut pas vraiment arrêter l'innovation : l'IA générative est aussi réelle que tangible, et impactera durablement les secteurs du travail, de la culture et de la nature de la créativité. Elle transforme de nombreuses industries et deviendra certainement aussi omniprésente dans nos foyers que Siri et Alexa. Le réalisateur de Star Wars, George Lucas, l'a bien vu et si vous voulez mon avis, je prédis que nos enfants déballeront un sacré cadeau de Noël cette année, car des robots parlants, qu'il s'agisse du petit R2D2 ou de l'élégant C-3PO doré, alimentés par l'IA générative, seront déposés sous le sapin.

Alors que le monde commence à poser des questions à ChatGPT sur des sujets aussi primordiaux que la science, la santé et la politique, cette technologie peut constituer une véritable menace. La question n'est donc pas de savoir si nos enfants parleront à R2D2 à Noël, mais plutôt de savoir sur quels sujets ce robot aura été formé…

De la valeur de la donnée unique 

Si l'on veut rentrer dans des aspects un peu plus techniques, les moteurs de langage qui alimentent l'IA ne sont pas très intéressants. La seule chose qui compte, ce sont les "données uniques" qui alimentent l’intelligence artificielle. C'est l’essence même de ce qui fait la différence entre le bon et le mauvais, le sûr et le dangereux. Pour les entreprises de navigation cartographique, la donnée peut faire la différence entre un bon itinéraire et le fait de tomber d'une falaise. C'est la raison pour laquelle Waze était une startup innovante : elle utilisait des données uniques générées par les utilisateurs sur la conduite des automobilistes. Il en va de même pour cette technologie, qui brillera vraiment lorsqu'elle sera entraînée sur un ensemble de données unique et affinée, y compris sur des sujets très spécifiques…

Les grands modèles de langages, sur lesquels repose l'IA générative, apprennent à produire des conversations par le biais de textes en exploitant les données du web et à "prédire le mot suivant", un peu à la manière d’un rétroviseur parfait. Grâce à des techniques, telles que l’apprentissage par renforcement à partir de rétroaction humaine, l'IA générative est capable de créer un dialogue, en prédisant mot après mot - et ce jusqu'à une phrase entière. Cela nous rappelle un peu l'auto-complétion de Google lors d'une recherche, ou le "vous vouliez dire" de Google, mais sous forme de stéroïdes.

Si elle est déjà très performante, l’IA n’est pas parfaite. Elle peut cependant parler de beaucoup de choses différentes : des tendances du hip-hop à ce qui s'est réellement passé entre 2Pac et Biggie, en passant par l'élaboration d'un code Java pour une idée que vous avez. Ce n'est pas parfait, mais c'est déjà très, très bien.

Quel modèle commercial pour les sources des intelligences artificielles génératives ?

Il y a une question fondamentale concernant le modèle commercial : comment les sources indexées par l’IA générative sont-elles créditées et rémunérées ? Il existe une notion utilisée pour exprimer l'idée qu'en informatique et dans d'autres domaines, des données d'entrée incorrectes ou de mauvaise qualité produiront toujours des données de sortie défectueuses. C'est ce qu'on appelle "Garbage In, Garbage Out". Cela signifie qu'il est essentiel pour l'IA générative d'être formée sur des sources d'information à haute valeur ajoutée, dans une optique gagnant/gagnant, et de manière à ce que nous puissions faire confiance à ce que l'IA nous dit.

L'un des risques les plus prégnants est forcément lié à la diffusion massive de fausses informations récoltées sur Chat GPT via les réseaux sociaux, devenus le centre d'un grand nombre d'informations qui ne sont tout simplement pas vraies, mais massivement cru car les enfants y croient. Ils croient tout. N'oublions pas que récemment, un enfant de 13 ans est mort après avoir suivi une tendance sur TikTok…

C'est aussi pour cela (mais pas que !) que l’Open Web, les éditeurs, les journalistes et leurs sources continuent de jouer un rôle absolument central pour l'avenir de nos enfants. 

Ainsi, le risque ne réside pas tant dans le fait que l'IA générative devienne Skynet, le célèbre robot de Terminator, mais plutôt que nos enfants soient nourris d'informations manipulées sur des sujets cruciaux tels que la santé, la science ou la politique sur les réseaux sociaux.

Les médias et les éditeurs de presse sont les héros dont l'IA générative a besoin !

L'IA générative fait des choses vraiment intéressantes, nous l’avons déjà dit. Elle peut proposer un dialogue stimulant, voire inspirant, sur pratiquement n'importe quel sujet, permet d’écrire des poèmes et des scénarios crédibles, produire des œuvres d'art fantastiques, imiter les styles de rap de n'importe quel artiste populaire, et même donner des conseils judicieux à l'occasion.

Mais comme l'IA générative a été formée à l'aide d'êtres humains faillibles, elle est également jonchée d’informations erronées. Certaines de ces mauvaises informations peuvent être humoristiques, comme le fait de demander à Bard "Anakin Skywalker a-t-il combattu Dark Vador ?" et d'obtenir une réponse du type "oui, ils se sont battus trois fois". Certaines informations peuvent être nuisibles, comme lorsqu’on demande à Chat GPT "La crème solaire est-elle bonne pour vous ?" et qu’on obtient un "peut-être" parce qu'elle a été entraînée sur des données qui ont émergées après une campagne de désinformation récente sur TikTok. 

C'est là que les éditeurs interviennent. En formant ces systèmes intelligents à partir d'informations crédibles et de médias de grande qualité, l'IA générative reflète le meilleur de ce que le monde a à offrir. Les éditeurs de presse ont déjà mis en place des mécanismes rigoureux de contrôle et d'équilibre pour rendre compte de l’actualité avec précision et véracité. Les rédacteurs en chef y consacrent toute leur carrière et leur vie. Je ferai toujours plus confiance à une alerte sur une actualité de dernière minute rédigée par un journaliste plutôt qu'à l'opinion d'un influenceur de TikTok.

C’est pour cette raison que je suis optimiste pour l’avenir. Je sais que les éditeurs de médias ont conscience du rôle qu'ils sont sur le point de jouer dans cette révolution de l’IA. Nos enfants sont sur le point de passer beaucoup (beaucoup) plus de temps que nous avec des robots qui seront alimentés par l'IA générative, et mon espoir est que ces derniers seront tous formés par des éditeurs géniaux, professionnels et rigoureux à travers le monde, qui produiront de la donnée pertinente et vraie. Et la bonne nouvelle, c'est que nous passerons tous beaucoup moins de temps sur TikTok.. L’avenir s’annonce donc radieux !