Face à l'essor de l'IA, travaillera-t-on encore en 2040 ?

L'accélération de l'innovation soulève beaucoup d''interrogations et d'appréhensions. Vincent Caltabelotta nous invite à repenser nos conceptions et à développer notre capacité d'adaptation.

La proportion de Français estimant que des machines pourront un jour agir comme des humains a doublé en un demi-siècle, passant de 32% en 1972 à 64% aujourd’hui, d’après une récente étude menée par l’IFOP pour Learnthings. Dans un monde en perpétuelle évolution, la question de l'avenir du travail prend une dimension cruciale, notamment à l'ère de l'intelligence artificielle. Lors du récent Digital Leaders Summit, le nouvel événement dédié aux acteurs du digital organisé par le groupe Business & Co, Vincent Caltabelotta, expert de l’entreprise de demain et conférencier, a pris la parole pour explorer une question très présente dans les esprits : travaillerons-nous encore en 2040 ? 

Ses réflexions audacieuses et percutantes offrent des perspectives intrigantes sur l'avenir du travail dans un monde façonné par l'intelligence artificielle (IA).

Vincent Caltabelotta, conférencier, sur la scène de l'événement Digital Leaders Summit à Deauville, 25 avril 2024.

Accélération de l’innovation et origine des appréhensions

D'habitude, il n'y a pas forcément de lien clair entre l'innovation et l'usage qu'on en fera plus tard (pensez à l'électricité par exemple !). « Aujourd’hui, l’innovation et l’usage se font dans la même génération. C’est une première ! C’est en cela qu’on assiste à une véritable accélération de l’innovation » , explique Vincent Caltabelotta. Pour le conférencier, « le problème est que notre cerveau invente un monde de demain avec son mode de pensée d’aujourd’hui, et c’est cela qui génère beaucoup de peur et de “bullshit” aussi. » On comprend mieux d'où viennent les nombreuses appréhensions et idées fausses qui entourent l’essor soudain de l’intelligence artificielle. Il s’agit donc de ne pas tomber dans le piège de projeter nos perceptions actuelles dans le futur.

Éviter les erreurs courantes

Au cœur de son intervention, Vincent Caltabelotta identifie les erreurs majeures dans la façon dont nous envisageons le futur du travail. Tout d'abord, il met en évidence la confusion entre les métiers et les rôles, soulignant que les rôles pourront en effet être repensés ou remplacés par l’IA, mais que dans les faits très peu de métiers seront remplacés. Ensuite, il rappelle que les métiers sont en constante évolution, et que notre perception de leur stabilité est souvent erronée.

« On pense que les métiers sont éternels alors qu’il y a quarante ans, 50% des métiers représentés dans cette salle n'existaient pas ! » 

Plus encore, l’expert souligne que « notre conception du travail en tant que contrat avec un employeur unique et avec un revenu quasi identique chaque mois pour un volume d'heures donné est dépassée et devra évoluer ». En plus de repenser notre perception du travail, il s’agit de repenser fondamentalement notre rapport à l'argent. « Nous ne sommes pas dans un monde où les crypto-monnaies sont devenues le mode de transaction officiel, mais ce sont des prémices qui montrent qu'il peut y avoir d'autres modèles. » 

L'humain au centre d’un cadre de travail radicalement différent

Mais alors, quelle place pour l'humain dans ce paysage en mutation ? Pour Vincent Caltabelotta, la réponse réside dans la compréhension profonde de la nature du travail. Travailler, c'est fournir un effort pour obtenir une récompense. Il s’agirait d’une dynamique ancrée dans notre essence même. Ainsi, malgré les avancées technologiques, "l'humain continuera à travailler en 2040 et au-delà", mais dans un cadre radicalement différent. 

« L'humain n'arrêtera pas dans son histoire de fournir des efforts pour avoir une récompense. Donc j'ai envie de dire que oui, on travaillera encore en 2040, et même en 2100 ou 2524. Par contre, le cadre du travail sera, lui, complètement différent. »

L'émergence de l'IA pose des défis inédits. Vincent Caltabelotta souligne les bouleversements potentiels dans le lien entre l'effort et la récompense, remettant en question les modèles traditionnels de travail et de rémunération. Une problématique qui nécessite une réflexion approfondie sur notre rapport à l'argent et à la récompense dans un contexte de mutation technologique.

Dans ce contexte mouvant, l'importance des compétences comportementales devient cruciale. « Les soft skills deviennent les hard skills. C'est presque plus facile d'apprendre un métier, surtout avec de l'IA, que de développer des compétences comportementales dans son métier pour changer son état d'esprit. Donc on pourrait changer l’expression “soft skills” en “hard skills” dans le monde de demain », explique le conférencier. Pour lui, il est désormais nécessaire de développer une flexibilité mentale pour s'adapter à la rapidité du changement technologique, une compétence essentielle pour prospérer dans un environnement professionnel en perpétuelle évolution.

« La question n'est pas de savoir si on travaillera encore en 2040, ni même comment, mais bien comment s’adapter pour créer une entreprise qui est hybride et augmentée, avec de l'humain et de l'hyper technologie hyper complexe. »

Cette keynote de Vincent Caltabelotta, organisée lors de l’événement Digital Leaders Summit, est une invitation à repenser nos conceptions et à adopter une approche proactive pour façonner un environnement de travail résilient et collaboratif. En somme, le futur du travail se dessine comme une toile en perpétuelle évolution, où l'humain et la technologie se rencontrent pour façonner un paysage professionnel innovant et dynamique. 

Rendez-vous pour la seconde édition de l’événement Digital Leaders Summit, qui aura lieu à Deauville du 9 au 11 octobre 2024, pour approfondir cette réflexion sur les nouvelles technologies, répondre aux enjeux d’aujourd’hui et concevoir nos métiers de demain !