En permettant "l'éducation augmentée", l'IA va sublimer le travail des enseignants
L'IA a un intérêt particulier pour transformer le monde de l'éducation. Elle peut le rendre de nouveau méritocratique, et la France peut devenir un leader dans ce domaine.
L'Intelligence Artificielle se développe à une vitesse sidérante, dans des secteurs toujours plus nombreux de l'activité humaine. Consulting, création, process industriels, il n'est pas une journée qui n'apporte son lot d'innovations, ni aucun champ économique qui n'aperçoive dès à présent les perspectives d'évolution que lui apporte l'implémentation de l'intelligence artificielle.
Si l'application de l'IA au monde éducatif a déjà été entrevue, parfois avec inquiétude de la part des personnels de l'Education Nationale, ses solutions appliquées peinent aujourd'hui à voir le jour, ou tout du moins sont inadaptées au modèle républicain français. Pourtant, appréhendée comme en alliance et comme un supplétif à haute valeur ajoutée du travail des enseignants, l'IA a la capacité de sublimer leur travail et de rendre de nouveau méritocratique notre système scolaire.
l'IA a toute sa place dans le système éducatif français
Loin de l'image d'épinal d'une technologie par essence inégalitaire, l'IA fonctionne, comme n'importe quel outil, avant toute chose avec l'usage que ses usagers en font. Et, avec son potentiel de développement, nous affirmons qu'elle a non seulement toute sa place dans le système éducatif français, mais qu'en plus notre pays a le potentiel pour devenir le leader européen sur ce domaine.
Assumons-le : s'il est bâti sur une promesse républicaine, émancipatrice et collective, le système éducatif français a vu se créer un fossé entre sa théorie et la réalité des classes : profils spécifiques d'élèves mal appréhendés par des enseignants confrontés à des classes très chargées, hétérogénéité des niveaux qui complexifie la préparation des séquences, décrochages d'élèves, qui ont conduit notre pays à reculer profondément et régulièrement dans les enquêtes PISA.
Les solutions admonestées parfois à la hâte, qui font souvent fi de la pratique concrète des enseignants, peuvent être profondément et positivement transformées par lintégration de l’IA dans et hors des salles de classe, en support de préparation des séquences des équipes éducatives, dans leur complémentarité avec le périscolaire et dans le suivi à la maison, par les parents d’élèves. Peut ainsi se forger un continuum éducatif individualisé à chaque apprenant, centré sur son niveau réel et son suivi de progression
L'IA permettra à notre système de redevenir méritocratique
Conséquence des difficultés remontées par les enseignants, notre système scolaire a perdu son caractère égalitaire. L’enquête de l’INSEE sur les inégalités sociales dans l’enseignement scolaire le démontre, et à l’âge de 15 ans, la France compte parmi les pays européens où les inégalités sociales de résultats scolaires sont les plus fortes.
Ainsi, les familles aux moyens suffisants assurent aujourd’hui la réussite de leurs enfants avec des cours privés complémentaires dont les marques sont bien connues, tandis que les autres, faute de moyens, ne peuvent se reposer que sur l’Ecole.
En permettant de fournir à chaque élève “son percepteur individualisé”, au ticket d’entrée bien plus accessible que les Acadomia et Complétude -pour ne citer qu’eux, l’IA peut favoriser le retour à un système méritocratique ou comptera le niveau réel des élèves plus que le patrimoine de leurs parents. Imaginez par exemple, cela existe déjà aux Etats-Unis, la possibilité de s’entourer d’un tuteur numérique quotidien pour assurer la progression des élèves en mathématiques, matière sur laquelle la France décroche régulièrement ? De la même manière, pour les enseignants, une solution qui individualisera enfin les préparations de séquences selon le niveau des élèves favorisera leur progression et celle de classes entières.
Un enjeu de souveraineté
En embrassant pleinement toutes les potentialités de l’IA, le système éducatif français répondra à un double enjeu de souveraineté. Le premier, naturellement, se trouve être dans l’élévation général du niveau des connaissances et des compétences des citoyens. Dans la lignée de Condorcet qui estima qu’une Nation éduquée était une Nation libre, les effets massifs permis par la technologie sur le niveau de chaque individu doit rendre notre pays plus fort et donc plus souverain dans la compétition internationale.
Elle l’est également au regard de ce qui se prépare dans les autres pays. Au Etats-Unis ou en Chine se fait déjà, à grande vitesse, l’intégration de la technologie dans les processus d’instruction. Et si notre pays, et l’Europe plus généralement ne fait pas émerger rapidement des solutions adaptées aux infrastructures autochtones, conformes à son modèle éducatif et respectueux de ses principes et réglementations, nul doute que les citoyens adopteront les solutions étrangères comme ils le firent dans tous les autres domaines, renforçant de fait la fracture numérique.