Intelligence artificielle et sobriété énergétique : inconciliables ?

L'intelligence artificielle (IA) révolutionne de nombreux secteurs de l'économie, de la santé à la finance en passant par l'industrie. Cependant, son impact environnemental est immense.

l faut dire que les modèles d'IA, précisément ceux du deep learning, qui sous-tendent ChatGPT, Dall-e, Midjourney et consors, sont très gourmands en énergie : d'abord pour les "entrainer" afin que leurs réponses soient cohérentes avec les questions qui leur sont posées, ensuite pour les utiliser une fois entrainés.

Cette nouvelle technologie dont la consommation énergétique va augmenter exponentiellement pendant les prochaines années - on estime que le secteur de l'IA va consommer 10x plus d'énergie en 2026 qu'en 2023 - semble entrer directement en contradiction avec les objectifs de sobriété, a fortiori avec ceux de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

On nous vend l'idée que les IA vont nous permettre d'identifier des optimisations possibles des systèmes de production énergétiques, c'est partiellement vrai :

  • Google a développé une IA capable de réduire de 40% l'énergie utilisée pour le refroidissement de ses centres de données
  • Les producteurs d'électricité, pour faire fonctionner leur smart-grids qui opèrent et stabilisent des réseaux de production mélangeant systèmes de production pilotables (centrale nucléaire, centrale à charbon, barrage hydro-électrique) et non pilotables (éolien, solaire), sont confrontés à une problématique si complexe qu'une IA ne sera certainement pas de trop...

Mais en même temps, mus par un effet d'aubaine et dans la droite ligne du "business as usual", nous voyons apparaitre des objets IA non identifiés comme SocialAI, qui nous invite à devenir le héros d'un "réseau social" peuplé de bots IA qui chantent notre gloire, ego-trip (ou déprime) garanti, vacuité indubitable.

Comment concilier IA et sobriété - partiellement ?

Tout d'abord, ceci ne pourra se faire que s'il y a une volonté claire du législateur de réguler l'usage des IA en contraignant les entreprises à être sobres : ça fonctionne, les entreprises lorsqu’elles sont toutes soumises aux mêmes régulations afin de ne pas fausser leur concurrence, font évoluer leurs outils digitaux pour les rendre plus économes en énergie et s'en servent pour améliorer leur image.

Les principes de sobriété sont toujours les mêmes :

  • dimensionnement de l'outil technique afin d'avoir une architecture technique cohérente avec la charge attendue : pour un site Web, ce seront les caractéristiques matérielles du serveur, pour une IA, ça sera la taille du modèle et les cartes GPU qui servent à le faire fonctionner.
  • réutilisation des données déjà calculées : pour un site, ce seront les index des bases de données et les divers systèmes de cache, pour une IA, ça sera le tuning de modèles pré-entrainés (pour éviter le coût de l'entrainement) et l'indexation de documents dans des bases vectorielles - permettant ensuite de faire du RAG (Retrieval Augmented Generation).
  • sourcing de l'énergie : on privilégiera des sources non carbonées (nucléaire/solaire/éolien) à des sources carbonnées (charbon/gaz/pétrole) ce qui est assez simple, en particulier en France où le mix énergétique comprend beaucoup de nucléaire.

Les principes sont simples, leur mise en œuvre le sera moins et nécessitera d'importants travaux d'analyse et d'ingénierie qui seront affaire de spécialistes. Nous sommes convaincus que l'optimisation énergétique des architectures logicielles basées sur l'IA sera, demain, un secteur pourvoyeur d'emplois et de revenus et que les externalités négatives de l’IA pourront être compensées par cette recherche d’efficience.