Pour une IA plus juste : donner toute leur place aux femmes

L'intelligence artificielle (IA) façonne notre société, mais les femmes demeurent sous-représentées dans son développement, en France comme à l'étranger. Cette absence dans un secteur clé pose un enjeu majeur : comment garantir que ces technologies, qui influencent notre avenir, reflètent la diversité du monde ?

Un constat alarmant : les femmes restent en marge du numérique

En France, les femmes ne représentent que 24 % des emplois dans les métiers du numérique. Elles sont davantage présentes dans la communication, l’interface utilisateur et la création numérique (27 %), tandis que seulement 36 % occupent des postes en informatique et systèmes d’information (Insee, 2024). Ces chiffres s’expliquent par des stéréotypes persistants et un déficit de modèles féminins.

À l’échelle mondiale, les femmes représentent 30 % des effectifs en recherche et développement scientifique, mais elles sont 25 % moins susceptibles que les hommes d’utiliser les technologies numériques pour des tâches avancées (UNESCO, 2023). Dans les grandes entreprises technologiques, elles n’occupent que 20 % des postes techniques, une proportion qui contribue à la persistance de biais dans les algorithmes d’IA (MIT Media Lab, 2018). Or, ces biais influencent les décisions prises par ces systèmes, allant de l’embauche automatisée à la reconnaissance faciale, souvent au détriment des femmes et des minorités (AlgorithmWatch, 2023).

Vers une IA plus équitable : des leviers à actionner

Pour corriger ces déséquilibres, il est essentiel d’intervenir sur plusieurs fronts. L’éducation est un levier majeur : encourager les jeunes filles à rejoindre les filières STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) est crucial. Des initiatives comme Women4EthicalAI de l’UNESCO cherchent à renforcer leur présence dans l’IA en mettant en avant des modèles inspirants et des programmes de mentorat. Malgré cela, les stéréotypes de genre restent tenaces : en 2015, 14,8 % des filles ont opté pour une première littéraire contre 4,2 % des garçons, tandis que 29,9 % des filles ont choisi une première scientifique contre 38,4 % des garçons (Haut Conseil à l’Égalité, 2024). Au-delà des jeunes filles, se sont leurs ainées qu’il faut convaincre de rejoindre le secteur. Une transition de carrière peut représenter une occasion idéale pour se lancer.

Les entreprises possèdent aussi un rôle clé. Elles doivent instaurer des politiques favorisant une égalité réelle en matière de recrutement, de formation et d’évolution de carrière. Développer des formations sur les biais inconscients, encourager la présence des femmes dans les équipes d’IA et favoriser le mentorat féminin sont autant de leviers pour accélérer la parité. A cet exemple, de grandes entreprises ont mis en place des programmes dédiés à l’inclusion des femmes dans l’IA (World Economic Forum, 2023).

Faire de l’IA un levier d’égalité, et non d’exclusion

L’IA ne pourra être une technologie inclusive que si elle est pensée par une diversité d’acteurs. Les biais dans ses algorithmes ne sont pas une fatalité, mais le reflet d’un manque de diversité dans leur conception. Il est impératif d’en faire un outil d’égalité plutôt qu’un vecteur d’inégalités amplifiées.

Les gouvernements, les entreprises et les institutions académiques doivent agir collectivement pour garantir une IA qui reflète réellement la pluralité des sociétés. À défaut, nous risquons d’ancrer les inégalités de genre dans des systèmes automatisés, perpétuant ainsi les discriminations au sein du numérique et au-delà (Brookings Institution, 2023). Il est urgent d’agir de manière simple et rapide pour le développement d’une IA à la fois performante et équilibrée.