ChatGPT Atlas : on a testé le nouveau navigateur d'OpenAI
Est-ce la nouvelle porte d'entrée du web ? C'est en tout cas ce que souhaite OpenAI. La scale-up de San Francisco a dévoilé mardi 21 octobre un navigateur web conçu spécialement pour intégrer ChatGPT. A la manière des principaux navigateurs agentiques du marché, l'IA peut comprendre les données à l'écran et agir en autonomie pour le compte de l'utilisateur. Mieux encore, Atlas retient votre historique de navigation pour répondre à vos demandes en utilisant les données des sites que vous avez consultés par le passé.
Pour l'heure le navigateur est disponible uniquement sur MacOs pour les utilisateurs gratuits, Plus, Pro, Business, Enterprise et Edu (avec activation par l'administrateur). Le tout est disponible dans le monde entier, y compris en France (et c'est notable). Le JDN a pu tester Atlas et vous livre ses premières impressions.
Un navigateur construit autour de ChatGPT
La première grande différence avec un navigateur classique : ChatGPT est présent partout. Le navigateur d'OpenAI a été développé autour de ChatGPT et cela se ressent.
ChatGPT est le moteur de recherche par défaut. Il traite les requêtes des utilisateurs, suggère des sites pertinents et affiche maintenant de véritables SERP (page de recherche). Le tout est très rapide (plus rapide que Perplexity sur Comet, selon nos tests) et affiche des résultats véritablement pertinents.
Comme avec l'assistant Perplexity dans Comet, l'IA d'OpenAI est contrôlable depuis une fenêtre en colonne de droite. Cette dernière permet d'interroger ChatGPT sur la page en cours de visualisation. L'IA a accès à l'ensemble de la page web mais également à votre historique de navigation complet (il est possible de désactiver cette option). Vous avez ainsi un véritable assistant personnalisé qui vous connait, connait vos habitudes et vos préférences.
La navigation autonome : le véritable intérêt d'Atlas
Le véritable avantage d'Atlas réside dans son mode "Agent". Comparable à celui déjà proposé dans la version classique de ChatGPT, ce mode se distingue par le fait que l'assistant utilise désormais un navigateur local, et non plus un navigateur distant hébergé dans le cloud. Cette différence technique change tout : les actions sont plus rapides, plus intégrées et mieux contextualisées sur la machine de l'utilisateur.
Par exemple, il est possible de demander au navigateur de rechercher un produit et de l'ajouter au panier en votre nom. L'expérience est assez fluide, certainement l'une des meilleures du marché. L'agent comprend vraiment le contexte et parvient à ses fins sans aucun problème.
Autre cas d'usage, nous avons demandé à l'IA de trier nos mails avec Gmail : l'IA est parfaitement arrivée à terminer la tâche. Un petit message nous avertit toutefois que l'agent ne travaillera que pendant que la page est ouverte en raison du traitement de "données sensibles."
OpenAI avertit dans sa communication que le mode "Agent" dans Atlas est une "early experience." En d'autres termes, l'IA peut se tromper notamment lors des tâches complexes. Enfin, plus important encore, il existe de véritables risques liés à l'utilisation de ce mode. L'agent peut être victime d'une injection de prompt caché dans un mail ou une page web notamment. Il peut alors être dévié de sa mission première et faire fuiter des données. Même avec le travail acharné des chercheurs d'OpenAI pour le rendre sûr, le mode agent peut présenter des risques. Il est conseillé de l'utiliser, encore pour quelques temps, avec une supervision humaine.
Et si le web n'était plus le web ?
A l'heure actuelle, Atlas surpasse clairement Comet de Perplexity, et cette supériorité s'explique avant tout par la maîtrise totale qu'OpenAI exerce sur sa stack technologique. Le mode "Agent" développé par la firme de San Francisco semble bien plus abouti et natif que celui de Comet, qui repose explicitement sur une version de Chromium. Certes, il est fort probable qu'OpenAI ait également utilisé Chromium comme base (l'user agent du navigateur en témoigne) mais si tel est le cas, le code a manifestement été en partie, voire totalement réécrit pour offrir une expérience véritablement native. L'immersion est indéniablement plus forte avec Atlas qu'avec Comet, et cela se ressent à chaque interaction.
Cependant, Atlas devra encore mûrir avant de pouvoir rivaliser pleinement avec les navigateurs traditionnels. En l'état actuel, plusieurs fonctionnalités essentielles font défaut : par exemple le navigateur ne dispose pas d'une gestion complète des favoris, d'un gestionnaire de mots de passe intégré, ni même d'un gestionnaire de téléchargement de fichiers.
Au-delà des performances brutes, les ambitions d'OpenAI semblent assez claires: devenir une nouvelle porte d'entrée pour le web, voire créer un écosystème fermé dans lequel il sera possible de tout faire ou presque. Chercher des informations, écrire, et même se divertir avec Sora, pensée comme un réseau social de la vidéo générée par IA. La stratégie est redoutablement intelligente : capturer l'utilisateur dès son point d'accès au web et le garder dans un environnement contrôlé de bout en bout. Une nouvelle étape, donc, dans la plateformisation du Web et un clou supplémentaire dans le cercueil de l'open web.