Une IA souveraine est une IA citoyenne

Sécurité, commerce, santé, réseaux sociaux... L'IA n'a jamais été aussi présente dans notre quotidien. A mesure qu'elle se développe, elle est investie de nouvelles missions.

Sécurité, commerce, santé, réseaux sociaux : l’IA n’a jamais été aussi présente dans notre quotidien. A mesure qu’elle se développe, elle est investie de nouvelles missions si bien qu’elle aura intégré, d’ici quelques années, tous les aspects de nos vies. Si les opportunités ainsi que les projets à réaliser sont nombreux, son développement doit impérativement passer par l’imposition d’un cadre éthique, propre à l’Europe, qui permettra à l’intelligence artificielle de rester au service de l’humain. C’est ce cadre éthique que l’Europe et la France doivent dessiner pour formaliser à terme une intelligence artificielle souveraine.

L’éthique, principal enjeu de souveraineté européenne en matière d’IA

Des systèmes informatiques, des algorithmes et des données avec des systèmes de gestion. Voilà les trois composants nécessaires au développement de l’intelligence artificielle. Or aujourd’hui, quand il s’agit de big data, l’Europe ne joue plus à domicile.

Pour envisager de manière réaliste et pragmatique une souveraineté en matière d’intelligence artificielle dans le contexte actuel, une approche plus globale et a-territoriale doit être envisagée. L’IA se nourrit de nos rapports transnationaux et ne peut être aujourd’hui envisagée sans une collaboration étroite entre acteurs internationaux et gouvernements. Plus encore, le développement d’une gouvernance de l’IA doit passer par une accélération de ce dialogue afin de développer sainement l’industrie.

Cependant, l’Europe doit trouver sa singularité – sa force. Or il est un sujet dont aucun continent, ne s’est pleinement emparé : celui de l’éthique. C’est là que l’Europe doit se différencier pour prétendre à une réelle souveraineté en matière d’IA.  L’Europe nous a montré sa capacité à se mobiliser pour se saisir des enjeux numériques et protéger ses citoyens. Ce fut le cas par exemple avec la mise en place du RGPD. Elle doit désormais s’emparer de la question de l’intelligence artificielle comme elle s’était emparée de la protection des données en 2018, en repensant la gestion de la data à l’heure de l’IA. L’Europe s’est engagée à créer un code d’éthique, il s’agit aujourd’hui de mettre en application cet engagement, première pierre d’une souveraineté éthique.

Restaurer la confiance numérique en plaçant l’humain au cœur de l’IA

L’autonomie grandissante des machines a remis en question l’idée de l’irréductible spécificité humaine dans sa capacité à produire de l’intelligence. Néanmoins, on ne peut imaginer un monde façonné par les algorithmes. Il n’est pas question d’intelligence artificielle sans intelligence humaine. Et pas d’intelligence artificielle souveraine sans un engagement de chacun pour veiller à l’éthique de celle-ci et avoir une réflexion sur les causes qu’elle doit servir.

La mise en place d’un cadre éthique relatif à l’IA s’inscrit dans une nécessité pour la France et l’Europe de réinstaurer une confiance dans le numérique. Pour cela, l’IA, avec toutes ses potentialités et les espoirs qu’elle nourrit, doit toujours être mise au service de la société. Cela implique d’inclure et d’associer les entreprises aux démarches d’établissement du cadre éthique. Elles seules disposent de cas pratiques qui permettent de formuler un cadre adapté. Ces nouvelles normes de l’IA seront plus facilement appliquées dans le monde si les entreprises, même étrangères, sont associées à l’élaboration de ces règles.

Ainsi, l’intelligence artificielle souveraine requiert ce qui pourrait être appréhendée comme une sorte d’intelligence citoyenne. Elle doit être construite selon des principes de multilatéralisme et de transparence pour que l’éthique ne soit pas un frein à l’utilisation de nouveaux algorithmes et que chacun puisse faire des choix éclairés sur l’usage de ces technologies.