Refuser l’IA, c’est condamner la France à regarder passer le train de l'innovation

Les peurs concernant l'intelligence artificielle sont-elles fondées ? Que pouvons-nous faire et mettre en place pour ne pas laisser passer l'opportunité d'innovation ?

IA, pour intelligence artificielle : deux lettres qui nourrissent aujourd’hui tous les fantasmes. Quand certains prédisent la fin de l’espèce humaine, d’autres, plus pragmatiques, mais pas forcément plus réalistes, pointent les menaces qu’elle fait peser sur nos emplois. Forgée par des décennies de blockbusters hollywoodiens tous plus anxiogènes les uns que les autres, l’IA génère une peur exagérée, pour ne pas dire infondée.

Nous pourrions opposer à cette crainte l’informatisation et la robotisation dans les usines au cours des années 80/90, qui en leur temps ont, elles aussi, fait couler beaucoup d’encre quant aux risques supposés qu’elles feraient peser sur certains métiers. Pourtant, qui remettrait aujourd’hui en cause leur existence ou les avancées qu’elles ont permises ?

Tout d’abord, il faut comprendre que l’IA ne fait pas peur en tant que telle pour la simple et bonne raison que peu de personnes savent réellement ce qu’elle englobe. Non, la crainte vient des applications qui en découlent et en découleront dans les années à venir. Nous en voyions déjà les prémisses avec Watson, l’IA d'IBM, capable de faire des diagnostics médicaux ou, plus proche de nos préoccupations quotidiennes, la voiture autonome, qui fait craindre aux taxis une panne sèche. Et que dire des algorithmes prédictifs utilisés dans les assurances ou la banque ?

Ce que l’on ne souligne pas assez, c’est que l’IA nous rend déjà des services au quotidien. Installée dans nos smartphones ou nos objets connectés, c’est elle qui nous suggère de revoir ce joli canapé que nous avions repéré quelques jours plus tôt sur un site Internet, qui termine nos recherches Google avant même que nous ayons tapé la moitié de notre demande, qui définit sur notre GPS le meilleur chemin pour éviter les bouchons...

Pour autant, sommes-nous prêts à assumer les évolutions majeures qu’elle nous prépare ? Une automatisation toujours plus grande de notre quotidien ? La réponse est clairement "non" ! La faute à un manque de décisions politiques courageuses, de pédagogie et d’information objective. Pourtant, si rien ne bouge et si l’on regarde le monde changer sans y prendre part, alors oui, nous prenons un risque. Celui que la France reste au bord de la route, devenant un pays de consommateurs et, donc, du tiers-monde, dépendant des GAFAM, qui, eux, investissent aujourd’hui massivement dans la recherche autour de ces applications.

Car, ne nous y trompons pas : quels que soient les risques réels ou supposés qu’on lui attribue, les recherches et les progrès dans ce domaine vont se poursuivre et s’intensifier. Alors, doit-on regarder le train passer ou monter à bord pour en prendre les commandes ? Refuser l’IA, c’est refuser d’aller dans le sens de l’histoire. C’est renoncer à l’innovation et, donc, au moteur économique qui va avec.

Il ne faut rien attendre des politiques qui sont sur un temps court, quand l’IA se pense sur le long terme. C’est aux entreprises engagées dans l’IA d’évangéliser ce marché, d’en dessiner les frontières pour en limiter les risques et tirer parti de toutes ses promesses.

Il ne faut pas faire l’autruche en refusant le débat, mais bien l’embrasser, l’organiser, le structurer. Et ce débat n’est pas celui de la prédominance de la machine sur l’homme, mais bien de la complémentarité entre intelligence humaine et intelligence artificielle. En effet, nous oublions trop souvent de rappeler que l’IA n’existe que parce que l’homme existe. Au même titre que la voiture, qui nous a permis d’aller plus loin, plus vite, elle doit être considérée comme un outil, créé par l’homme et à son service.

Ainsi, plutôt que de nous remplacer, l’IA viendra améliorer les métiers existants, voire en créera de nouveaux, comme cela a été le cas avec l’arrivée du numérique. Elle est une formidable opportunité pour l’homme de se dépasser, de se transcender et d’améliorer considérablement ses compétences dans de nombreux domaines, dans l’esprit d’une intelligence augmentée. Charge à nous tous, acteurs de cette formidable révolution, d’en faire la preuve et de le faire savoir.