Six mois tout juste après
son introduction retentissante sur le Nouveau marché
(+200% de hausse la première semaine), la société
de mesure d'audience Netvalue
suscite beaucoup d'interrogations. Outre le fait que l'action
se situe désormais en-dessous de son cours d'introduction,
Netvalue semble également souffrir de la comparaison
avec ses rivaux comme MMXI, qui vient de fusionner avec le
cabinet d'analyse Jupiter Communication. Enfin, pour couronner
le tout, François Blum, PDG de Médiamétrie eRatings, l'autre
rival de Netvalue, affirmait récemment dans une interview
au JDNet que "trois acteurs dans le monde de la mesure
d'audience, c'est trop" et que "NetValue n'est pas
capable d'avoir une présence vraiment internationale".
Une dernière remarque qui a légèrement
hérissé les dirigeants de Netvalue, dont le
souci premier était, hier à l'occasion de la
publication de leurs résultats semestriels, de contre-attaquer,
chiffres à l'appui.
Pour le premier semestre, le
chiffre d'affaires comptable s'élève donc à
6,9 millions de francs et à "16 millions de francs
en prenant en compte les contrats signés pour le futur".
La société affirme recenser ainsi "plus
de cent clients dont France Telecom Mobile, Excite ou ABN-Amro".
"On est en ligne avec notre chiffre d'affaires prévisionnel
de 43 millions de francs à la fin de l'année,
affirme Lennart Brag, le président de Netvalue. Quant
au développement international , on est aussi en avance
puisque déjà implanté dans cinq pays
en Asie, aux Etats-Unis et dans les grands pays européens
comme l'Angleterre, l'Allemagne ou la Suède. Et on
doit prochainement ouvrir une filiale en Amérique du
Sud. On ne peut donc être pas considéré
comme un acteur mineur."
D'autant que, selon lui, et
contrairement à ce qu'affirme ses concurrents, "il
y aura de la place pour trois acteurs". "Si on compte
le nombre de sites à l'échelle mondiale, aucune
société de mesure d'audience ne peut faire face
toute seule. Surtout que, et nos clients nous le disent, la
concurrence permet d'affiner les chiffres d'audience puisque
les méthodes diffèrent sensiblement."
Néamoins, MMXI/Jupiter
Communications, qui peut offrir une solution complète
allant des données à l'analyse semble avoir
pris une nette longueur d'avance sur Netvalue. La société
française avait d'ailleurs senti la menace en signant
un accord de partenariat avec Cap Gemini-Ernst & Young
dans le même esprit que celui a poussé les deux
entreprises américains à fusionner.
"Cette fusion MMXI/Jupiter est un vrai test pour nous",
concède Lennart Brag, qui reste toutefois sceptique
sur ce mariage. "Ce rapprochement casse, à mon
sens, la neutralité de MMXI. Comment pouvez-vous vendre
une étude à un client X pour qu'il dépasse
son concurrent Y sans vous couper d'un contrat commercial
avec ce Y? Nous pensons donc qu'il est bien meilleur de se
concentrer sur la mesure d'audience, qui est une donnée
brute. On peut ainsi travailler avec toutes les sociétés,
y compris si elles sont concurrentes."
Pour séduire de nouveaux
clients, Netvalue va donc poursuivre son effort de développement
en étoffant sa gamme de services. "On a déposé
un brevet pour valider la mesure d'audience sur le Wap, qui
est un grand chantier en Europe. On veut par ailleurs se rapprocher
des grandes institutions financière en leur proposant
un produit adapté. Enfin, on veut accroître et
renforcer la qualité des panels où, je le rappelle,
nous avons un accord solide avec Taylor/Nelson Sofres."
En revanche, un temps envisagée, l'acquisition d'autres
sociétés complémentaires semble pour
l'instant écartée. "On a avant tout une
stratégie de croissance interne. Je rappelle d'ailleurs
que nous disposons d'une bonne trésorerie, grâce
aux 58 millions d'euros levés lors de l'introduction.
Mais à l'avenir, on n'exclut rien. On va surtout attendre
de voir ce que donne la fusion MMXI/Jupiter."
Enfin, concernant les vicissitudes
du cours de Bourse de Netvalue, Lennart Brag se veut rassurant.
"On a délivré nos résultats et ils
sont conformes aux objectifs, donc les investisseurs doivent
avoir confiance". Certains investisseurs, comme Innovacom,
qui détient 14,26% du capital, pourraient pourtant,
en théorie, se délester d'une partie de leurs
actions à partir du 26 juillet, date de fin de l'engagement
de conservation des titres fixé à six mois.
Mais l'hypothèse n'effleure même pas Lennart
Brag. "Aucun investisseur ne sortira du capital. Ils
peuvent effectivement faire une bonne affaire dès maintenant,
mais elle sera encore meilleure dans le futur. D'ailleurs,
Matignon Investissement, l'un de nos investisseur initiaux,
a racheté des actions au mois d'avril, signe de la
confiance qu'on nous prête" [NDLR : La société
Matignon Investissement et Gestion, qui gère le FCPR
Matignon Investissements, a racheté près de
50.000 titres supplémentaires le 12 avril 2000 et détient
10,51% du capital].
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