L'un des
plus grands supermarchés en ligne américain
Buy.com, qui devait débuter son activité en
France et en Allemagne incessament, n'ouvrira finalement pas.
Après de longues discussions avec @Viso,
joint-venture entre Softbank et Vivendi qui détenait
49% de la filiale franco-allemande de Buy.com, les dirigeants
du supermarché en ligne ont préféré
jeter l'éponge. A l'heure où les marchés
américains sont très sensibles à la rentabilité
des entreprises du Net, a fortiori quand ce sont des marchands
en ligne, l'implantation coûteuse dans les deux pays
aurait sans doute déplu aux actionnaires.
D'autant qu'en mai, un analyste de Goldman Sachs avait estimé
que Buy.com faisait partie de "la liste des marchands
online qui risquaient de faire face à de sérieux problèmes
de financement à la fin de l'année ou au début de l'année
prochaine".
Ce que
confirme Pierre Liautaud, le président d'@Viso: "Les
dirigeants de Buy.com nous ont dit qu'ils voulaient se concentrer
sur les marchés où ils étaient déjà
présents comme l'Angleterre pour limiter leurs pertes
et arriver plus rapidement à dégager des profits".
Le marchand en ligne américain, qui a réalisé
430 millions de dollars de chiffre d'affaires au premier semestre
2000, avait d'ailleurs annoncé jeudi dernier avoir
réduit ses pertes au deuxième trimestre.
Il est
donc fort probable que la France et l'Allemagne se passeront
de Buy.com pendant un long moment, même si Pierre Liautaud
estime que "la porte n'est pas fermée et que tout
dépendra des conditions de marché".
L'opération n'est en tout cas pas vierge financièrement
puisqu'au mois d'octobre 1999, au moment de son lancement,
@Viso s'était engagé à investir "71
millions de dollars dans cinq sociétés dont
Buy.com" et s'était "déclaré prêt à procéder
à un investissement supplémentaire de 43 millions de dollars
sur les neuf à dix-huit prochains mois à mesure que les sociétés
développeront leurs opérations sur les marchés locaux."
Pierre Liautaud reconnaît ainsi que "l'investissement
prévu initialement pour Buy.com était conséquent"
mais assure toutefois que "le processus a été
arrêté suffisamment tôt pour limiter les
pertes".
Le président d'@Viso préfère donc parler
de "déception" plutôt que d"'échec",
même si l'affaire est un rude coup pour sa société
et par ricochet pour Vivendi. L'accord signé avec Buy.com
était en effet emblématique puisqu'il avait
été le premier du genre pour la joint-venture.
Et si l'objectif d'@Viso est d'aider les sociétés
américaines à s'implanter en Europe, il est
aussi de servir les intérêts de Vivendi pour
la constitution de ses portails. Vizzavi, qui comptait certainement
utiliser Buy.com pour renforcer son offre de commerce électronique,
devra ainsi trouver une autre solution. "Il est clair
qu'on ne pourra pas demander aux dirigeants de Vizzavi d'attendre
le lancement de Buy.com, explique Bernard Liautaud. S'ils
trouvent une autre solution avant ils la prendront donc certainement."
@Viso
a été créé en octobre 1999 et
est détenu à parts égales par Vivendi
et Softbank. La mise de départ de 100 millions d'euros
a récemment été rallongée de 400
millions d'euros supplémentaires. La société
a dans son portefeuille Diamond.com, Message Media, WebHire,
Interliant, E-loan et Evoke.
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