Autre période, autre management. C'est sur ce constat que Jean-Gil Boitouzet, co-fondateur et PDG de Bourse Direct, a décidé de se mettre en retrait dans le pilotage du courtier en ligne. C'est donc Philippe Gellman, 32 ans, directeur général en titre, qui reprend le flambeau de Bourse Direct, Jean-Gil Boitouzet gardant un strapontin en qualité d'administrateur. "Je suis un créateur d'activité plus qu'un gestionnaire, concède Jean-Gil Boitouzet. Il était convenu depuis longtemps que je passe la main à Philippe Gellman. Il nous fallait juste attendre un bon timing par rapport aux marchés pour l'annoncer." Le timing semble avoir été bien chronométré, puisqu'à la clôture, mardi soir, le titre Bourse Direct n'accusait qu'un léger recul de -1,40%.

Ce départ annonce en filigrane une période active pour le courtier en ligne. Avec un objectif précis : le rapprochement capitalistique ou industriel avec un partenaire. "Nous n'avons pas de calendrier précis sur un éventuel rapprochement, commente Philippe Gellman. Mais il est clair que la période semble à nouveau favorable." Un optimisme qui trouve ses racines dans la rentrée énergique des places financières. Mais aussi dans la bonne forme du dollar : certains traders américains, désireux de trouver des têtes de pont en Europe, pourraient profiter de cette fenêtre de tir pour faire leurs emplettes de l'autre côté de l'Atlantique. "Le rapprochement avec les institutionnels français est délicat, constate Jean-Gil Boitouzet. La plupart des banques ont désormais la tentation de créer en interne leur propre prolongement en ligne."

Ce n'est donc pas un hasard si Jean-Gil Boitouzet se lance dans un nouveau projet, baptisé NG2, à destination des banques... "Il s'agit d'un système informatique destiné à la profession bancaire, explique l'ancien PDG de Bourse Direct. C'est une offre BtoB qui permettra de fidéliser la clientèle professionnelle et notamment les PME." Le lancement de l'offre est prévu pour le début 2001. Malgré cette reconvertion déjà programmée, le départ de Jean-Gil Boitouzet, plus sensible à la marque qu'à la valorisation potentielle de Bourse Direct, apparaît comme le signal annonciateur du rapprochement pour le courtier en ligne.