Le monde des FAI (fournisseurs
d'accès à l'Internet) européens court d'une secousse à
l'autre, entraîné dans une très coûteuse course à la taille.
Obligés de multiplier les offres alléchantes (accès gratuit,
communications offertes
) et de développer leurs portefeuilles
de contenus, ses acteurs sont tous à l'affut d'opportunités
d'achat sous peine d'être contraints à de dououreuses révisions
de stratégie. Et il ssouffrent tous en Bourse. Jeudi, à
Paris, Wanadoo, qui a touché en séance un nouveau plus bas
de 17 euros, a reculé finalement de 4,16%, à 17,3 euros.
l'autre FAI coté, LibertySurf, a subi la plus forte
baisse du Règlement mensuel en perdant 8,84% à 25,98 euros.
Pendant ce temps, en Allemagne, T-Online, la filiale Internet
de Deutsche Telekom cotée sur le Neuer Market, perdait 6,09%.
A Milan, l'italien Tiscali a subi une baisse plus mesurée
de 1,47%, et à Madrid, Terra Networks reculait de 1,45%.
En France, LibertySurf
fait face aux doutes des investisseurs concernant son avenir.
Après avoir lancé une politique d'acquisitions en Europe,
le groupe, dont les deux actionnaires principaux sont Europ@Web
(Groupe Arnault) et le britannique Kingfisher, a affiché sa
volonté de s'associer à un opérateur de télécoms ou de communication.
Si la direction de LibertySurf a démenti récemment des rumeurs
de vente à Vivendi, le Sunday Times vient d'affirmer que Kingfisher
était déterminé à se débarasser de sa participation. Déjà
présent dans six pays, Wanadoo
entend continuer à acquérir des parts de marché,
notamment en Allemagne, dont il est pour l'instant absent.
Son nom est cité parmi les candidats au rachat de Freenet,
3ème FAI allemand et filiale de l'opérateur de téléphonie
mobile Mobilcom dont France Télécom a récemment pris 28%.
Selon le Financial Times, Mobilcom souhaiterait vendre ses
77% dans Freenet et France Telecom aurait exprimé son intérêt,
même si l'opérateur français a déjà
affiché sa prudence sur ce dossier (Lire l'article
du JDNet du 11/08/00). Mais le FT souligne que Freenet peut
intéresser tous les grands rivaux européens de France Telecom,
Tiscali, Terra Network ou T-Online.
Ce dernier n'est cependant pas
au mieux. T-Online
a beau être le premier fournisseur d'accès en Europe avec
ses 6 millions de clients et un chiffre d'affaires de 353
millions d'euros, il vient d'enregistrer une perte de 179
millions d'euros. Du coup, sa maison-mère a décidé de réorganiser
toalement sa direction. Fin août, le président du directoire
de T-Online, Wolfgang Keuntje, avait quitté son poste, officiellement
pour des "raisons personnelles". En réalité en raison d'un
désaccord stratégique avec Ron Sommer, le patron de Deutsche
Telekom, selon certaines sources. A présent, c'est le responsable
chargé du marketing des produits qui est remplacé et, selon
la presse, les trois membres du directoire encore en place
devraient à leur tour quitter leurs fonctions. L'ancienne
direction se verrait reprocher une internationalisation à
marche forcée qui s'est notamment traduite par le rachat en
France de Club-Internet (Lire l'article
du JDNet du 16/02/00). Durant l'été, T-Online a tenté de racheter
le britannique Freeserve avant de reculer, Ron Sommer ayant
jugé trop cher ce projet d'acquisition. Mais début septembre,
T-Online a poursuivi son expansion européenne en rachetant
le portail espagnol Ya.com pour pour 550 millions d'euros
(Lire l'article
du JDNet du 05/09/00). A présent, Ron Sommer affirme vouloir
"développer drastiquement l'offre de contenu". Une volonté
qui en aurait fait l'un des candidats, malheureux au final,
au rachat du réseau Spray.
Autre acteur européen majeur,
l'italien Tiscali
est en plein processus de fusion avec le néerlandais World
Online (Lire l'article
du JDNet du 08/09/00). En cas de pleine adhésion à l'offre,
les actionnaires actuels de Tiscali contrôleront 56,7% de
la nouvelle entité tandis que les actionnaires de World Online
en détiendront 43,3%. Mercredi, Tiscali affirmait détenir
54% de World Online. Le rapprochement donnerait naissance
à un groupe rassemblant 6,1 millions d'utilisateurs dans quinze
pays européens et une capitalisation boursière de 12,5 milliards
euros. Quasi-inconnu jusque là, Tiscali a connu une introduction
éclatante sur le Nouveau marché de la Bourse de Milan en octobre
1999, et sa capitalisation boursière a dépassé les 14 milliards
d'euros en février 2000. Elle est depuis retombée à un niveau
beaucoup plus modeste mais l'objectif de cette "ex-start-up"
basée en Sardaigne est de "devenir le concurrent européen
d'AOL". Reste que son expansion européenne (elle est présente
en Belgique, en Suisse, en Allemagne et en France depuis juin)
a débouché sur une perte nette consolidée avant impôts de
36,31 millions d'euros, au premier semestre 2000, contre une
perte de 1,29 millions d'euros un an plus tôt.
Dernier acteur de taille majeur,
l'espagnol Terra Networks a lancé une OPA sur l'américain
Lycos (Lire l'article
du JDNet du 18/05/00), une opération qui en fait le n°3 mondial
des portails. Le but premier était de toucher le très large
marché hispanique sur le continent américain, mais Terra cultive
aussi des ambitions européennes. Grâce à ce rachat, il entrait
aussi indirectement au capital de Lycos Europe, désormais
propriétaire du réseau Spray. Dans la course aux parts de
marché et au contenu, le groupe espagnol a fait un pas en
avant important. Qui sera la prochaine proie ?
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