Dimanche
soir dernier en prime time l'émission d'Emmanuel Chain,
Capital,
a fait le point sur l'euphorie d'Internet en proposant trois
reportages. Le premier, d'une longueur exceptionnelle, 58
minutes contre 26 en général, avait suivi pendant
huit mois une start-up en quête de financement : Mister
Rent. Le second s'intéressait aux start-up qui
avaient fait la une au moment de l'engouement pour le Net
avant l'e-krach du printemps 2000. Enfin, Capital posait ses
valises en Californie pour montrer l'envers du décor
dans la Silicon Valley. Cette émission a été
l'occasion pour plusieurs sociétés et quelques
grands noms de l'Internet de se faire connaître. Pour
certains, c'est la gloire, pour d'autres le bilan est nettement
plus mitigé : petit aperçu des retombées
de l'émission.
Guillaume
Chauvet est sur un petit nuage depuis que sa société,
toutlouer.com devenue récemment Mister Rent, a eu la
chance de faire l'objet d'un reportage sur M6
un dimanche soir. Au prix de la minute publicitaire, les économies
en communication réalisées par la société
de Guillaume Chauvet sont astronomiques. Dans un format exceptionnellement
long pour la chaîne privé, près d'un heure,
Mister Rent a été présentée comme
une success story, tourmentée certes, mais une success
story quand même. Les retombées ont été
immédiates. "Le site avait anticipé la
ruée en augmentant la bande passante mais il a été
submergé de visiteurs dès la coupure publicitaire,
au milieu de l'émission. Depuis, Mister Rent croule
sous les mails, les appels et les propositions. La télé,
c'est magique, tout a changé depuis l'émission !",
explique, euphorique, Guillaume Chauvet. En effet, depuis
lundi matin, les téléphones ne cessent de sonner.
La société a dû recruter des personnes
pour pouvoir répondre à la demande. A titre
personnel, le PDG de Mister Rent a reçu plus de 900
mails, en très grande partie pour le féliciter.
"Parmi tous ces mails, j'ai reçu près d'une
centaine de CV et, finalement, je n'ai vu que quelques mails
d'insultes, venant pour la plupart de patrons de start-up
aigris", précise-t-il.
Surtout,
Mister Rent a reçu de très nombreuses propositions
issues d'horizons très divers. "J'ai eu des demandes
de franchises du site qui venaient de Tunisie, du Maroc et
de Suisse, c'est hallucinant ! En plus, nous avions des
contrats de partenariat avec de grands portails qui semblaient
au point mort et qui vont maintenant être signés.
Même avec les loueurs, tout a changé. Tous ceux
qui étaient hésitants ont signé et le
téléphone n'arrête pas de sonner. Nous
sommes submergés", résume Guillaume Chauvet.
On retrouve la même attitude chez les investisseurs.
Ceux qui n'étaient pas intéressés auparavant,
rappellent maintenant Mister Rent et font des propositions.
Des particuliers et même des loueurs appellent et demandent
à entrer également dans le capital... "A
titre d'exemple, un fonds d'investissement indépendant,
est venu avant-hier dans les locaux de Tocamak pour rencontrer
une start-up mais en fait c'était surtout nous qu'ils
voulaient voir", ajoute le directeur de Mister Rent.
En terme d'audience, c'est également une réussite
pour Mister Rent. Le site a enregistré lundi un score
record de 300.000 pages vues et 30.000 visiteurs, contre 2.500
en moyenne. Un résultat totalement positif.
C'est
un autre son de cloche que l'on entend du côté
de Music
Box, autre start-up citée dans Capital. La société,
dirigée par Corinne Gillet et basée à
Angoulême, n'a fait l'objet que d'un reportage de quelques
minutes. Mais ce n'est pas tant sur la forme que sur le fond
que Corinne Gillet se déclare déçue.
"Je ne suis pas très satisfaite du rendu et si
c'était à refaire, je ne recommencerai pas.
Tout ce que les téléspectateurs ont retenu de
ma société, c'est que je n'étais pas
suffisamment généreuse avec mes employés,
ce qui est faux. Je les paye 8.000 francs bruts par mois,
ce qui est bien au-dessus du SMIC. Et il ne faut pas oublier
qu'il s'agit, pour la plupart, d'un premier emploi, de personnes
qui ne connaissent pas forcément Internet et que nous
sommes en province." Music Box estime que le montage
des rushs filmés (M6 a passé une journée
chez eux) n'a pas été satisfaisant et que le
reportage n'a pas reflété réellement
la situation.
Autre
sujet de déception, l'adresse du lien vers Music Box
depuis le site Internet de M6 était fausse. Elle dirigeait
l'internaute vers le site musicbox.com, un site américain,
au lieu de musicbox.fr. Cette erreur n'a été
réparée que le lundi à midi, beaucoup
trop tard pour profiter de cette publicité gratuite
sur M6. "Je sais ce que ça peut faire de bénéficier
d'un passage à la télévision. Music Box
a déjà fait l'objet d'un reportage dans Capital
et on nous en a parlé pendant un an. Là, c'est
totalement différent. Cependant, ce passage nous a
quand même apporté du trafic, il ne faut pas
cracher dans la soupe. Nous avons fait en deux jours 15% du
total de pages vues en un mois normalement et pour les ventes,
nous enregistrons 40% à 50% de commandes en plus. Mais
nous sommes loin des résultats que nous pouvions espérer",
précise Corinne Gillet. D'autres personnes ont souffert
de ce spécial Internet dans Capital, notamment les
investisseurs qui n'ont pas été montrés
sous leur meilleur jour. Certains ne souhaitent d'ailleurs
pas communiquer sur le sujet.
En ce
qui concerne M6, les résultats sont également
mitigés. "Par rapport à la moyenne, quand
Capital traite de sujets touchant Internet, les résultats
sont généralement moins bons car tout le monde
ne s'intéresse pas aux nouvelles technologies. Cette
fois-ci encore les résultats étaient plus modestes
que d'habitude. En ce qui concerne les sites, si nous leur
avons donné un coup de projecteur, c'est tant mieux
mais ce n'était pas notre but. Nous avons choisi Mister
Rent parce que cette start-up était un concentré
de tous les enjeux et c'était la société
la plus représentative de son secteur parmi les start-up
que nous avions repérées", explique Emmanuel
Leclerc, bras droit d'Emmanuel Chain. En ce qui concerne le
site Internet de M6, "le trafic a été multiplié
par deux le jour de l'émission et par trois le lendemain,
c'est-à-dire lundi", explique Nicolas Flachot,
responsable des sites pour les chaînes du groupe. Nul
doute que ces bons résultats devraient persister puisque
l'émission est rediffusée ce soir (mercredi
22) à 23h10.
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