Philippe Jamin, est le président
de la filiale française d'Election.com,
une société américaine créée
en 1998 et dont l'activité consiste à organiser
des élections électroniques en ligne. La société
s'est notamment rendue célèbre aux Etats-Unis
en organisant les primaires du parti démocrate en Arizona,
le 7 mars dernier. En France, elle tente de se faire un place
en nouant des contacts avec des collectivités locales
et des entreprises pour imposer son modèle. Et les
cafouillages autour du nom du futur président américain,
dont l'élection tient à un confetti, pourrait
bien lui faciliter grandement la tâche....
JDNet.
Les problèmes rencontrés pour l'élection
du président américain doivent vous réjouir
?
Philippe Jamin.
Clairement. Avec le vote électronique on aurait gommé
un grand nombre de problèmes notamment pour compter
les suffrages obtenus par chaque candidat. Cette affaire va
donc nous faire gagner quelques années dans notre mission
d'évangélisation des pouvoir publics afin qu'ils
adoptent enfin le vote électronique. Car si pendant
cinquante ans tout le monde s'est contenté du système
papier, désormais plus personne n'en veut, y compris
les partis politiques qui se sont un peu ridiculisés
lors de cette élection. D'ailleurs cinquante Etats
américains se sont d'ores et déjà déclarés
favorables à l'instauration d'un vote électronique.
C'est un premier pas mais il faudra du temps pour que la commission
électorale certifie le procédé électronique,
que les Etats ratifient le projet et qu'enfin le Congrès
donne son aval.
Le président américain sera-t-il élu
électroniquement en 2004 et quel rôle comptez-vous
jouer ?
Pour les présidentielles
de 2004 c'est un peu tôt pour se prononcer, notamment
en raison des contraintes législatives que je vous
citais précédemment. Néamoins, on peut
déjà espérer une plus grande utilisation
du vote électronique dans d'autres types d'élections
publiques aux Etats-unis dans les années qui viennent.
Chez Election.com on considère que l'on prêt
pour cela. Tout d'abord parce que l'organisation des primaires
en Arizona a contribué à certifier nos méthodes
notamment pour l'enregistrement des électeurs. Ensuite
nous avons organisé le Youthevote.com pour sensibiliser
les jeunes aux votes électroniques. Pour les présidentielles,
on a ainsi fait voter 2 millions d'enfants de 12 à
18 ans grâce à des ordinateurs installés
dans les écoles. Enfin on a également fait quelques
tests grandeur nature en organisant en parallèle du
vote officiel "papier", un vote online dont les
résultats ont été très satisfaisants.
Notre système est donc en place et peut supporter 400
millions d'électeurs, soit quatre fois plus que le
nombre de votants aux Etats-Unis pour l'élection Gore-Bush.
Ou
en êtes-vous en France ?
Pour l'heure, on se concentre
plutôt sur les élections professionnelles au
sein des grandes entreprises. Pour ce qui est des votes publics
cela risque d'être un peu plus long. Un appel d'offres
a pourtant été lancé par le ministère
de l'Intérieur pour certifier le vote électronique
mais entre les élections municipales l'an prochain
et les présidentielles en 2002, il y a peu de chances
de voir évoluer rapidement la situation. Les maires
sont pourtant très attirés par notre système
notamment pour des référendums locaux mais la
proximité des élections les olbligent à
être prudents car ce genre d'opérations peut
tomber sous le coup de la loi sur les financements éléctoraux.
Enfin, le deuxième problème est culturel. Je
pense que sincèrement les citoyens sont prêts
pour ce type d'opérations mais que les régulateurs
sont plus réticents. Beaucoup imaginent que l'Internet
n'est pas encore assez développé ou que cela
coûte trop cher pour le citoyen. Certains pays européens
sont plus avancés dans le domaine et j'espère
vraiement qu'ils inciteront les pouvoirs publics français
à accélérer le mouvement.
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