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Le Net
Alteredit et Publibook : deux approches de l'édition "papier" sur le Web
Après l'édition en ligne et la vente de livres en téléchargement, deux nouveaux éditeurs-distributeurs prennent position sur le Web pour publier les auteurs sur support papier. --> (Mercredi 13 décembre 2000)
         

Internet est-il le fossoyeur de l'édition traditionnelle ? La question est fréquente et taraude nombre d'auteurs et d'éditeurs... Pourtant des sites comme Alteredit ou Publibook semblent aujourd'hui tirer leur épingle du "jeu de massacre" que prévoyaient les plus pessimistes en la matière. Décidés à rendre l'édition "papier" accessible à de nouveaux auteurs et à permettre à d'autres de voir leurs écrits ré-édités, ils ont choisi le Web.

Alteredit.com , "site des lecteurs et des auteurs" lancé mi-septembre, part du constat qu'environ 100.000 manuscrits sont refusés par les éditeurs français chaque année. "Les gros éditeurs reçoivent 6 à 10.000 manuscrits par an... et ils en lisent 50 à 100" précise même Fabrice de Rotrou, fondateur de la société. Avec deux collaborateurs, celui-ci a donc décidé de proposer un double service par l'intermédiaire de son site Web. D'abord, "nous sommes éditeurs, donc contrairement aux autres nous ne publions pas tout, affirme-t-il, mais "nous sommes la première marche de l'édition". Après sélection, donc, Alteredit permet aux auteurs rencontrant un certain succès de les mettre en relation avec une maison d'édition traditionnelle qui prendra le relais. C'est ce que Fabrice de Rotrou appelle, "dans un second temps, jouer le rôle d'agent littéraire".

Les services aux auteurs d'Alteredit sont commercialisés en cinq Packs. Le Pack 1, par exemple, comprend la correction des fautes et coquilles, la mise en page et l'édition papier (avec numéro ISBN) au prix de 450 francs pour 200 pages. Ce contrat avantageux n'oblige l'auteur à céder que les droits de commercialisation et de distribution à Alteredit, qui a ainsi tout intérêt à dénicher de véritables talents et à les voir diffuser par les grands éditeurs traditionnels ensuite. Par contre, l'écrivain conserve ses droits d'auteur, qui sont fixés au taux également avantageux de 20% chez Alteredit et qu'il pourra négocier par la suite auprès d'un éventuel grand éditeur.

Côté lecteurs, le site propose bien entendu l'achat en ligne via le système Télécommerce (de France Télécom) des livres édités par la société. Par ailleurs, les lecteurs sont directement confrontés aux auteurs car ces derniers sont invités à produire du contenu rédactionnel pour le site et à y consulter les commentaires de leurs lecteurs. Le prix des livres se révèle lui aussi très abordable, à raison de 60 francs pour un ouvrage de 200 pages par exemple.

La SARL G. de Rotrou changera de forme juridique en janvier 2001 et s'appellera Alteredit SA. Le site, quant à lui, aura alors droit à une refonte. Et ce, "dans la perspective d'une imminente levée de 2 millions de francs", indique Fabrice de Rotrou, confiant. Pour l'heure, le site n'emploie que trois personnes jusqu'à l'embauche prévue d'une personne chargée de la recherche d'auteurs. Il est hébergé chez France Internet et a été conçu par la Web-agency Daylight. La rentabilité n'étant prévue que pour 2002, Alteredit étudie encore de loin les possibilités d'internationalisation en Europe francophone puis dans les pays anglophones.

Publibook, bien que l'on affirme des deux côtés que la concurrence n'est pas tout à fait frontale, adopte -depuis juin 2000 soit à peine plus longtemps- un positionnement similaire. La société, fondée par Jacques Boucher avec trois sur douze de ses actuels collaborateurs, propose aux auteurs de "s'abonner à une prestation de services", selon les mots du président. Pour une mise de départ de 490 francs, l'écrivain touchera 18% des ventes au format papier et 38% pour la version électronique, également en vente sur le site. L'ouvrage coûte environ 70 francs en moyenne et demeure donc accessible aux lecteurs internautes. "Un éditeur fait payer la promotion et la diffusion. Nous ne faisons payer les auteurs que si eux-mêmes gagnent de l'argent", précise Jacques Boucher. Interrogé sur ses rapports de concurrence avec les maisons d'édition traditionnelle, le président rétorque : "ils ne veulent pas court-circuiter le réseau de distribution".

Pour son lancement, la société a reçu 3 millions de francs de son incubateur, Republic Alley. Dès lors, elle s'offre une campagne de communication à base de parrainage, de partenariats mais aussi, et surtout, fondée sur le sponsoring de l'émission littéraire "Vol de Nuit", présentée par Patrick Poivre d'Arvor. Aussi Publibook.com affirme avoir déjà vendu 1.200 ouvrages et recevoir 5 à 10 manuscrits par jour. Les droits d'auteurs sont protégés sous la forme de l'IDDN (système international de protection des droits d'auteurs sur les oeuvres numériques). Bien sûr, les frais d'impression, "de 10 à 20 francs pour 150 pages", nous dit-on, sont à la charge de l'éditeur-distributeur.

En janvier 2001, la société prévoit d'atteindre la rentabilité et planifie une seconde levée de fonds. A signaler, au crédit d'Alteredit qui vise un positionnement plus "select" que Publibook : un article du journal Le Monde affirmait que la société publierait "tous les manuscrits qui lui seront soumis à condition que le contenu ne soit pas illégal". En effet, selon Jacques Boucher, "seuls cinq manuscrits ont été refusés jusqu'à présent".

[Pascal Bories, JDNet]
 
 
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