Décidément,
les choses bougent chez Europ@web,
le fonds d'investissement dont Bernard Arnault souhaitait
faire un "groupe industriel de l'Internet". Après
l'accord avec Suez-Lyonnaise qui prévoit l'entrée
de ce dernier au capital de Europ@web (pour 30%), Philippe
Jaffré, président du conseil de surveillance de la banque
virtuelle Ze Bank depuis septembre dernier, va prendre la
présidence de la société dont le directeur général sera Ghislain
Lescuyer, un ancien McKinsey-Bull qui a rejoint Europ@web
début 2000.
L'arrivée
aux commandes de l'ancien patron de Elf et directeur général
du Crédit agricole marque un tournant dans la politique
du fonds. C'est d'abord la fin officielle de la période
de la splendeur : incroyablement courtisé en plein
dans la période "startupmania" de l'Internet
français, Europ@web a investi dans plus de 50 sociétés
dont LibertySurf, Peoplesound, Zurban, Zebank, Adonsale ou
le prochain site musical Mzzz... (lire
la liste). Frappé par le premier e-krach de mars
2000, la société n'a pu entrer en Bourse. Depuis,
sa valorisation a plongé avec celle de la plupart de
ses participations. Et si cela n'a guère afecté
les résultats de la maison-mère, les impacts
en terme d'image sur le "flair" de Bernard Arnault
n'ont pas été négligeables.
Chahram
Becharat, qui incarnait cette période flamboyante,
était déjà chapeauté depuis l'été
par Bernard Giroud. Cette fois il devrait quitter pour de
bon la structure et rejoindre de nouvelles fonctions au sein
du groupe LVMH dans le courant du premier trimestre 2001.
Charam Becharat se proposait de "de bâtir un groupe industriel
avec des participations stratégiques dans des secteurs à fort
potentiel" (lire son interview
de juin 2000 au JDNet). Le groupe s'est heurté à
la fois aux réalités du marché -plus
restreint et en croissance plus modérée que
prévu-, au retournement des marchés financiers
et à la difficulté de "coudre" un
groupe avec de multiples participations dans des sociétés
hétérogènes et souvent peu matures. On
peut s'attendre à ce que Philippe Jaffré fasse
un tri soigneux dans le portefeuille d'Europ@web et s'appuie
sur le nouveau partenariat avec Suez-Lyonnaise pour relancer
la machine.
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