Pour prendre le pouls de la concentration en marche au sein de l'Internet européen, la galaxie Lycos Europe-Spray s'avère être un cas d'école. Portail américain à son origine, Lycos a développé la première technologie de recherche sur le Web en 1994 avant d'arriver en Europe sous forme d'une joint-venture entre la maison-mère (Lycos Inc.) et Bertelsmann, à l'image d'AOL Europe avec Vivendi. Dans ses valises, Lycos possède déjà Tripod et Angelfire, sites communautaires axés sur la création de pages perso. Lycos Europe, présent dans 12 pays, s'est introduit sur le Neuer Markt en mars dernier.

De son côté, le réseau Spray voit le jour en 1995 en Suède et va bénéficier à plein de l'avance de l'Europe du Nord en matière d'Internet pour tisser sa Toile européenne. Implanté dans 8 pays, Spray va débuter ses opérations d'acquisition en France, en janvier 2000, avec le rachat du site communautaire PageFrance. Quelques semaines plus tard, le 8 février plus exactement, Spray passe à la vitesse supérieure en s'offrant un acteur historique de l'Internet français : Caramail, le site d'adresses e-mails gratuites.

Positionnés en concurrence frontale sur le Net européen, Spray et Lycos Europe s'observent. En mai 2000, un autre acteur du Vieux Continent fait basculer la donne : la maison-mère Lycos Inc. est absorbée par Terra Networks, la filiale Internet de l'opérateur espagnol Telefonica. Ce nouveau couple, Terra-Lycos, affiche alors clairement ses prétentions : renforcer la présence en Europe. En septembre 2000, Lycos Europe abat ses cartes et récupère le réseau Spray, complété en France par Caramail, pour un montant de 674 millions d'euros. Un appétit féroce qui ne s'arrête pas là. Le 1er novembre, jour de la Toussaint, Lycos Europe fond sur un autre acteur emblématique de l'Internet hexagonal. Une offre de rachat amicale est lancée sur Multimania pour un montant de 222 millions d'euros. En France, se retrouvent donc dans la "même maison" Lycos Europe, Spray, Multimania et Caramail. La redondance est dans l'air.