Coup dur pour les marchands de
DVD (Digital Versatil Disc) alors que le marché est
en pleine explosion en France. Le ministère de la Culture
a décrété qu'à partir du 1er janvier
2001, l'importation de DVD de Zone 1 (en provenance des Etats-Unis
et du Canada) sera interdite pour les films dans la période
des six mois qui précède leur sortie au cinéma
en France. Une manière de recadrer la "chronologie
des médias" traditionnelle : sorties en salle,
édition du DVD au bout de six mois, passage sur les
chaînes à péage (neuf mois) et sur Canal
Plus (un an). Un tempo qui avait été quelque
peu bousculé avec le développement de l'Internet.
Le quotidien Libération
en a d'ailleurs fait la une de son édition de lundi.
"Avec ce décret, on ne pourra plus importer de
DVD sur lequel il n'y a pas de français", indique
Jean-Yves Mirski, délégué général
du Syndicat des Editeurs Vidéo (SEV),
qui rappelle qu'il existait déjà une interdiction
dans ce sens pour des "raisons de territorialité".
C'est évidemment une mauvaise nouvelle pour les sites
marchands de produits culturels qui proposent des DVD Zone
1 dans leur catalogue. C'est Fnac.com
(groupe PPR) qui proteste le plus violemment contre cette
mesure. "Nous sommes très étonnés
car les distributeurs n'ont pas été consultés
au préalable", constate
Jean-Christophe Hermann, PDG de Fnac.com. "Pourquoi les
consommateurs français n'auraient-ils pas droit à
la même offre culturelle qur les Américains ?",
s'interroge le manager, qui précise que l'enseigne
réfléchit à "une action en début
d'année prochaine". En cette fin d'année,
Fnac.com, qui dispose d'un catalogue de 500 références
DVD zone 1, a lancé une opération de déstockage
sur ces produits avec des prix attractifs pour les cyberconsommateurs.
"Ce décret pénalise les sociétés
françaises au profit d'autres acteurs qui ont leurs
maisons-mères aux Etats-Unis", s'insurge Jean-Christophe
Hermann. L'allusion à son concurrent Amazon
est à peine voilée.
La réponse est en fait
plus nuancée. "Sur Amazon.fr, nous ne vendons
que des DVD de zone 2. Par conséquent, le décret
ne nous concerne pas", explique Jean-Marc Folliet, directeur
général en charge de la musique-CD-vidéo
de la filiale française de la firme américaine.
Dans ce cas, les internautes français peuvent-ils commander
des DVD de zone 1 à partir d'Amazon.com ? "Nous
prenons actuellement des renseignements juridiques sur ce
point", indique le manager. Le cas appliqué semble
également dérouter Jean-Yves Mirski, du SEV.
"Il est clair que la législation française
ne peut être appliquée à un site américain
(...) C'est le consommateur final français qui prendra
les risques", explique le délégué
général, qui rappelle que la douane française
procède à des contrôles dans ce sens.
Reste à mesurer l'efficacité des procédures
d'inspection à l'heure du développement du commerce
électronique à l'échelle mondiale.
Les autres sites marchands ont pris acte du décret
non sans une pointe d'amertume. "Je suis un peu écoeuré
par cette décision, qui risque de générer
un développement du marché parallèle",
indique Corinne Gillet, PDG de Musicbox.fr,
qui inclut un petit rayon de DVD zone 1. "La vente de
DVD zone 1 ne concernait q'une petite fraction de nosclients.
Cela ne constitue pas un manque important à gagner",
assure-t-elle. Même son de cloche du côté
de Cdiscount.com
dont les dirigeants assurent que la perte en terme de chiffre
d'affaires sera marginale. Toutefois, l'envie de lancer une
opération promotionnelle pour liquider le stock actuel
de DVD zone 1 est grande.
Au bout du compte, ce décret concerne un nombre minime
de sites marchands français engagés dans la
vente de DVD. Le catalogue de produits culturels multimédia
de Digitall.fr
(Lagardère Média) ne comprend que des DVD zone
2. Idem pour des sites indépendants plus spécialisés
DVDShopingCenter.com.
Son PDG est plutôt satisfait de cette mesure. "C'est
une bonne nouvelle pour toute la filière cinéma-vidéo.
Au moins, nos concurrents ne pourront plus se démarquer
sur cet aspect", commente Jacques Fraysse.
Ce débat, BestDVD.com
(ex-Planète DVD) n'aura pas eu le temps d'y participer.
Le site marchand de Jean-François Pirus, lancé en septembre
99, a fermé ses portes. Le manager, qui cherchait des
investisseurs pour soutenir ses activités, explique
d'ailleurs dans un édito en pop-up que "le "BtoC"
ressemble de plus en plus à une maladie honteuse et où "DVD"
évoque les spectres conjoints des géants de la grande distribution".
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