Au plan
européen, le marché de la syndication de contenu
passe par la syndication tout court. Le concept était
dans l'air du temps depuis la création, en septembre
dernier, d'iSyndicate
Europe, une joint-venture européenne à 50-50
entre l'allemand Bertelsmann et l'américain iSyndicate
(lire l'article
du JDNet du 26/09/00). Les deux partenaires affichaient alors
clairement leur ambition en promettant à la nouvelle
structure un avenir de poids-lourd de la syndication. Thomas
Middelhoff, le patron de Bertelsmann, voyait même un
peu plus loin en voulant faire de son groupe 'le numéro un
mondial dans le domaine des contenus et du commerce électronique".
Mais pour
relever le pari, iSyndicate Europe, solidement implanté
en Allemagne et au Royaume-Uni, souffrait d'une ombre centrale
à son tableau de chasse : la France et sa capillarité
naturelle sur le marché méditerranéen. Pour remédier
à cette carence, Bertelsmann et iSyndicate ont donc
choisi la voie de la croissance externe en s'offrant le français
nFactory,
positionné depuis 1999 dans l'Hexagone, mais aussi
en Espagne, sur le marché du contenu. "Les contacts
avec Bertelsmann ont été initiés au cours
du mois de décembre, explique Guillaume
Besse, co-fondateur et président de nFactory. Les
négociations sont allées très vite car
nous étions nous-mêmes en recherche de fonds
supplémentaires afin d'assurer notre expansion européenne.
La complémentarité était donc évidente."
Chez nFactory l'heure est au silence radio sur les modalités
de l'acquisition,
même si Les
Echos lèvent un coin du voile en indiquant que
iSyndicate Europe "serait assuré d'au moins 70%
du capital de nFactory".
Dotée
au plan mondial de plus de 1.200 producteurs d'information
(ABC News, Associated Press, The Financial Times, CNet...)
et de 300.000 clients et affiliés, la structure européenne
de iSyndicate récupère ainsi les 600 fournisseurs
de contenu (Stratégies, Les Inrockuptibles, VNUNet,
Sportal...) et 50 clients de nFactory. Se greffent à
ce portefeuille RTL, Gruner+Jahr ou encore CLT-UFA, tous trois
issus de la galaxie Bertelsmann. De quoi offrir le statut
de numéro un européen de la syndication de contenu
à iSyndicate Europe. "Le marché de la syndication
est très sensible à la notion d'économie
d'échelle, poursuit Guillaume Besse. Par exemple au
point de vue technologique, plus les marquages pour récupérer
les différentes sources sont standardisés plus
les coûts sont faibles. C'est donc un marché
qui est amené à se concentrer."
La curiosité
de cette opération est à trouver sur le plan
structurel pour iSyndicate Europe, dont le siège est
basé à Hambourg avec une équipe dédiée
d'une quinzaine de personnes. Or nFactory pèse à
lui-seul quelques 85 personnes réparties entre Paris,
Madrid et le Maroc (unité de production). "Nous
entrons dans une phase de transition, note Guillaume Besse.
Mais à terme nFactory est amené à être
entièrement intégré dans iSyndicate Europe
au travers d'un réseau pan-européen." Pour
rééquiliber cette structure, et assurer la place
de leader mondial si convoitée, les opérations
de croissance externe devraient donc s'enchaîner du
côté de iSyndicate et de Bertelsmann. A l'image
de l'arrivée de Venturepark, l'incubateur de Bertelsmann,
dans le capital de Mondo Média, une start-up américaine
spécialisée dans les contenus d'animation numérique.
La toile du contenu se tisse.
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