Si les pertes d'Integra
étaient encore célébrées l'an
dernier par la Bourse, elles ne provoquent désormais
plus l'euphorie des investisseurs. Elles auraient même
plutôt tendance à les affoler. Hier, le titre
de l'hébergeur a été réservé
à la baisse deux fois dans la journée et a perdu
14,2% à 2,96 euros, son plus bas historique après
la publication de ses résultats annuels. Les comptes
ont en effet fait apparaître un
résultat net négatif de 349,1 millions d'euros
soit près de 2 milliards de francs. Une perte abyssale
à tempérer toutefois car elle intègre
une provision de 207,5 millions d'euros découlant du
rachat d'Infostream l'an dernier. Car comme toutes les valeurs
internet, la société suédoise s'est fortement
dépréciée depuis son acquisition l'an
dernier par Integra.
L'hébergeur a donc logiquement
"décidé de réévaluer les
compagnies acquises" dans ses comptes. Selon Philippe
Guglielmetti, le fondateur d'Integra, "il resterait désormais
de l'ordre de 68 millions d'euros à amortir sur neuf trimestres".
Hormis cette cuisine comptable,
appelée amortissement des survaleurs, le résultat
net ressort négatif de 46,4 millions d'euros ce qui
reste significatif puisque la perte a été multiplié
par sept en un an. Mais ces résultats sont à
peu près conformes aux prévisions des analystes.
Le groupe a par ailleurs précisé que sa trésorerie
s'élèvait à 67,5 millions d'euros, un
chiffre qui ne prend pas en compte la cession des activités
islandaises d'Integra au mois de décembre pour près
de 7 millions d'euros.
La hauteur des fonds propres est l'élément qui
inquiète visiblement le plus les analystes. Certains
estiment que l'hébergeur, qui vise la rentabilité
d'ici 2003, devra obligatoirement refaire appel au marché
pour continuer son développement. Et vu l'état
de la Bourse et l'ampleur des pertes d'Integra il n'est pas
sûr que cela soit une partie de plaisir pour la société.
Interrogé hier sur Boursorama, Philippe Guglielmetti
a toutefois précisé qu'il "considérait
que la société disposait actuellement de sufisamment de cash
pour financer son business plan jusqu'à la fin du deuxième
trimestre 2002" et que "les rumeurs de dépôt
de bilan étaient farfelues". Selon lui "la
cession, programmée depuis longtemps, de certains des services
professionnels en Scandinavie pourrait permettre de financer
les besoins pour deux trimestres complémentaires".
Pour le reste, le chiffre d'affaires a tout même cru
de 513% à 51,3 millions d'euros et la société
a même dégagé une marge brute positive
sur son activité, "ce qui valide son business
model" selon ses dirigeants. La société
compte cette année "améliorer fortement
cette marge brute" en se concentrant sur ses deux métiers,
l'hébergement et les services aux professionnels, comme
la création de sites. Néanmoins beaucoup estiment
désormais qu'Integra pourrait être surtout une
proie pour un grand du secteur. Le nom du numéro un
mondial Exodus revient de façon récurrente dans
les conversations. Mais cette société, malgré
ses 818 millions de dollars de chiffre d'affaires en 2000,
a enregistré également l'an dernier une lourde
perte de 256 millions de dollars. Il n'est donc pas sûr
que le rachat d'Integra et de ses pertes soit vraiment dans
ses priorités à l'heure où les investisseurs
ne jurent que par un mot : rentabilité.
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