Ne m'appelez plus incubateur.
Après le mot "dotcom", le terme "incubateur"
n'est plus très en vogue dans la communauté
financière. Plusieurs de ces supermarchés à
start-up ont d'ailleurs récemment changé leur
vitrine -en se rebaptisant "fonds d'investissements"-
et leur arrière-boutique -en relookant leur mode de
revenus. Mais d'autres persistent et signent sur le créneau.
C'est le cas de Premiers
Pas (lire article
du JDNet du 13 juin 2000), une société basée
à Cherbourg qui continue contre vents et marées
à vanter les mérites du modèle. "L'incubation,
qui consiste à accompagner des dossiers en amorçage
en fournissant des locaux et des conseils et à dégager
des bénéfices grâce à des plus-values
sur les sorties, est viable, soutient Patrick le Granché,
le président de Premiers Pas. Seulement il ne faut
pas avoir surdimensionné les équipes et ne pas
avoir à nourrir grassement des consultants".
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Premiers Pas, géré
par cinq personnes, a en outre été très
prudent l'an dernier en ne réalisant que deux investissements
dont un, Waterlitz, a toutefois disparu depuis. "Ni l'incubation,
ni le modèle de cette société qui faisait
de la formation en ligne ne sont en cause", estime Patrick
Le Granché. Ils ont juste été victimes
d'un retournement de tendance. Les porteurs du projet étaient
jeunes et cela était plutôt mal vu au second
semestre 2000 alors que les investisseurs étaient prêts
à investir six mois avant". Malgré cette
morosité des investisseurs, qui pourrait mettre en
péril son modèle, Patrick le Granché reste très
optimiste et prévoit d'ores et déjà huit
investissements cette année. "A l'heure où
les investisseurs cherchent des dossiers qui ont été
bien qualifiés en amont, notre structure trouve tout
son intérêt. Si vous avez des clients et un marché
au moment de se présenter devant les financiers, il
n'est pas si difficile que cela de lever des fonds".
Premiers Pas vient d'ailleurs d'accueillir deux nouvelles
sociétés dans ses locaux : Cubee,
un éditeur de jeux pour fidéliser les internautes,
et OpenProd,
une place de marché du monde du spectacle. Deux projets embryonnaires
dans la lignée de ce que souhaite Patrick Le Granché.
"Une entreprise qui a déjà un ou deux ans
et cherche à uniquement à se financer n'a pas
besoin de nous. Nous resterons toujours focalisés sur
des projets très en amont". Pour insister sur
l'innovation et se donner une touche technologique encore
plus prononcée, Premier Pas étudie par ailleurs
la possibilité d'un partenariat avec l'incubateur régional
public de l'université de Caen..
Le seul probléme actuel
réside finalement dans les retards pris dans la conclusion
du "premier tour de table" en raison de la frilosité
actuelle des investisseurs. Ce qui pourrait obliger l' incubateur
à réaliser des financement en amorçage
plus importants pour permettre à la société
de tenir sur une période plus longue. "C'est une
de nos grandes discussions. Car donner 5 voire 10 millions
de francs pour un premier financement, cela n'est plus de
l'amorçage", souligne Patrick Le Granché.
Le président de Premiers Pas pense néamoins
qu'avec son modèle peu coûteux, "quelques
centaines de milliers de francs par an", son incubateur
a les moyens de voir venir. La société avait
reçu pour son lancement l'an dernier un financement
de 7 millions de francs de la part de la Caisse des dépôts
et consignations et de business angels.
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