Essoufflement,
rupture, remise en cause, rationalisation, signe de maturité
Depuis que le marché de la publicité online enregistre sa
première crise de croissance, les interprétations fusent pour
tenter de décrire les raisons profondes de ce retournement.
Mais alors que les explications possibles se multiplient,
les éléments pressentis pour l'ébauche d'une reprise
de ce tout jeune marché sont, en revanche, identifiés. Ils
passent notamment par l'arrivée d'une autre génération d'annonceurs,
les dotcorps et les grandes marques, et par l'émergence de
nouveaux formats. Pour cerner cette mutation, et tenter d'en
saisir les échéances, le JDNet lance une série d'articles
et d'entretiens auprès des professionnels de l'Internet français.
Premier retour d'expérience
avec l'ancienne directrice de Mindshare Digital, Stéphanie
Kaczmareck (lire l'interview
JDNet du 31/01/00), qui dirige aujourd'hui Interactive@Optimedia,
la filiale du groupe Publicis spécialisée dans
l'achat d'espace et le conseil média online.
Un marché
qui donne quelques signes positifs
"Le marché
publicitaire en ligne a connu un important ralentissement
en décembre et janvier qui sont des mois plutôt
calmes pour notre activité en général.
Mais depuis la mi-février le marché repart franchement
à la hausse et cela va en s'accroissant. La fin du
semestre s'annonce très chargée. Pour les prévisions,
on commence à voir des choses très intéressantes
se profiler dans la perspective de la rentrée prochaine
avec notamment l'arrivée de nouveaux annonceurs."
Une
grande exigence vis-à-vis du média Internet
"La richesse
du média Internet, qui conjugue à la fois une
puissance d'image et de marketing direct, a conduit les acteurs
du marché à développer une exigence extrême
face à ce média, bien plus que pour les autres
médias traditionnels. C'est vrai que l'Internet peut
permettre à la fois de l'image, de l'acquisition client
ou du marketing direct. Mais on a d'abord jugé de la
performance des campagnes online par l'intermédiaire
des taux de clics. Or le taux de clics n'a aucun sens lorsqu'un
annonceur communique dans une logique de visibilité.
Il est vrai qu'à l'origne, nous n'avions pas à
l'origine beaucoup d'études de performance de type
post-test pour répondre aux attentes des annonceurs.
On ne pouvait donc pas calculer un GRP ou un de taux de couverture
de cibles. Il y avait bien les panels, mais ils restent très
limités et ne représentent pas l'ensemble du
marché car ils n'analysent que l'audience à
domicile. Les choses changent aujourd'hui avec l'apparition
de propositions d'études de campagne Ad Hoc qui permettent
d'évaluer enfin la visibilité et la mémorisation
des campagnes. Il était temps : comme les taux
de clic baissaient depuis plusieurs mois, et qu'il s'agissait
du seul critère de référence, les régies
et les agences ont été contraintes de multiplier
les nouveaux formats et les nouvelles technologies."
La puissance
du rich média
"Aujourd'hui toutes les grandes régies du marché
acceptent les formats rich média. Si l'on s'en tient
aux seuls taux de clics, les résultats obtenus sont
très supérieurs aux campagnes traditionnelles.
Avec une campagne out of the box par exemple (un icône
cliquable qui se déplace seule sur la page, NDLR),
le taux de clic dépasse souvent 10%, alors que la moyenne
est de 0,4% sur l'ensemble du marché. Mais dans ce
cas il s'agit d'un format à utiliser avec parcimonie,
plutôt dans une logique de visibilité. Car si
les taux de clic sont ponctuellement élevés
la transformation est, elle, plus mitigée. Dans cette
logique du rich média,le HTML devient lui un nouveau
standard qui remplacera peu à peu le Gif. Le surcoût
pour la création est faible et largement compensé
par des taux de clic qui peuvent être supérieurs
de 2 à 3 points à celui du Gif. En outre, le
HTML permet de cliquer via un menu déroulant, ce qui
permet un début de ciblage et donc d'augmenter le taux
de transformation."
De nouveaux
formats prometteurs
"Nous allons
tester le nouveau format "skyscrapper" le mois prochain.
Mais les premiers retours d'expérience sur le marché
montrent des résultats plutôt prometteurs. Nous
avons également testé le supersticiel pour une
campagne Hewlett Packard, pour laquelle nous avons eu des
taux de clic moyens supérieurs à 2%, alors qu'il
s'agit d'un format plutôt utilisé dans une logique
d'image. Chose intéressante : il s'agit également
d'un format qui permet une meilleure créativité
car c'est un espace indépendant du support qui s'ouvre
dans une nouvelle fenêtre. Il peut être comparé
à la tête de gondole dans la grande distribution.
L'ensemble de ces nouveaux formats sur le plan technique et
sur le plan de l'espace support représentent un vrai
potentiel de développement pour le marché publicitaire
en ligne. D'ailleurs, l'acceptation de ces nouvelles technologies
et de ces formats deviennent des critères discriminants
dans le choix des supports pour les campagnes Internet".
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