Le Crédit Agricole a lancé au mois d'avril un site communautaire à destination de la population agricole française : Pleinchamp.com. La philosophie du site, selon Françoise Balitrand, sa directrice, est de "constituer une communauté virtuelle et de fédérer autour d'elle les acteurs du monde agricole français". Il semble que la première banque française de proximité a pris conscience de l'arrivée sur Internet d'investisseurs extérieurs au monde agricole et ne veuille pas voir fuir une clientèle jusqu'ici fidèle. Le banquier est pour le moment le seul actionnaire du site mais se dit prêt à ouvrir le capital à ses partenaires.

Au plan du contenu, Pleinchamp est proche de sites tels que les portails Terre-net.fr, ou Agrionline.com, Il offre d'abord de l'information: sous la forme d'une "actualité agricole" pour l'essentiel. De la météo, qui recueille actuellement selon Françoise Balitrand l'essentiel des visites bien que le site ne soit pas parvenu à conclure un accord avec Météo France qui a choisi de privilégier l'offre directe aux particuliers. A signaler également, un espace cotation régulièrement actualisé qui recense les cours de produits agricoles sur différents marchés français. Un espace "gestion" est également prévu, qui fournira des conseils aux agriculteurs dans certains domaines techniques grâce à l'expertise de partenaires du site. Ici trouve sa place l'offre commerciale du Crédit Agricole, dans une rubrique "finances"qui propose des liens vers ses Caisses régionales.

Mais la spécificité du site repose sur le centaine de partenariats que le Crédit Agricole a, pour le moment, conclu avec divers acteurs proche du milieu agricole, qu'ils soient sous statut public ou non. Le but est ainsi de fournir de l'information très localisée et de qualité."Nous avons conclu des partenariats au niveau national avec des Caisses centrales comme la Caisse centrale de la mutualité sociale agricole et des contrats locaux avec des acteurs très diversifiés tels que les Chambres d'Agriculture, coopératives, centres de gestion, lycées agricoles ou journaux agricoles :ces partenariats permettent de fournir de l'info locale sur le site".

L'avenir du site est aussi marchand. En 2002, diverses entreprises proposeront des produits à la vente en ligne. "Il s'agit d'un business qui se développe, on peut le voir a travers un site comme Agrifirst qui propose une offre commerciale, souligne Françoise Balitrand. Cette évolution a été prévue dès l'origine du projet puis au moment de la conception du site par SQLI". Une évolution de nature à nuancer le concept communautaire initialement soutenu et qui devra composer avec une catégorie socio-professionnelle qui présente un taux d'équipement en micro-informatique peu élevé.

Mais les têtes pensantes du site ne manquent visiblement pas d'imagination, puisqu'ils se font déjà le relais d'une offre d'ordinateur multimédia spécifiquement conçue pour les agriculteurs. A l'heure où le ministère de l'Agriculture s'inquiète de la vente probable du groupe de presse France Agricole (groupe Vivendi, éditeur du site Agrionline) à un éditeur étranger, le Crédit agricole -et Internet- seront-ils les chevaliers blancs de l'information professionnelle tricolore ?