Avec un marché qui a enregistré 116 % de croissance au cours du premier semestre 2001, soit 270.000 appareils photos vendus, la photo numérique et les services en ligne qui peuvent lui être associés se présentent aujourd'hui en France et aux Etats-Unis (lire l'article du JDNet du 20/09/01) comme des activités ayant un très fort potentiel de développement. Initialement en retrait par rapport aux "pure players", en raison de leurs réseaux de magasins et de l'incertitude qui pesait sur la distribution d'appareils photos numériques, les acteurs traditionnels tels que Kodak, Photo Service, la Fnac, France-Loisirs et Fuji renforcent aujourd'hui leur présence sur ce marché.

Kodak, qui a achété coup sur coup Snapfish, Picturevision et Ofoto aux Etats-Unis et qui dispose déjà Outre-Atlantique et en Allemagne d'un site permettant le développement en ligne de photos, s'apprête à lancer, dans quelques mois, le même service en France. Même chose pour France-Loisirs. Le réseau de 459 magasins, regroupant les enseignes Photo service et Photo Station, racheté en juillet 2001 par le groupe britannique de capital-investissement Cinven, s'apprête à lancer une nouvelle version de son site dans quelques semaines. "Celle-ci proposera un album en ligne accessible avec un login et un mot de passe ainsi que le partage et la retouche des photos", explique Jean-Michel Constant, directeur Internet de la marque. Quant à Fuji, présent sur Internet depuis 1997 (lire l'article du JDNet du 27/01/00), il s'apprête à transformer son offre pour renforcer son activité autour du partage d'albums photos en ligne. "Nous proposons déjà ce service, mais cette activité ne génère pas forcément encore beaucoup de commandes", précise Olivier de Beaufort, directeur marketing des laboratoires.

Si le marché du numérique présente de réelles opportunités de développement, les acteurs traditionnels s'y engagent avec prudence en prenant soin de s'appuyer, en premier lieu, sur leur réseau physique. Même si la Fnac dispose sur Fnac.com, d'un site pilote développé avec Fuji permettant le tirage de photos numériques et le stockage de photos de mariage, l'enseigne privilégie les services numériques en magasin. "Nous ne sur-exposons pas les services de tirage à partir de fichiers numériques que nous proposons sur notre site", admet ainsi Jean-Christophe Hermann, PDG de Fnac Direct. Même discours chez Fuji, pour lequel le réseau est moins une contrainte qu'une opportunité pour rassurer le consommateur et limiter les frais de port. "Seul 20 à 30% des tirages numériques que nous effectuons proviennent d'Internet", insiste Olivier de Beaufort. Aujourd'hui, le site enregistre 150 commandes par jour et compte entre 25 et 30.000 membres. Quant aux magasins proposant des services numériques, la numérisation de films représenterait 20% de leur activité.

Les premiers pas dans le numérique par les acteurs traditionnels passent donc d'abord par l'équipement des magasins en "minilabs" permettant de traiter les photos argentiques et de les transposer sur supports numériques. Selon Jacques Hémon, directeur de l'Observatoire des professions de l'image et dirigeant d'Image Market, "ces équipements préparent, en douceur, le tirage à distance. Ils sont tous connectables à Internet et permettent de recevoir des fichiers image des internautes".

Conscient que le papier photo n'est plus la seule façon de mettre les photos à disposition des particuliers, les acteurs traditionnels se sont équipés, ou s'équipent, de solutions pour transférer les clichés sur CD-Rom. C'est le cas de la Fnac qui propose ce service depuis quelques mois dans ses magasins, mais aussi de Photo Service et de Fuji. Une technologie qui permet le partage, les retouches et le tirage sur papier des photos argentiques. Mais les enseignes veulent aller encore plus loin. Les investissements nécessaires à l'équipement d'un magasin en "minilabs" revenant relativement chers, Fuji envisage de mettre en place dès le début de l'année 2002, des bornes permettant de mettre en ligne des fichiers numériques et de faire sa commande de tirage. Des prestataires comme Réseau-Photo ont d'ailleurs anticipé cette évolution en proposant un logiciel de borne interactive, RPtouch, qui permet le tirage, le gravage et l'envoi sur Internet de photos numériques à partir d'une carte numérique.