D'un "commun accord"
avec sa maison-mère Prisma
Presse, Thierry
Brunschwig va quitter ses fonctions de PDG de Prisma
Presse Interactive (PPI), la filiale Internet du groupe
de presse rattaché à l'éditeur allemand
Grüner + Jahr (groupe Bertelsmann). Un départ
qui intervient dans un contexte de recentrage sur les
magazines papier et de réduction des ambitions
sur Internet. Actuellement, six sites liés à
des titres de magazines [NDLR : et non cinq, comme
indiqué précédemment par erreur]
ont été mis en ligne chez PPI (Web Magazine,
Capital, Management, VSD, Femme et Ca M'intéresse).
Les sites de Femme Actuelle et de Gala devraient arriver
sous peu mais en version allégée. Actuellement,
la structure PPI compte dix huit salariés. C'est
Jean-Pierre Caffin, directeur général de
Prisma Presse, qui va diriger PPI. Signe évident
d'une reprise en main des activités Internet, qui
n'ont véritablement débuté qu'en
février 2001(lire l'interview
JDNet du 05/02/01).
JDNet.
Comment expliquez-vous la situation actuelle ?
Thierry Brunschwig. Il faut la replacer dans
son contexte global. Cet été, notre maison-mère
Grüner
+ Jahr a annoncé une forte baisse de son
profit net (1). Le groupe est devenu impatient et a
besoin de redresser ses résultats. Il a décidé
de se recentrer sur sa partie magazine papier, qui fait
elle-même l'objet d'une restructuration de l'offre.
Le marché de l'Internet a montré que personne
n'a de modèle économique en dehors d'AOL
et de Wanadoo. J'ai même entendu une éditrice
dire qu'elle comptait les crayons. Ce qui se passe en
France se réalise également en Allemagne :
mon homologue à la tête EMS (Electronic
Media System) se trouve dans la même situation.
Conctrètement,
quelles sont les répercussions pour les activités
de PPI ?
Tous les sites programmés seront mis en ligne
mais ils seront moins ambitieux qu'au départ.
Un certain nombre de fonctionnalités devaient
être développées. Dorénavant,
nous nous limiterons au sommaire, le mail et le courrier
des lecteurs. Il est vrai qu'initialement, nous ne disposions
pas d'un budget énorme pour nos développements
Internet mais cela semble visiblement encore trop. Je
ne communique toujours pas sur le chiffre d'affaires
généré par PPI. Il n'est pas significatif
compte tenu de notre degré d'implication en ligne,
qui est toujours resté raisonnable.
Comment expliquez-vous que
Prisma Presse n'arrive pas à exploiter son potentiel
de contenu en ligne ?
Il n'existe pas de volonté de la part des éditeurs
du groupe de mettre le contenu en ligne. Toutes les
tentatives dans ce sens ont été bloquées,
en dehors du guide électronique TV en XML. Il
ne faut pas oublier que les magazines papiers sont notre
gagne-pain. "Pourquoi mettre en ligne notre contenu
alors que nous n'avons pas d'avantages significatifs
à le faire ?", argue par réflexe
l'éditeur. Globalement, Prisma Presse a avancé
prudemment sur Internet. Dès qu'il y a un retournement
de marché, cette ambition hésitante se
traduit par un mouvement de recul. De mon côté,
j'avais mis des limites assez claires et elles sont
dépassées. J'en ai conclu que je ne suis
plus l'homme de la situation. Mais j'ai d'autres projets
en tête.
(1)
Le groupe de presse allemand, qui édite une centaine
de magazines et quotidiens dans 14 pays, a vu son bénéfice
net plonger de 85% sur son exercice 2000-2001 (clos
le 30 juin) à 42 millions d'euros, contre 284 millions
un an plus tôt. En 2000-2001, le chiffre d'affaires
du groupe a augmenté de seulement 3,9%, à 3,048 milliards
d'euros. Filiale à 74,9% du groupe de communication
Bertelsmann, Grüner+Jahr a enregistré un recul de 43%
de son résultat avant impôts, intérêts et amortissements
des survaleurs à 256 millions d'euros, contre 451 millions
lors de l'exercice précédent. Grüner+Jahr a notamment
justifié ce mauvais résultat par "les pertes enregistrées
dans le domaine de l'Internet et du multimédia",
par la baisse du marché publicitaire et la hausse du
prix du papier.
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