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Président
Prisma Presse Interactive |
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Thierry
Brunschwig
"Titre"
Dans le paysage des groupes de presse en France qui ont investi
le champ Internet, il manquait Prisma
Presse, filiale de Grüner + Jahr (groupe Bertelsmann)
qui édite des magazines de grande notoriété
comme Capital, Gala, Géo, Femme Actuelle ou Ca m'intéresse.
Sa filiale Internet, créée en juin 2000, prépare
le lancement d'une douzaine de sites rattachés à
ses titres de presse. Capital vient d'inaugurer la série
des lancements (Lire l'article
du JDNet du 06/02/01). Le magazine Management devrait emboîter
le pas dans le courant de la semaine. Pour les développements
Internet de Prisma Presse, Thierry Brunschwig indique avoir
mis en place "une organisation en commando", c'est
à dire une alliance de professionnnels "qui connaissent
très bien chacun leur métier". Il a ainsi
recruté Michel Colonna d'Istria (ancien directeur des
éditions interactives de Libération) qui prend
les fonctions de directeur éditorial. Martial Viudes
(ancien directeur général France de FortuneCity)
devient directeur du pôle Loisir & Divertissement,
et Benoît Guitard (ancien directeur technique d'AOL Compuserve
France) prend en charge la direction technique.
Prisma Presse Interactive s'est entouré d'Ogilvy Interactive
pour la réalisation des sites, de Colt pour le domaine
de l'hébergement et d'Accenture (ex-Andersen Consulting)
pour les études.05
février 2001 |
JDNet.
Quelles sont les missions attribuées à Prisma
Presse Interactive (PPI) ?
Thierry Brunschwig.
Nous avons deux missions
: développer des "sites compagnons" et créer
de la valeur nouvelle pour nos actionnaires".
Le premier concept est né de deux constats : nous avions
besoin de compléter l'interactivité de nos marques
et de nos supports presse. C'est l'interactivité au
sens large : minitel, SMS, Internet et prochainement la télévision
interactive [NDLR, Prisma Presse dispose d'une division
programme de télévision, PrismaTV].
Nous voulons commencer en étant en phase avec l'immaturité
actuelle du marché des technologies en France. Sur
le plan économique, tous les analystes indiquent que
le marché arrive mais qu'il croît beaucoup plus
lentement que prévu. Et puis, il faut voir le développement
du haut débit et, en son absence, s'y adapter. Il ne
faut pas confondre vitesse et précipitation. Mais,
à chaque arrivée d'une nouvelle technologie,
on assiste à ce type de phénomène.
Le deuxième objectif
consiste donc à créer de la valeur nouvelle
pour nos actionnaires. Nous restons discrets pour le moment
à ce sujet. Toutefois, je peux vous en citer trois
composantes : nous produisons du contenu de qualité,
nous avons le pouvoir de nos marques et la confiance de grands
annonceurs.
Tous
les magazines de Prisma Presse seront dotés d'un "site
compagnon" ?
La
quasi-totalité, à partir du moment où
ces développements ont un sens. On regarde l'affinité
du lectorat par rapport aux nouvelles technologies. Une douzaine
de sites devrait apparaître d'ici le mois de juin. Les
tailles de ces sites seront adaptées au marché
actuel, c'est à dire qu'ils seront raisonnables. Nous
parlons d'avancée progressive sur Internet.
Que devient
le site Femme.fr ?
La
publication a connu un changement récent de son équipe
éditoriale. Elle est entrée dans le giron de
Philippe Labi, éditeur de Gala. La nouvelle ligne éditoriale
de Femme va s'accompagner d'un nouveau site, qui sortira dans
quelques mois.
Quels types de contenu en ligne allez-vous proposer?
Nous cherchons à développer
des accompagnements éditoriauxs, des compléments
interactifs pour nos lecteurs. C'est à dire des éléments
qu'ils ne vont pas trouver dans le journal. Le seul exemple
de "business model" autour de contenu spécifique
vraiment convaincant que l'on a trouvé en ligne, c'est
le Wall Street
Journal. Mais cela s'adresse à une cible trop fragmentée
en Europe.
Comptez-vous réactualiser les informations au quotidien
sur les sites?
Nous
avons la possibilité d'utiliser l'Internet pour compléter
la ligne éditoriale du titre. Par exemple, pour Capital,
nous pourrons sortir des informations exclusives si le journal
ne boucle pas avant quinze jours.
Qui va prendre
en charge la réactualisation du site ?
Nous avons l'expérience
du Financial
Times en Allemagne (détenu à 50/50 avec
le groupe britannique Pearson), qui prouve que des équipes
mixtes fonctionnent bien. Il faut que les rédactions
des titres s'approprient leurs sites respectifs. Prisma Presse
Interactive intervient en "support technique", sur
le marketing et le savoir-faire éditorial spécifique
qui ne relève pas du papier. Je me vois assez souvent
comme "l'imprimerie" du site Internet.
De quel
budget disposez-vous pour les développements Internet
de Prisma Presse ?
Confidentiel.
C'est important et en forte croissance. [NDLR : créée
en juin 2000, Prisma Presse Interactive est une SA au capital
de 3 millions d'euros]
Comment
les journalistes accueillent-ils les initiatives Internet
qui sont prises ?
De
mieux en mieux. Je pense qu'il faut avoir un encadrement de
qualité. Par exemple, j'estime que Michel Colonna d'Istria,
qui est journaliste, est capable d'instaurer la confiance.
Là encore, il existe toujours une phase d'observation
avec l'arrivée de nouvelles technologies. L'important
est d'instaurer le respect mutuel.
Vous rencontrez des problèmes de droit d'auteurs?
Nous
avons un groupe de travail sur ce sujet, mis en place en septembre
2000. Il essaie d'avancer de façon consensuelle avec
des représentants des rédactions, des décideurs,
etc. Nous avons été précurseurs dans
de nombreux domaines. Par exemple, juste avant la création
de Prisme Presse Interactive, nous avons choisi la convention
collective des télécoms, qui reprend des métiers
comme les webmasters.
Prisma Presse
Interactive a un équivalent en Allemagne?
Tout à fait, il s'appelle
Electronic Media Service et a été précuseur
avec le moteur de recherche FireBall
(80 millions de pages vues par mois), qui a été
cédé à Lycos Europe. EMS a également
lancé Faircar, projet de services en ligne sur l'automobile
(Lire l'article
du JDNet du 24/11/00).
iSyndicate
Europe (joint-venture européenne à 50-50 entre le groupe Bertelsmann
et l'américain iSyndicate) a pris une participation majoritaire
dans le site français de syndication nFactory. Vous
avez pris contact avec la start-up ?
C'est
prématuré. Nous attendons que la politique soit
finalisée au niveau du groupe pour savoir ce que l'on
fait avec les hommes. Thomas Middelhoff, président
du directoire, a l'ambition de faire du groupe le n°1
de la fourniture de contenu sur les réseaux. Il existe
une réelle volonté du groupe d'anticiper les
conséquences économiques et les changement technologiques.
D'où la prise de participation du groupe Bertelsmann
dans Napster. Sur la syndication, il s'agit clairement d'une
création de nouvelles valeurs.
Wanadoo
a annoncé un joint-venture avec le groupe de presse
Emap France en septembre 2000.
Etes-vous intéressé par ce type de partenariat
stratégique du type "technologie + contenu"
?
Nous
sommes beaucoup courtisés dans ce sens. Il est certain
que l'on fera des choses relativement ambitieuses. Mais ce
n'est dans la culture de Prisma Presse de laisser les clés
de la voiture à quelqu'un d'autre. Nous créerons
de la valeur ensemble. Il faut être très prudent
actuellement si l'on regarde ce qui se passe du côté
de AOL-Time Warner. On comprend très bien la stratégie
cohérente de leadership de Wanadoo, mais Emap a d'autres
préoccupations. Je trouve que c'est un peu le mariage
du lapin et de la carpe. Je serais curieux de voir la tête
du bébé.
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