En se lançant tardivement,
à la fin de l'année 2000, dans les investissements
sur Internet, le fonds d'investissements Chrysalead
avait donné l'impression de prendre en marche
un train en passe de s'arrêter. Un an après,
si le train a effectivement nettement ralenti, ses dirigeants
ne semblent pas s'en offusquer et en retireraient même
quelques satisfactions. "Cela nous a évité
beaucoup d'erreurs, notamment sur les valorisations.
Nous n'avons pas à "nettoyer" notre
portefeuille actuellement, à la différence
d'autres fonds", estime Daniel Pinto, le président
de la société, qui affirme que la stratégie
du fonds n'a pas varié malgré la conjoncture.
"Nous avons toujours voulu financer en amont des
sociétés "convergentes", c'est
à dire qui s'insèrent dans la stratégie
des entreprises traditionnelles sur Internet ou qui
améliorent la chaîne de valeur d'un métier.
Or cette année a surtout été marquée
par l'appropriation de l'outil internet par les grands
groupes ce qui valide notre choix initial", constate-t-il.
Le fonds a été
particulièrement actif en un an puisqu'il a investi
40% des 58
millions d'euros alloués par ses quatre investisseurs
(Danone, GIMV, CVC Capital Partners et Valoris). Sept
sociétés technologiques ont bénéficié
de financement parmi lesquelles Minutepay
(système de paiements par e-mail), la place de
marché Seliance,
Tinubu
Square (solutions d'assurance-crédit) ou
Smartping
(Performance et sécurité internet). Avec
toujours, selon Daniel Pinto, le souci d'établir
"une passerelle entre la start-up et les grands
groupes. C'est notre valeur ajoutée et c'est
un thème récurrent dans nos investissements.
Nous avons d'ailleurs poussé systématiquement
nos participations à travailler rapidement avec
un partenaire d'envergure. Ce fût le cas de Minute
Pay avec la BNP, de Seliance avec le Crédit Lyonnais
ou de Qualystem avec Intel", détaille-t-il.
En tant que nouveau venu dans le capital-investissement,
Chrysalead a également tenté de se démarquer
légèrement de la méthode des fonds
de capital-risque traditionnels. "Nous ne voulons
pas être uniquement un financier mais aussi un
coach en étant très présent dans
la vie de la société. Nous souhaitons
la conseiller fortement en matière de ressources
humaines ou de partenariats. Avec sept salariés
pour autant de participations nous avons les moyens
de cette ambition".
Malgré
ces motifs de satisfaction, Daniel Pinto ne nie pas
les difficultés qui attendent Chrysalead et ses
participations, à l'heure où il est de
plus en plus ardu de boucler un tour de table. "Dans
notre schéma de départ, nous voulions
nous focaliser sur le premier tour de table avant de
laisser la place à d'autres investisseurs, voire
à des industriels, mais nous avons dû évoluer
depuis. Désormais, nous tentons dès le
départ de financer toutes nos sociétés
jusqu'à l'équilibre. Soit un financement
plus élevé permettant de tenir de dix-huit
à vingt-quatre mois." Un choix qui poussera
sans doute Chrysalead à travailler plus souvent
dans l'avenir avec d'autres capitaux-risqueurs pour
supporter la charge financière et partager le
risque.
L'autre
conséquence, selon Daniel Pinto, est le durcissement
des conditions lors de négociations avec les
entrepreneurs. "Ce n'est pas évident, constate-t-il.
Si la baisse des valorisations favorise un fonds d'investissements,
il ne faut pas non plus qu'elle démotive le management
de la start-up. C'est un subtil équilibre",
témoigne-t-il. Néamoins, Daniel Pinto
reste optimiste sur l'avenir, et souhaite encore financer
six à sept sociétés l'année
prochaine avant de solliciter éventuellement
ses actionnaires. "Nous ne craignons pas de restrictions
budgétaires de la part de nos investisseurs.
Pour Danone et les autres, nous sommes un formidable
outil de veille technologique", conclut-il.
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