En Juin dernier, Pascal
Bordat quittait ses fonctions de directeur général
de Travelprice France pour devenir PDG de Zuji,
une plate-forme de réservation de voyages centrée
sur le marché de l'Asie-Pacifique. Tout comme
Orbitz aux Etats-Unis ou Opodo en Europe, Zuji est le
résultat d'un joint-venture entre 10 compagnies
aériennes asiatiques (dont Singapour Airlines,
Quantas Airways, Cathay Pacific Airways) auquel s'est
greffé Travelocity, qui fournit la plate-forme
technologique. Le budget total alloué à
Zuji se situe entre 50.000 et 100.000 millions de dollars
sur plusieurs années. Pascal Bordat revient sur
ce projet et les spécificités du marché
asiatique du voyage.
Qu'est-ce
qui vous a poussé à vous investir dans
le projet Zuji et à quitter Travelprice ?
Pascal Bordat. En fait, je suis rentré
chez Travelprice en 1999, lors du démarrage du
portail. Nous l'avons alors quasiment mis sur les rails.
En 1999, la société réalisait un
million d'euros de ventes. Puis, en 2000, elle faisait
entre 35 et 40 millions. Lorsque je suis parti en juin
2001, Travelprice était présent dans 7
pays européens. Quelque part, ma mission était
remplie. C'est pour cette raison que lorsqu'on m'a proposé
de rejoindre Zuji, en tant que PDG, j'ai été
intéressé par ce nouveau challenge à
Singapour.
En quoi consiste réellement le projet Zuji ?
Pour l'instant, Zuji est un projet en cours de création.
Son objectif est de devenir le portail numéro
un en Asie et dans le Pacifique. Sur le fond, c'est
un projet assez semblable à Travelprice, puisqu'il
s'agit de s'adresser à différent pays
et de créer des sites locaux avec du contenu
éditorial et commercial spécifique. La
région à laquelle la plate-forme s'adresse
comprend des pays aussi différents que l'Australie,
la Nouvelle-Zélande, la Chine, Taiwan, etc...
Les produits que nous vendrons seront, comme en Europe,
aussi bien des billets d'avion, que des packages, de
l'hôtel ou de la location de voiture. Là
où Zuji se différencie de Travelprice,
c'est dans sa volonté de commercialiser sa technologie
de vente sur Internet à des compagnies aériennes
ou à des agences. Mais la première étape
est de contruire un site BtoC sur cette région
Asie-Pacifique. Nous devrions procéder à
un premier lancement restreint en mars 2002. Etant donné
la conjoncture, nous n'allons pas démarrer l'activité
dans les sept pays à la fois. Nous allons commencer
progressivement et, avant d'investir en marketing, nous
allons attendre les premières réactions
du marché.
Quelle
est votre perception du voyage en ligne sur le marché
asiatique ?
L'Asie est un peu en retard par rapport à l'Europe,
sauf l'Australie qui est au même niveau. En Asie,
les ventes de voyages en ligne sur Internet ont représenté
en 2000, 1% du marché. On retrouve
des acteurs locaux dans chaque pays qui sont des pure-players
et dont l'activité Internet est importante. Notamment
à Singapour, où il y a des grandes agences
locales qui génèrent un peu plus de 20%
des ventes sur Internet. Mais, en général,
il y a moins de foisonnement qu'en Europe. Il n'y a
pas d'acteurs du type Travelprice. En terme de progression
du marché, il y a donc un véritable potentiel,
car les acteurs sont moins nombreux et les solutions
qui existent ne sont pas en totale adéquation
avec le marché. Enfin, l'intégration des
tarifs négociés pose encore problème
et les sites qui existent proposent cette fonction de
manière imparfaite. Notre objectif dans cette
région est également de rentrer en Chine.
Un marché en devenir : le PNB de la Chine
est aussi important que le Royaume-Uni et la France
réunis et croît à 8% par an. Les
Chinois commencent à beaucoup voyager, dans la
région pour l'instant, mais c'est un marché
qui tirera certainement les autres. Enfin, pour l'utilisation
d'Internet, il faut savoir que la Corée a détrôné
la Finlande en terme de taux de pénétration.
Les taux sont également très élevés
à Taïwan, en Australie, à Honk-Kong
et à Singapour. Il y a donc un bon terrain, qui
ne doit pas faire oublier les obstacles, comme la forte
fragmentation du marché.
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