Révélé
jeudi dernier par le New
York Times, le départ de l'analyste vedette
de Merrill
Lynch, Henry Blodget, a été confirmé
vendredi. A 35 ans, l'homme qui restera comme l'un des
grands "gourous" financiers de la bulle Internet,
quitte donc la banque d'affaires avec un chèque
de 2 millions de dollars en poche. Son départ
entre dans le cadre d'un plan de restructuration engagé
ces dernières semaines par Merrill Lynch et qui
porte sur 10.000 employés, soit 15% des effectifs.
Pour
Wall Street et pour la Net-économie, le départ
de Henry Blodget, qui intervient un peu plus de deux
mois après les attentats de New York, marque
en tout cas une nouvelle étape. Bien plus pragmatique
et très éloignée du strass et paillettes
des années folles de l'Internet. Ces derniers
mois, l'analyste de Merrill Lynch avait d'ailleurs largement
infléchi ses positions sur les valeurs dotcoms.
Son dernier rapport, qui concerne le site immobilier
Homestore, se
montre des plus acides après que la société
ait publié des résultats trimestriels
inférieurs aux prévisions.
En
novembre 1998, Henry Blodget avait pourtant gagné
ses galons d'analyste "star" en annonçant
un objectif de cours de 400 dollars sur le titre Amazon.
Un mois plus tard, sa recommandation se vérifiait,
le propulsant dans une carrière très médiatique.
Mais l'analyste n'accrochera pas que des réussites
à son tableau, notamment en conseillant des valeurs
comme Pets.com ou eToys, deux sociétés
Internet qui disparaîtront corps et âmes
en 2000. En début d'année, Merrill Lynch
avait d'ailleurs dédommagé à l'amiable, pour éviter
un procès, un particulier qui indiquait avoir
perdu plus de 500.000 dollars en Bourse en suivant les
recommandations d'Henry Blodget.
La
décision de Henry Blodget pourrait également
être le signal annonciateur du départ pour
toute une série d'analystes vedettes, dont l'image
est étroitement liée à la bulle
Internet. Marie Meeker, de Morgan Stanley (qui a notamment
été remarquée pour ses recommandations
sur Netscape en 1995) et Jack Grubman, de Salomon Smith
Barney, en sont les principaux représentants.
Depuis l'éclatement de la bulle Internet, Keith
Benjamin (Robertson Stephens), Lise Buyer (Credit Suisse
First Boston) ou encore Genni Combes (Chase H&Q), tous
trois analystes du segment TMT, ont quitté leur
poste.
Doté
de son chèque de départ (et d'une prime
de 5 millions touchée fin 2000), Henry Blodget
souhaite maintenant se lancer dans l'écriture
d'un livre consacré à la bulle Internet.
L'analyste a déjà signé avec la
maison d'édition Random House. Le cyber-libraire
Amazon, allié "historique" de l'analyste,
devrait lui faire un bon accueil.
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