Sur
le marché de la grosse tuyauterie Internet, l'ADSL
européen ne veut plus jouer au robinet mitigeur
avec le câble. Les derniers chiffres publiés
par Deutsche Telekom dans le Welt am Sonntag
sont à ce titre révélateurs : depuis
juin dernier, l'opérateur historique allemand
indique avoir engrangé 1,5 million d'abonnés
supplémentaires à l'ADSL. En ce début
2002, Deutsche Telekom trône sur un total de 2,2
millions d'abonnés ADSL.
Outre-Rhin,
l'engouement pour le haut débit téléphonique
est tel que les équipementiers ADSL n'ont pas
réussi à suivre la cadence pour fournir
Deutsche Telekom. Malgré ce couac (qui a tout
de même provoqué le syndrome de rareté
PlayStation 2 chez certains internautes), en l'espace
d'un an l'ADSL allemand a réussi à décramponner
le câble parmi les foyers d'internautes. Le dernier
pointage effectué par NetValue en octobre 2001
sur l'accès Internet allemand fait ainsi état
d'une part de marché de 3,6% pour le câble
contre 4,2% pour l'ADSL. Une ligne de fracture qui s'est
encore creusée depuis.
Et
la situation allemande n'est pas unique en Europe. En
France, la population des "câblo-internautes"
marque également le pas depuis quelques mois
face aux "adesséliens". Au 30 septembre
dernier, selon l'Aform (l'association française
des opérateurs de réseaux multiservices),
170.000 foyers français étaient réliés
à la Toile par le câble contre 153.000
en mars 2001, soit une croissance semestrielle d'environ
12%. Sur la même période, l'ADSL de Wanadoo
s'est offert un bond 139% en passant de 95.000 à
227.000 abonnés en France. Même en haut
débit, le lièvre et la tortue reste
d'actualité. Aujourd'hui, l'opérateur
historique français compte plus de 300.000 abonnés
ADSL en France.
Europe :
parts de marché de l'ADSL
et du câble
dans l'accès Internet
(fourchette
haute)
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2001
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2004
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2006
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Source :
Idate
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D'après
le rapport annuel de l'Idate sur le haut débit
en Europe, l'Espagne, l'Italie, les Pays-Bas ou encore
la Suède sont dans des situations analogues.
Dans tous ces pays, l'ADSL a profité de l'année
2001 pour ravir la vedette à l'Internet câblé.
Seuls le Luxembourg (où le câble TV est
déjà présent dans 90% des foyers)
et le Royaume-Uni (où l'ADSL a du mal à
trouver ses marques avec un opérateur historique
à bout de souffle) font aujourd'hui figure d'exceptions.
Mais ces deux pays ne devraient pas changer la nouvelle
donne : d'ici à 2004, la part de l'ADSL
en Europe sur le marché de l'accès devrait
se situer, en fourchette haute, à 17% contre
3% en 2001. Le câble Internet européen
devrait, lui, péniblement passer d'une part de
marché de 1% à 4%.
Le
succès du haut débit téléphonique
sur le Vieux Continent tient pour l'essentiel au poids
des opérateurs historiques comme Deutsche Telekom,
France Télécom, Telefonica ou Telecom
Italia. Ceux-ci détiennent aujourd'hui 90 à
95% du marché européen de l'ADSL. Outre-Atlantique,
les Baby Bell issus du démantèlement d'AT&T n'ont pas
eu la même chance. D'après la NCTA (National
cable & telecommunications Association), sur les 9,8
millions de foyers américains reliés par
haut débit au Web, 6,4 millions le sont aujourd'hui
par le câble et "seuls" 3,4 millions
par ADSL.
Aux
Etats-Unis, l'ADSL, qui est historiquement une technologie
sous la coupe des opérateurs et équipementiers
télécoms, doit affronter les grands câblo-opérateurs
comme AOL Time Warner ou Comcast. Des acteurs qui ont
davantage un pied dans l'univers des médias que
dans les problèmes de boucle locale. Une différence
Etats-Unis / Europe qui pourrait bien, à terme,
modeler des deux côtés de l'Atlantique
un Internet rapide à deux vitesses. A l'Ouest,
un Internet américain packagé TV, directement
ancré dans les médias et le show-business.
A l'Est, un Internet européen "kiosqué",
plate-forme d'accès rapide à des services
diverses et variés.
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