Jean-Marie Messier pourra s'en
réjouir. Vivendi Universal, numéro deux
dans le monde de la communication, n'est pas le seul
à mal digérer les excès en tous
genre de la bulle internet. Le numéro 1, AOL/Time
Warner a fait bien pire hier en dévoilant une
perte nette de 54,2 milliards de dollars au premier
trimestre 2002, soit un nouveau record mondial en la
matière. Le groupe a l'habitude des records puisque
la fusion entre AOL et Time Warner en janvier 2000 avait
atteint 182 milliards de dollars, le montant le plus
élevé de l'histoire. C'est précisément
cette évaluation qui est la cause principale
des pertes colossales dévoilées hier.
Car ce qu'avait acquis chèrement AOL à
l'époque vaut désormais beaucoup moins
au plan comptable après la dégringolade
des sociétés internet en Bourse. Le nouveau
groupe a donc dû inscrire 54 milliards de dollars
de pertes dans ses comptes pour refléter cette
brutale dépréciation d'actifs.
Les investisseurs n'ont cependant pas été
surpris puisque ce dépoussiérage comptable
avait déjà été annoncé
à la fin 2001. En revanche, ils ont accueilli
avec beaucoup plus de froideur certains résultats
des divisions, et notamment ceux du pôle internet
(AOL). Les revenus de cette branche ont ainsi stagné
au premier trimestre à 2,2 milliards de dollars,
alors que les revenus totaux du groupe progressaient
pour leur part de 7 % à 9,8 milliards de
dollars. Le résultat Ebitda, qui mesure la création
de richesse de l'activité ou cash flow, affiche
également une petite santé pour ce segment.
Alors que le groupe a dégagé un cash flow
en baisse de 6,4 % à 1,9 milliard de dollars,
AOL a vu reculer
cet indicateur de 15 % à 433 millions de
dollars en raison notamment du net déclin des
revenus publicitaires (-31%) et des revenus du commerce
électronique (-13%).
Seul indicateur en net progression
pour AOL : celui des abonnés. La division a gagné
au cours du trimestre 1,4 million de clients dans la
monde et compterait désormais 34,6 millions de
clients dont 26,1 millions aux Etats-Unis. Mais là
aussi c'est moins que prévu puisque les analystes
attendaient 2 millions de nouveaux clients et que le
rythme de croissance se ralentit..
AOL se retrouve donc dans
une situation inconfortable. Fer de lance de la fusion
avec Time Warner, l'entreprise devait en effet servir
de relais de croissance au groupe grâce à
Internet. Cela ne s'était guère matérialisé
dans les comptes l'an dernier, et ce ne sera vraisemblement
toujours pas le cas en 2002. Notamment en raison d'un
horizon publicitaire qui ne se dégage pas et
qui risque de rester morne encore quelques mois, selon
les dirigeants du groupe. Les revenus issus
de la publicité sont ainsi attendus cette année
entre 1,8 et 2,2 milliards de dollars, contre 2,3 milliards
l'an dernier. Conséquence : le groupe a été
obligé de revoir ses prévisions de croissance.
Si les revenus en 2002 sont attendus en hausse de 5
à 8 % par rapport à l'an dernier,
la croissance du résultat Ebitda a pour sa part
été ramenée entre 5 et 9 %,
contre 8 à 12 % il y a peine quelques mois.
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