C'est désormais acquis
: le jeu en ligne ne peut être économiquement
viable en comptant uniquement sur les revenus publicitaires.
La plate-forme de jeux en ligne Flipside n'échappe
pas à la règle et part explorer de nouvelles
pistes susceptible de générer du cash
rapidement. Rattachée à Vivendi Universal
Net, la division Internet du groupe Vivendi Universal,
elle doit générer du "cash flow",
à l'instar des autres activités Web du
groupe. Si Flipside US semble sur le point de sortir
de l'ornière, la structure européenne
doit mettre les bouchées doubles pour développer
les formes de modèle payant. En 2001, selon le
dernier rapport annuel du groupe VU, l'ensemble "monde"
a réalisé un chiffre d'affaires de 35
millions d'euros et un Ebitda négatif de 17 millions
d'euros.
Flipside
Europe aborde le modèle payant en se concentrant
dans un premier temps sur le jeu Wordox. Ce jeu de lettres,
dérivé du Scrabble et qui dispose d'un
site dédié, réunit 40.000 joueurs
fidèles (fin 2001, le réseau Flipside
Europe a dépassé la barre du million de
membres). Wordox a réussi à fédérer
la plus grande communauté de joueurs de la plate-forme
Flipside. En moyenne, un fan de Wordox joue 25 parties
par mois. Au total, plus d'un million de parties sont
jouées chaque mois. Si on prend en compte le
paramètre "nombre de pages vues" (15
millions recensées en mars 2002), Wordox génère
la moitié du trafic. Actuellement, le jeu est
en phase de transition entre Wordox et l'installation
de la version 2, qui est - grande nouveauté -
en accès payant. Mais, dans l'esprit des dirigeants
de Flipside, la cohabitation actuelle est clairement
temporaire. A moyen terme, seule la V2 payante subsistera.
Deux formules d'abonnement sont proposées : 10
euros TTC pour deux mois ou 35 euros TTC pour douze
mois. Le téléchargement de la nouvelle
version comprenant un mois d'essai gratuit. Les internautes
peuvent s'abonner directement en ligne à partir
d'un système de paiement sécurisé Payline (Experian).
Certes, le jeu devient payant,
mais Flipside souligne que la qualité du service
a été améliorée. Wordox
2 se veut plus communautaire. Il propose plus d'outils
comme le lexique Officiel Larousse Wordox et des fonctionnalités
permettant d'organiser des tournois. "A la demande
de nos joueurs, nous avons également renforcé
la stabilité du jeu. Wordox 2 dispose de sept
serveurs dédiés au lieu de deux",
indique Jean-Marc Monguillet, directeur général
de Flipside Europe récemment entré en
fonction (il occupait aupravant les fonctions de vice-président
Business Development de Vivendi Universal Net). Mais
Jean-Marc Monguillet reste discret sur l'objectif escompté
de taux de conversion lors du passage du gratuit au
payant.
L'un des points les plus délicats
à gérer est naturellement la communication
avec les joueurs, qui ne sont pas forcément enchantés
de voir leur passe-temps favori basculer en modèle
payant. Courant avril, des réactions vives ont
été repérées dans le forum
dédié à la nouvelle version du
jeu. Certains internautes critiquaient le passage en
payant, d'autres pointaient du doigt le manque de communication
à propos de la V2 payante de Wordox. En début
de semaine, des internautes prenaient la parole pour
critiquer "les couleurs criardes" de la nouvelle
version et la lenteur du service. L'équipe de
Flipside assure prendre le temps d'expliquer sa démarche
aux membres de Flipside. C'est notamment le rôle
de Florian Levy, un animateur dédié à
la communauté des joueurs Wordox. Il répond
aux critiques déposés dans sur les forums,
et de manière personnalisée si nécessaire.
Mais des efforts peuvent être encore faits, notamment
en assurant une diffusion plus régulière
de la newsletter Wordox.
Le passage en payant de Wordox
est l'un des grands chantiers de Flipside Europe. Après
la France, les déclinaisons du jeu en anglais
et en allemand devraient suivre. Flipside compte actuellement
deux sources de revenus : la commercialisation d'espaces
publicitaires et la vente de licences de contenu (notamment
au portail Vizzavi). "Cette année, nous
avons pour priorité de réduire le 'cash
burn' et de monétiser le contenu", indique
Jean-Marc Monguillet. Ce dernier parie à moyen
terme sur les développements mobiles, qui devrait
représenter en 2003 la moitié des revenus
de Flipisde Europe. L'équipe de Flipside suit
avec attention le développement de la location
de jeux vidéo en ligne, récemment initiée
par la plate-forme de jeux concurrente ZoneJeux.com
(groupe Ixo). Celle-ci cherche d'ailleurs un partenaire
industriel qui prendrait le relais. A priori, compte
tenu des priorités du groupe VU en période
de consolidation d'activités, Flipside ne semble
pas intéressé par un rapprochement.
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