Pour son rapport 2001 concernant la fraude sur les sites français de e-commerce, l'assureur en ligne Fia-Net ne ménage pas ses mots en parlant d'une "très nette aggravation". L'année dernière, parmi les quelques 1 200 cybermarchands estampillés Fia-Net, 3 451 fraudes ont été enregistrées pour un montant total de 1,35 million d'euros, en progression annuelle de 443 %. Une inflation jugée d'autant plus préoccupante par l'assureur qu'elle se révèle supérieure au rythme de croissance du marché français du B to C qui était, selon Benchmark Group, de 110 % en 2001. "Les indicateurs sont tous en augmentation, précise David Botvinik, le directeur général de Fia-Net. Le panier moyen d'une fraude est ainsi passé de 340 à 390 euros en un an."

Premiers secteurs marchands touchés par cette fraude : l'informatique, dont les sites concentrent 38 % du montant total des fraudes en 2001, et l'électronique avec 37 % de l'addition. Selon Fia-Net, les fraudes auraient pesé 8 % des ventes l'année dernière pour un site comme PCCity France et auraient même entraîné "la fermeture de plusieurs marchands, ciblés par des réseaux de fraudeurs". Car la grande nouveauté de la fraude Internet en 2001 est sa professionnalisation. "Nous avons à faire à des méthodes de plus en plus industrielles, avec des fraudeurs capables de générer de faux numéros de cartes de crédit, constate David Botvinik. La dernière affaire en date illustre bien ce mouvement : il s'agissait d'un réseau qui disposait d'une trentaine de numéros de cartes et d'adresses de livraison à Nice. En quinze jours, ce réseau a commandé pour 150 000 euros sur Internet."

Si l'alimentaire et le prêt-à-porter restent encore en retrait, un autre secteur voit sa vulnérabilité augmenter en 2001 : le tourisme avec 16 % du montant total des fraudes. Selon le rapport Fia-Net, 283 billets d'avion auraient été détournés l'année dernière et ce, malgré des mesures de sécurité accentuées dans le secteur du voyage après les attentats du 11 septembre. "Les produits à forte valeur deviennent des cibles évidentes, poursuit David Botvinik. En 2001, 28 % des fraudes concernaient des montants supérieurs à 460 euros."

Face à cette situation, Fia-Net a décidé de lancer depuis quelques semaines son "Système d'analyse des commandes". Il s'agit d'une base de données mutualisée entre les marchands permettant de recenser à la fois les consommateurs n'ayant posé aucun problème et les incidents de paiement. Cette base compte aujourd'hui 300 000 internautes. "Nous nous appuyons sur notre statut d'assureur pour développer cette base car nous avons l'obligation de conserver les informations ayant trait aux fraudes. Cette base permet aux marchands de savoir si le client est fiable et donc d'éviter un lourd système de vérification avec l'envoi de pièces justificatives par fax pour valider une commande. A l'inverse, elle permet également d'identifier les numéros de carte problématiques et les adresses de livraison suspectes."

Ce "Système d'analyse des commandes", intégré avec l'offre d'assurance de Fia-Net, est proposé pour un montant global allant de 0,2 à 0,8 % du volume des commandes. "C'est une solution qui permet de parer au plus urgent en attendant l'apparition de la signature électronique d'ici 36 mois, admet David Botvinik. Ce qui est surtout dommage c'est que le monde bancaire, encore centré sur la carte à puce, reste en retrait sur ce dossier et ne soit pas capable de lancer une telle initiative."