Il fut un temps où
l'opération aurait été tonitruante
: l'introduction en Bourse d'un concept Internet, le
"paper & click", incarné par un
magazine papier doublé d'un site portail. L'opération
a été beaucoup plus discrète et
plus conforme à une bonne vieille logique industrielle
: la société Iles Magazine SA est entrée
au marché libre le 18 juin dernier, sous l'égide
de Europe Finance & Industries, sur la base d'une
valorisation de 2,3 millions d'euros pour un chiffre
d'affaires prévisionnel 2002 de 1,7 million d'euros
(en hausse de 30 % sur 2001) et des comptes à
l'équilibre (38 000 euros de résultat
net en 2001, EBITDA annoncé de 197 000 euros
en 2002). Introduite à 3,40 euros, l'action a
été cotée pour la première
fois le 21 juin à 3,45 euros. Depuis, le cours
est resté inchangé dans des échanges
réduits à leur plus simple expression.
Iles Magazine SA a levé pour l'occasion 900 000
euros environ, correspondant à 40 % du capital
de la société.
Disposant d'un statut suisse, cette société
se veut le spécialiste du tourisme insulaire
et édite Iles (six parutions par an pour
le moment) qui est un magazine haut de gamme inspiré
de Géo, un annuaire papier et un site
portail : top-islands.com. Derrière
Iles Magazine SA, on retrouve une vieille connaissance
de la presse française : Henri Nijdam, artisan
du succès de l'hebdomadaire professionnel Stratégies
(et auteur d'une fameuse plus-value à l'occasion
de la cession au groupe Reed) et initiateur d'une spectaculaire
relance de l'hebdomadaire "Le Nouvel Economiste".
L'échec financier de cette dernière opération,
en 1996, a précipité Henri Nijdam hors
du monde très fermé des éditeurs
de presse parisiens.
Toujours friand de concepts
stratégiques et marketing, Henri Nijdam a dû
tout d'abord redresser la barre de Iles en repostionnant
le magazine, racheté à un éditeur
suisse en 1999, vers le haut de gamme tout en réduisant
drastiquement les coûts de réalisation.
Ce délicat exercice de reengineering éditorial
et technique réalisé et les comptes de
la société redressés, il a décliné
le modèle économique des pages jaunes
sur une niche qu'il estime être un des marchés
prometteurs du loisir de demain : le tourisme insulaire.
Qu'elles soient chaudes ou
froides, volcaniques ou sableuses, toutes îles
trouvenet une place dans le dispositif. Les équipes
de Iles Magazine SA vendent aux professionnels (hôteliers,
transporteurs, offices de tourisme... plus de 20 000
sociétés concernées) de la visibilité
dans l'annuaire papier qui compte 1 200 pages pour
son édition 2002 et, pour le même prix,
la présence dans les bases de données
du site. Le magazine et ses 36 000 exemplaires diffusés
sont là pour améliorer la visibilité
globale et assurer une présence durable sur l'année.
"La présence sur
Internet au début, ça n'était qu'un
petit plus commercial. Maintenant, les annonceurs signent
d'abord pour ça : l'annuaire papier n'est plus
là que pour rassurer et justifier du paiement",
explique Henri Nijdam qui constate que ses clients sont
de plus en plus sensibles au Web : "Pour les annonceurs,
il suffit d'un contact passé via le site pour
justifier de leur investissement de départ"...
Pourtant, de l'aveu même
de son éditeur, le portail est loin d'être
satisfaisant. Développé pour un budget
de 400 000 francs (environ 60 975 euros) et hébergé
chez Fastnet, il ne délivre qu'une partie de
ses promesses et sa version anglaise est actuellement
en travaux. Il devrait profiter en premier de la levée,
réalisée à l'occasion de l'introduction,
pour sortir une V3 permettant l'achat d'espace publicitaire
en ligne. Les chiffres d'audience du site ne sont pas
communiqués.
Pour assurer son développement,
Henri Nijdam, fort de sa nouvelle visibilité
financière, compte surtout sur la croissance
externe, de préférence à l'international,
pour faire jouer les synergies éditoriales, étendre
son triptyque magazine-annuaire-site et profiter du
"click" qu'il a glissé dans son "paper".
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