Après avoir lancé
trois sites interactifs en 2001 en France, Grande-Bretagne
et Allemagne, Renault inaugure les versions espagnole
et brésilienne. L'industrialisation de ce développement
permet à la marque de faire des économies
d'échelle et de réduire son budget annuel
tout en poursuivant son déploiement à
l'international. Renault e-Commerce fonctionne avec
une équipe Internet centrale d'une quarantaine
de personnes et des petites équipes de trois-quatre
personnes en local. Nommé en octobre dernier
à la tête de la division e-Commerce du
groupe Renault, Thierry Moreau est également
directeur de l'identité de la marque. Il revient
sur la réorganisation stratégique présentée
la semaine dernière par François Hinfray,
directeur commercial de Renault.
JDNet.
François Hinfray
a parlé la semaine dernière d'un ralentissement
du développement de la marque dans le domaine du commerce
électronique. Qu'en est-il exactement ?
Thierry
Moreau. Ce n'est pas exactement cela. Nous avons
dit que nous ralentissions nos investissements mais,
pour autant, nous conservons un développement
à un rythme très fort puisque nous avons
aujourd'hui dix-huit pays et que nous allons passer
à quarante en 2004. Nous sommes leader européen
depuis début 2002, selon la mesure d'audience
Autometrics Nielsen [avec près de 500.000
visiteurs uniques chaque mois en Europe, ndlr] et
nous poursuivons notre internationalisation. Il est
vrai que parallèlement, nous réduisons
nos investissements mais cela vient du fait que nous
avons réduit notre coût récurrent
sur Internet sans réduire notre déploiement.
Aujourd'hui, la création d'une nouveau site est
moins chère pour Renault grâce aux synergies
et c'est pourquoi notre investissement annuel pour l'ensemble
de nos sites sera de 25 millions d'euros en 2002, contre
45 millions en 2001. A côté de cela, il
est vrai que nous avons mis fin à certains projets
dont nous ne voyions plus l'utilité et dont le
business plan restait flou. C'est le cas pour AutoCompare,
qui devait être un portail multimarque de l'automobile
ainsi que pour notre projet de site BtoB vers les fleets
[location longue durée pour les entreprises,
ndlr].
Vous
parlez de 250 à 500 contacts concessionnaires
sur vos sites par jour. Quelles sont les requêtes
les plus récurrentes et, sur ce total de contacts,
combien aboutissent ensuite à des ventes effectives ?
Il
y a en effet entre 250 à 500 leads envoyés
au réseau et à peu près autant
de demandes d'information à Renault même.
En ce qui concerne les demandes faites aux concessionnaires,
il s'agit pour près de la moitié de demandes
de rendez-vous et de brochures pour des voitures neuves.
Après, il y a des demandes d'informations concernant
les véhicules d'occasion et des prises de rendez-vous
à l'atelier pour l'entretien. Ces deux autres
thématiques représentent chacune 25% des
leads. La clientèle internaute qui nous contacte
est plus jeune, plus aisée et achète des
voitures plus chères que la moyenne. Nous estimons
aujourd'hui que 30 à 40% des personnes qui nous
ont contactés par mail ont acheté une
Renault dans les six mois. Cela veut dire que ces personnes
qui nous contactent sont déjà très
avancées dans leur processus d'achat et qu'il
faut donc que nous les traitions avec beaucoup d'égard.
D'où l'importance pour le concessionnaire qui
va ensuite recevoir chez lui un de ces clients potentiels
de bien préparer le rendez-vous et visualiser
à quel niveau de réflexion était
cet internaute. Car ce que cherche ce dernier, c'est
à gagner un maximum de temps sur Internet dans
le choix des modèles et des options pour ne pas
refaire tout ce processus en magasin et passer moins
de temps chez le concessionnaire.
Vous
ouvrez deux nouveaux sites interactifs : le Brésil
et l'Espagne. Pourquoi ces deux pays ?
Après
la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, ils sont
parmi nos plus grands marchés et ces deux pays
ont une très bonne maturité Internet,
notamment au Brésil où par exemple 12
millions de Brésiliens paient aujourd'hui leurs
impôts en ligne. Nous expérimentons d'ailleurs
pour la première fois dans ce pays le véritable
e-commerce car la législation nous autorise à
vendre nos voitures en ligne. C'est même plus
intéressant pour nos clients car il y a un avantage
fiscal à acheter sa voiture sur Internet. Nous
avons donc ouvert un mini-site
spécifique pour la vente de notre "Clio
Yahoo" qui rencontre un certain succès,
même si le plus souvent la voiture est encore
vendue dans le show room des concessions, via une borne
Internet. Les clients veulent encore bénéficier
du conseil de leur concessionnaire. Le lien on et offline
est d'ailleurs toujours très présent quel
que soit le pays. Par exemple, en Allemagne, nous avons
enregistré une pointe de trafic sur notre site
au mois d'avril quand nous avons proposé via
Internet une offre d'essai de la Clio dCi et que nous
offrions un plein d'essence gratuit pour tout visite
dans le réseau. C'est le symbole même de
la complémentarité entre Internet et les
concessions et la preuve que l'un se nourrit de l'autre.
|