Au tour d'AOL-Time Warner.
Le n°1 mondial des groupes de communication est
à son tour l'objet de toutes les suspicions sur
la sincérité de ses comptes, à
la suite de la publication d'une enquête du Washington
Post faisant état de pratiques comptables douteuses
chez AOL. Les ajustements comptables mis en cause par
le Washington Post porteraient sur un chiffre global
de plus de 270 millions de dollars entre les années
2000 et 2002. Ces pratiques apparues avant la mégafusion
avec le groupe Time Warner en 2001 aurait donc été
maintenues après cette opération.
Le
quotidien, qui indique avoir eu accès à
des documents confidentiels du groupe, révèle
des pratiques aussi diverses que l'intégration
de revenus publicitaires générés
pour le compte d'eBay dans ses propres revenus ou encore
des arrangements comptables entre plusieurs divisions
du groupe permettant d'accroître le chiffre d'affaires
des activités en ligne. AOL par ailleurs également
assimilé des flux financiers liés à
des conflits juridiques à des accords publicitaires.
Le portail aurait aussi renégocié à
son avantage les contrats publicitaires à long-terme
liant le groupe avec de nombreuses start-up internet
afin de les faire apparaître comme des revenus
à court-terme dans le seul but de gonfler le
chiffre d'affaires trimestriel.
L'ensemble de ces décisions
comptables auraient été mises en oeuvre
dans le seul but de rassurer les marchés sur
le risque de chute des revenus publicitaires Internet
pour le groupe, selon le quotidien. Pour sa part, la
direction du groupe conteste cette présentation
des faits et indique que toutes les opérations
mises en exergue par le quotidien américain,
sont conformes aux normes comptables américaines
définies dans le GAAP (general accepted accounting
principles). Ernst &
Young, le cabinet d'audit chargé de certifier
la comptabilité du groupe, indique pour sa part
avoir spécifiquement analysé la quasi-totalité
des points soulevés par le Washington Post lors
de sa mission et confirme que ces pratiques respectent
bien les normes comptables américaines.
AOL a contre-attaqué
en indiquant que les opérations en cause portent
sur moins de 2% du chiffre d'affaires du groupe et,
en tout état de cause, n'ont aucun impact sur
les revenus nets de l'entreprise. Mais dans le
contexte général de déprime des
marchés financiers, ces nouvelles suspicions
devraient renforcer l'inquiétude des opérateurs
financiers et leur méfiance vis-à-vis
des sociétés liées à l'Internet
et aux nouvelles technologies. Hier, le Dow Jones a
perdu 1,5% et le Nasdaq a cédé 2,9%. Quant
au titre AOL Time Warner, il a chûté de
5,03%.
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