LastMinute.com poursuit sa
stratégie d'acquisitions destinée à
renforcer ses position en Europe : après avoir
pris le contrôle de deux services de voyages (Travelselect.com
et The Destination Group) au printemps, le spécialiste
britannique des "bonnes affaires de dernière
minute" (vacances, séjours, sorties culturelles,
etc.) vient de rendre public un projet d'acquisition
du voyagiste français Travelprice.com. La transaction
porterait sur un montant de 49,6 millions d'euros. L'opération,
si elle est validée fin août par le conseil
d'administration de LastMinute.com plc, nécessiterait
l'émission de nouvelles actions : 34,6 millions
de titres LastMinute.com au maximum en échange
des actions et bons de souscription en circulation de
Travelprice.com.
Cette
acquisition survient quasiment deux ans après
le rachat du pionnier du vol "discount" Degriftour
en août 2000 pour 86 millions d'euros. Une opération
qui constituait le symbole d'un premier pas vers la
consolidation du marché de l'e-tourisme.
Selon LastMinute.com, les avantages
compétitifs liés à ce rapprochement
sont multiples : renforcement de sa position en France
mais aussi en Italie, enrichissement de l'offre catalogue
clients, synergies et économie d'échelle
(estimées à 10 millions d'euros). "Cette
consolidation est nécessaire pour contrer l'offensive
actuelle des services américains", commente
Denis Philippon, directeur général
France de LastMinute.com/Degriftour.com, faisant référence
à Expedia.com, qui s'est allié à
la SNCF pour pénétrer le marché
français, et Travelocity.com qui est aux aguets
(Lire les Confidentiels
du JDNet du 20/07/02).
Le plan d'acquisition prévoit
que les activités de LastMinute France/Degriftour.com
et celles de Travelprice.com fusionnent en une seule
unité d'exploitation. L'intégration devrait
s'échelonner sur six mois. "Pour l'instant,
nous gardons l'ensemble des marques pour la communication",
assure Denis Philippon. Concernant les effectifs, le
directeur général de LastMinute France
n'évoque pas de plan social pour le moment, mais
avec 320 collaborateurs ao total (160 chez Lastminute
France et un effectif similaire chez Travelprice.com),
le sujet pourrait devenir sensible à moyen terme.
Au bout de la période de transition de six mois,
l'équipe de management de la nouvelle structure
serait remodelée pour accueillir Roland
Coutas, PDG-fondateur de Travelprice.com, qui
prendrait le poste de directeur de branche Europe du
Sud de LastMinute.com. Ce pionnier du Net français
devrait également se voir attribuer un siège
au comité exécutif de LastMinute.com d'ici
mars 2003.
Pour Travelprice, ce rapprochement
traduit la difficulté pour un voyagiste en ligne
indépendant de se maintenir dans une conjoncture
macro-économique hésitante. Mais il est
probable que les actionnaires-investisseurs de Travelprice.com
- Apax Partner (Altamir), AGF Private Equity, Partech
International, Avenir Entreprise, Opéra Finance, Exor
et BBV Argentaria, Cita Gestion et Talento - ont poussé
la direction de la société à explorer
cette voie, alors que les perspectives d'une éventuelle
introduction en Bourse s'éloignaient. En
mars dernier, Travelprice avait annoncé une quatrième
levée de fonds, d'un montant de 18 millions d'euros.
Au total, Travelprice.com, créé en 1999,
aurait levé 60,55 millions d'euros, ce qui la
situe en cinquième position du classement
des sociétés Internet françaises
les plus financées établi par le
JDNet.
Travelprice.com, qui a déployé
ses activités dans quatre pays (France, Italie,
Espagne, Belgique), a enregistré une perte d'exploitation
de 20,4 millions d'euros en 2001. Mais le voyagiste
en ligne affirme disposer de suffisament de cash (10
millions d'euros) pour atteindre la rentabilité
d'exploitation et une marge brut d'autofinancement positive
début 2003. Quant au groupe LastMinute.com, qui
propose ses services dans dix pays (Royaume-Uni, France,
Allemagne, Italie, Suède, Espagne, Pays-Bas, Australie,
Afrique du Sud et Japon), il a enregistré en
2001 une perte EBITDA de 51,6 millions d'euros. "Au
niveau groupe, les branches britanniques et françaises
ont déjà atteint la rentabilité",
précise Denis Philipon. L'annonce de ce rapprochement
semble avoir reçu un accueil plutôt tiède
à la Bourse de Londres, où le titre LastMinute
perdait 0,50% en fin de séance.
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