Les
grandes restructurations du secteur du sport en ligne
en France ont démarré en cette période post-Coupe
du monde. Le premier mouvement majeur, qui doit être
officialisé dans les prochains jours, est le
rachat par le prestataire de contenus Athleteline des
activités Internet en France de l'ex-Sports.com (voir
l'encadré ci-dessous). L'opération
- un rachat avec transfert d'actifs dont le montant
est simplement qualifié de "très raisonnable" en interne
- comprend le site Sports.fr, son URL et les droits
y afférant. Dix-sept personnes sont concernées par cette
opération, qui devrait cependant entraîner "quatre
ou cinq licenciements". Les deux sites Athleteline.fr
et Sports.fr devraient fusionner.
Athleteline,
créée en 1999, se voulait à l'origine éditeur de sites
de sportifs dont elle avait acquis les droits Internet
exclusifs (Nicolas Anelka et Marie-José Pérec faisaient
partie de ses premiers clients, voir l'article
du JDNet du 07/12/00). Elle avait élargi son
portefeuille en reprenant en janvier 2001 auprès
de Canal Numedia la gestion des sites de plusieurs footballeurs,
dont Petit, Desailly, Thuram, Lizarazu, Djorkaeff et
Leboeuf.
Profitant
de ses liens privilégiés avec ces sportifs - les contrats
seraient d'une durée moyenne de cinq ans, un délai
plutôt atypique dans l'univers du sport-business -,
la société a choisi d'évoluer pour devenir un "producteur
de contenus sportifs" au sens large, à destination notamment
de la télévision et des opérateurs de téléphonie mobile.
Elle a notamment collaboré avec TPS, à qui elle fournissait
des émissions autour de Didier Deschamps puis de Marcel
Dessailly, et Bouygues Telecom, pour un programme avec
Bixente Lizarazu.
La
présence au sein du capital de Suez (via son fonds SuezNovInvest,
actionnaire à hauteur de 24%) et de M6 (6%) a facilité
ce développement vers la télévision, mais
Athleteline collabore aussi avec TF1. A l'heure actuelle,
l'activité de production TV représenterait 60% du chiffre
d'affaires d'Athleteline, et la gestion des droits des
sportifs auprès des sponsors environ 30%.
En
acquérant le site d'actualité Sports.fr, Athleteline
chercherait à compléter son offre avec de l'actualité
et des contenus plus "chauds" pour proposer des packages
complets à ses clients, les portails notamment. L'opération
a reçu le feu vert des actionnaires (outre Suez
et M6, Athleteline est contrôlée à
31% par ses managers, à 24% par des établissements
financiers comme BNP Paribas, Qualis, Aubay, Alven Capital
et Angel-Invest, et à 15% par des business angels
parmi lesquels figurent les dirigeants de la web agency
Business Interactif).
Athleteline,
qui annonce avoir réalisé un chiffre d'affaires de 1,02
million d'euros en 2001, s'est fixé un objectif de chiffre
d'affaires de 3 millions d'euros pour la nouvelle structure
en 2002. La société affirme avoir atteint l'équilibre
en début d'année et aurait bouclé un premier
semestre rentable, notamment grâce à ses activités autour
du football (un sport aux fortunes variables
). Pour
l'année 2003 - une "année impaire", disent les professionnels
du secteur, marquée par l'absence d'événement majeur
type Coupe du monde ou Jeux Olympiques -, Athleteline
se voudrait prudente en misant sur un chiffre d'affaires
stable. Les dirigeants d'Athleteline continuent cependant
de compter sur les recettes publicitaires et auraient
fixé un objectif de 20% du budget (via une régie interne).
Cette
opération "raisonnable" ne sera peut-être pas sans suite,
tant il apparaît que la consolidation du secteur du
sport en ligne n'en est qu'à ses débuts. Plusieurs dossiers
de reprise circulent en effet dans ce secteur désormais
dominé par un acteur très traditionnel - L'Equipe -
mais où les "pure players" restent bien plus nombreux
qu'en Allemagne, en Grande-Bretagne ou en Italie.
L'éclatement
de Sports.com
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Placée
sous administration judiciaire en juin, Sports.com
Limited, holding du réseau européen de sites
du même nom, a depuis été cédée par appartements.
En juillet, le site Sports.com britannique a
été repris par Sportingbet, un site de paris
en ligne, tandis que l'activité de paris de
la société a été récupérée par Ukbetting, un
autre spécialiste. Quant aux filiales "continentales"
(France, Allemagne et Italie, le site espagnol
ayant été fermé), elles ont été cédées à
la société Sport Co Gmbh, créée pour
l'occasion par les responsables de ces trois
pays. Sport Co Gmbh, qui vient donc de céder
les activités Internet en France à Athleteline,
conserve cependant un contrat de production
de contenu pour SFR et continue d'exploiter
les sites allemand (Sportal.de) et italien (Sports.it).
La société devrait par ailleurs collaborer avec
Athleteline, notamment en utilisant la même
plate-forme technologique (selon certaines sources,
tous les sites seraient hébergés chez Colt Telecom).
Les deux partenaires prévoieraient aussi des
synergies en matière de contenu et en matière
commerciale, Athleteline profitant du réseau
européen de Sport Co Gmbh.
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