"Napster
was here" et "Ded
Kitty" sont les deux seules informations auxquelles
l'on pouvait accéder mercredi soir sur le site
officiel du plus célèbre des services
d'échanges de fichiers musicaux. Le
même soir, les 42 employés de la société
quittaient leurs bureaux pour la dernière fois.
Pionnier de la musique
illégale, adulé
par les internautes, détesté par les maisons
de disques, copieusement attaqué par la RIAA,
vivotant avec le soutien financier de Bertelsmann, Napster
va finalement mourir. Son ultime espoir de survie vient
de s'envoler : sa revente à Bertelsmann AG a
été bloquée par la justice. Une
décision synomime de liquidation, affirme son
actuel PDG, Konrad Hilbers. Sous la protection de la
loi sur les faillites depuis juin, Naspter devrait bientôt
se conformer au Chapitre 7 qui prévoit la liquidation
de la société et la vente de tous ses
actifs.
Harcelé
en justice par l'industrie du disque, Napster avait
crû trouver son sauveur en Bertelsmann - maison-mère
de BMG (l'une des cinq majors mondiales du disque),
qui y a injecté 93 millions de dollars. Mais
la promesse d'une mutation en une entreprise "propre",
c'est-à-dire une plate-forme de téléchargement
payante, n'a pas été tenue. Le marché
de la musique en ligne payante n'a pas encore réussi
à décoller et une bonne part des 13 millions
de napstériens se sont empressés d'abandonner
le service au profit de ses clones et successeurs. Le
site est ainsi resté inactif pendant plus d'un
an, u²ne période durant laquelle la société
crée par un passionné d'informatique de
17 ans a accumulé les dettes.
Annonçant un nouveau
plan de sauvetage, Bertelsmann se disait prêt
à réinjecter 8 millions de dollars supplémentaire
en rachetant le reste des actions. Le juge n'a pas avalisé
cette proposition, en partie en raison de l'opacité
des relations Napspter/Bertelsmann.
Certains labels, dont
A&M, Geffen ou Interscope, s'étaient plaints
du refus de Bertelsmann de comuniquer les documents
liés aux prêts et liens entre les deux
entités.
Le
coup de grâce pour Napster est peut-être
intervenu avec le départ de Thomas Middelhoff,
l'ancien PDG de Bertelsmann et instigateur du rachat
de la société californienne. Thomas
Middelhoff aurait même avancé sur
ses propres fonds 14 des 93 millions de dollars investis.
Mais en juillet dernier, il a été évincé
par le conseil d'administration de Bertelsmann. Et la
nouvelle direction du groupe allemand a décidé
de faire le ménage dans les activités
Internet (Lire l'article du JDNet
du 03/09/02), confirmant la
semaine dernière qu'elle ne voyait aucun
intérêt à réinvestir dans
Napster.
Par
ailleurs, le patron de Napster, Konrad
Hilbers, nommé par Bertelsmann, n'a rien fait
pour rapprocher les deux entités. Depuis sa nomination,
il inquiétait
déjà les équipes de Napster par
son aspect trop "bertelsmannien". C'était
également l'avis du juge, qui le considère
comme "étant une source de conflits interne".
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