II flotte un parfum de mystère
savamment entretenu parmi les casinos virtuels. Dans
cette gigantesque nébuleuse de services en ligne
(on dénombre 1 400 casinos en ligne accessibles
depuis la France), difficile de cerner la localisation
géographique des serveurs, le siège social
de la société et l'identitié des
véritables exploitants. Le fonctionnement de
ces sites, pourtant interdits au regard de la loi française,
est tout aussi obscur pour les internaute. Difficile
de comprendre, par exemple, la répartition des
gains. Malgré ces zones d'ombre, certains mordus
du jeu, installés
en France, ne résistent pas à l'appel
du gain. Une faiblesse qui peut très vite se
transformer en aventure.
Pour
protéger sa véritable identité,
appelons-la Pascale. Agée de 30 ans, cette assistante
commerciale vit à Paris. Pendant ses vacances,
elle fréquente régulièrement les
salles des casinos "réels". En
juillet dernier, sa passion a trouvé un nouveau
terrain de jeu avec les croupiers en ligne. "Avant
cet été, j'avais souvent joué en
démo sur des casinos en ligne, explique-t-elle.
Et pusi en juillet, je me suis décidée
et j'ai joué cinq fois sur des services payants
pour un montant total d'environ 350 dollars." Une
somme que Pascale n'est pas prête d'oublier.
Les
machines à sous qui se dérèglent
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Décidée à
tenter sa chance, sa première expérience
sera sur le site du casino virtuel Partouche. En toute
logique, elle se voit alors bloquée juste après
son inscription en ligne. Sur l'écran, un avertissement
: "Il n'est plus possible d'accéder aux
jeux réels de Casino Partouche International, avec pour
moyen de paiement une carte de crédit délivrée par une
banque française". Pascale est alors incitée
à se rendre sur
un autre site, Casino770.com. Là, elle ne rencontre
aucun obstacle pour s'inscrire aux jeux d'argent monnayables
en dollars. Mais le site se révèle au
final peut fiable. "Leurs machines à sous se sont
déréglées, se souvient-elle. J'ai gagné 500 pièces de
10 cents et la machine ne m'en a payé que 80. J'ai envoyé
des mails à Casino770.com pour leur demander
des explications. Ils m'ont demandé des éléments
de preuve que je leur ai transmis. Je n'ai jamais eu
de réponses de leur part."
Suite à cette première
tentative, Pascale persiste et s'inscrit sur IndianOceanCasino.com,
un site dont le nom de domaine a été déposé
par la société EditNet sur l'Ile Maurice.
Après avoir téléchargé le
logiciel "sécurisé" de jeu en
ligne, elle entame ses premières parties qui,
là aussi, réservent quelques surprises.
"Au jeu de la roulette, le site s'est bloqué
alors que j'avais 270 dollars de gains. J'ai attendu
un quart d'heure dans l'espoir que tout redevienne normal.
Finalement, exaspérée par l'attente, j'ai
arrêté mon ordinateur. Lorsque que je suis
revenue sur l'interface, il n'y avait aucun moyen de
récupérer la mise." Pascale envoie
alors des e-mails de réclamation au site pour
récupérer ses 270 dollars.
Après plusieurs tentatives,
elle parvient à entamer une correspondance avec
Christine, une chargée clientèle francophone,
installée au Canada et représentante de
GamblingFederation.com. Cette
société, dont le nom de domaine a été
déposé au Costa Rica, est spécialisée
dans l'affiliation de casinos en ligne. Elle fournit
aux éditeurs qui souhaitent exploiter un site
de jeu l'infrastructure technique. Elle gère
également l'encaissement des dépôts
et la répartition des gains. Le modèle
économique de GamblingFederation.com repose sur
une répartition des revenus, l'éditeur
affilié recevant 35 à 65 % de commissions
sur les pertes des joueurs. IndianOceanCasino.com, le
site visitée par Pascale, est justement l'un
des affiliés de GamblingFederation.com.
Après quelques échanges
d'e-mails, Christine se veut rassurante : les gains
de Pascale vont lui être envoyés par chèque
via DHL. En consultant le service de tracking en ligne
de DHL, Pascale s'aperçoit alors que le paquet
contenant le chèque effectue un périple
étonnant entre le 6 et 16 août : Montréal
(Canada), Cincinnati (Etats-Unis), Bruxelles (Belgique)
puis, enfin, Paris (France). Mais une surprise attend
Pascale un mois plus tard. Le 19 septembre, son agence
bancaire à Paris lui téléphone
pour signaler qu'elle refuse d'encaisser la somme, payée
en deux chèques
(100 et 170 dollars). Pour l'agence, ces chèques
émis par des banques inconnues fleurent le blanchiment.
Après dix jours
de tractations, l'agence accepte finalement d'encaisser
le chèque de 170 dollars. "Mais,
il ne sera sur mon compte que dans un délai de
trois semaines à six mois. Et une commission de 15 dollars
de frais sur ce chèque est retenue." Pour le chèque
de 100 dollars, les négociations sont toujours
en cours.
Pour Pascale, les conséquences
de cette immersion dans l'univers des casinos virtuels
ne s'arrêtent pas là. Sur son relevé
de compte, elle s'aperçoit que
les débits qui correspondent aux sommes versées
pour alimenter ses parties sur IndianOceanCasino.com,
sont effectués par divers établissement
bancaires étrangers "aux noms très
exotiques avec des taux de commissionnement très
différents". De quoi se sentir embarqué
dans des affaires au goût sordide. Autre
désagrément, presque anecdotique :
Pascale est aujourd'hui inondée de spams sur
sa boîte mail qui l'invitent à jouer sur
des casino en ligne. Elle ne les regarde même
plus.
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