E-Commerce
Commissaires-priseurs contre sites d'enchères : le retour de la polémique
Un avis du conseil des ventes précisant la définition des biens culturels suscite de vives réactions de la part de eBay et QXL.  (Mardi 3 décembre 2002)
         
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Le Conseil des ventes, institué par la loi de janvier 2000 qui a réformé le statut des commissaires-priseurs français, a rendu un avis dans lequel il s'attaque ouvertement à la vente d'objets d'arts et de collection sur des sites d'enchères comme eBay. L'avis, rendu le 19 septembre 2002 et rendu public récemment, propose d'interdire d'enchères en ligne les biens de plus de 150 ans classés dans huit catégories, de la peinture à la tapisserie en passant par les livres ou le mobilier. Cette limite serait ramenée à 75 ans pour les films et photographies. Le Conseil propose de même d'interdire la mise aux enchères en ligne des objets de ces mêmes catégories portant la signature d'un auteur, d'un artiste ou d'un fabricant si d'autres biens de cet artiste ou auteur ont déjà fait l'objet d'une vente aux enchères officielle avec catalogue.

Les responsables des sites d'enchères -un marché aujourd'hui restreint à deux acteurs principaux, eBay et QXL Ricardo, propriétaire de la marque Aucland- ont vu dans le texte une provocation réveillant le conflit latent qui les opposait aux acteurs des enchères traditionnelles. "Il s'agit d'une définition beaucoup trop large. Interdire la vente sur eBay d'objets aussi anodins qu'une pièce romaine de quelques euros n'a aucun sens, s'inquiète Grégory Boutté, directeur général d'eBay France. Et il est impossible de connaître à tout moment l'ensemble des biens vendus aux enchères dans le monde présents dans plusieurs milliers de catalogues".

eBay qui réalise la moitié de son activité avec la vente d'antiquités et de biens de collection s'inquiète également à l'idée de ne plus pouvoir vendre sur son site des objets comme des albums anciens d'Astérix ou des porte-clefs Mickey signés Walt Disney...

De son coté, Sylvie Fleury, directrice générale de QXL Ricardo en France, explique que "cette attaque très forte des commissaires priseurs contre les sites d'enchères illustre simplement la crainte du commerce traditionnel face à la montée en puissance réelle des activités en ligne".

Ces réactions amusent Me Rémi Sermier, avocat et membre du conseil des ventes, qui a travaillé personnellement sur le texte : "Je ne suis pas sûr que les dirigeants des sites d'enchères ont bien lu le texte. Nous avons simplement voulu proposer une définition pour éviter de trouver à nouveau un faux Rembrandt annoncé pour un authentique par un vendeur sur un site d'enchère comme nous l'avons constaté il y a quelques mois".

La loi de janvier 2000 avait pourtant pacifié le conflit latent qui opposait les professionnels on et offline des enchères. Cette loi avait été unanimement saluée tant par les commissaires-priseurs que par les sites d'enchères en ligne car elle faisait sortir ces derniers du strict champ juridique de la vente aux enchères en qualifiant leurs opérations d'"activités de courtage en ligne".

Seule restriction pour ne pas se voir imposer les règles contraignantes de protection des acheteurs applicables aux ventes aux enchères : les sites ne doivent pas proposer la vente de "biens culturels". Mais ni la loi, ni son décret d'application n'avaient précisé à l'époque de définition des biens culturels.

Me Champin, président de la Chambre nationale des commissaires priseurs interviewé par le Journal du Net à l'époque, se référait à une définition d'un décret de janvier 1993 sur le sujet précisant : "Ce sont, pour faire simple, à la fois les biens qualifiés de Trésors nationaux mais aussi les biens présentant un intérêt historique artistique ou archéologique... Sont retenus des critères d'ancienneté et de valeur économique du bien".

"Nous avons simplement souhaité apporter notre expertise en proposant une définition rationnelle et plus adaptée que celle du décret de janvier 1993", précise aujourd'hui Rémi Sermier.

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Détail cocasse : on retrouve, parmi les membres du conseil des ventes qui ont activement travaillé à la rédaction du texte, Antoine Beaussant, ancien président fondateur de N@rt. Ce même N@rt s'était attiré les foudres de la chambre nationale des commissaires priseurs fin 1999 en organisant des ventes aux enchères en ligne d'objets anciens, en violation du monopole des commissaires priseurs alors en vigueur.

Une tempête dans un verre d'eau ? La portée juridique de l'avis du Conseil des ventes est aujourd'hui nulle. Ce sont les ministères de la Culture et de la Justice, destinataires de l'avis, qui doivent décider de retenir ou non la définition restrictive proposée et de l'intégrer éventuellement dans un nouveau décret. La bataille juridique n'a donc pas lieu d'être. Mais la guerre des lobbys, elle, a bien commencé.

[Fabien Claire, JDNet]
 
 
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