JDNet
: Quelle est votre analyse sur la situation actuelle
du capital-risque et comment abordez-vous 2003 ?
Etienne Colas (Ventech) : Le niveau d'activité
du capital-risque baisse encore, mais la restructuration
du secteur est à mon sens déjà bien engagée avec l'arrêt
d'un certain nombre de fonds. A terme, je pense que
le nombre d'équipes va être divisé par deux et qu'il
restera, tout au plus, une dizaine d'opérateurs sur
Paris. Concernant la chaîne de financement, deux problèmes
essentiels se posent : la faiblesse persistante de l'amorçage
et la nature des projets financés. De plus en plus de
dossiers sont aujourd'hui davantage dans l'esprit PME
que dans l'esprit start-up. Or pour des projets au timing
PME, le capital-risque n'est pas adapté : mieux vaut
se tourner vers le financement corporate ou l'autofinancement.
Didier Moret (I-Source Gestion) : Le ralentissement
est indéniable mais le nombre de projets reste élevé
et leur qualité s'améliore. Le problème majeur reste
la lenteur des opérations et le fait que la chaîne de
financement reste grippée en amont. D'une manière générale,
on ne sortira pas de cette situation tant que les marchés
resteront scotchés. La formule " Bourse coincée, capital-risque
coincé " reste plus que jamais d'actualité. Dans ce
domaine, le signal viendra forcément du marché directeur,
les Etats-Unis. Or, le capital-risque américain reste
sous dépression. Il faut donc s'attendre à quelques
mois encore difficiles en France avant que les choses
ne se stabilisent.
Sur
quels points êtes-vous aujourd'hui le plus sensible
dans les projets de financement que vous étudiez ?
Etienne Colas : Le
facteur numéro un reste l'équipe de l'entreprise, avec
un CEO qui tient la route et une force commerciale capable
de soutenir le développement. L'autre point est la manière
selon laquelle l'entreprise compte générer des revenus.
Il faut que le projet apporte une valeur ajoutée tangible
et financière : les solutions permettant aux entreprises
de réduire ou de mieux gérer leurs coûts sont à ce titre
très intéressantes.
Didier
Moret : L'équipe
est toujours le point le plus important dans les dossiers
que nous étudions. Mais ce point est resté constant
au cours des dernières années. S'y ajoute le niveau
technologique, qui est un facteur de plus en plus décisif
pour déterminer le degré de maturité des projets.
Quelle
est selon vous la situation de la France en matière
de capital-risque ?
Etienne Colas : Depuis
1996, la France a connu un rattrapage important face
aux Etats-Unis, aussi bien dans les mécanismes de financement
que dans la culture entrepeneuriale. Il ne faut pas
que cette dynamique retombe, notamment à cause de l'incubation.
Les leviers publics ont certainement un rôle à jouer
pour conserver les acquis.
Didier
Moret : La
chaîne de fonctionnement a globalement bien fonctionné
en France. Maintenant, reste le problème de l'amorçage
et des premiers tours. Le rôle des FCPI doit sans nul
doute être repensé : les allocations d'actifs se sont
recentrées sur les projets davantage matures pour gagner
en sécurité. Il faut que les FCPI interviennent également
en amont dans le financement des entreprises.
Le
point de vue des entrepreneurs
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