Les graphiques boursiers sont
limpides : depuis le début du mois de novembre,
la plupart des valeurs Internet et des valeurs technologiques
ont fait l'objet de fortes progressions sans raison apparente.
Ce fut ainsi le cas de Valtech, qui a connu une croissance
de 100 % en quatre séances et de 400 % en
deux mois. Les valeurs concernées par ce phénomène
ont suivi la tendance globale de progression du Nouveau
Marché, dont l'indice s'est affiché à
la hausse tout au long du mois de novembre. Mais on sent
aussi frémir un retour de bâton depuis le
milieu de la semaine dernière. D'ailleurs, l'indice
du Nouveau Marché est dans le rouge depuis vendredi
6 décembre et a plongé de 7,42 % lundi
9. Alors, comment expliquer
ce rebond, pour l'instant temporaire, et ces revirements
brutaux ?
"Il
y a eu quelques indices faisant état d'une reprise
économique aux Etats-Unis et qui ont été
bien accueillis en France, souligne Eric Cohen, PDG
de la SSII Keyrus. Et, dans le mouvement général,
cela a eu un impact amplifié sur les valeurs
sous-valorisées, c'est-à-dire sur bon
nombre de valeurs technologiques et Internet."
Ce sont en effet les "penny stocks", c'est-à-dire
les actions à moins de un euro ou dont la valorisation
est inférieure à leur trésorerie,
qui ont profité de cet effet de levier : SSII,
sociétés du secteur des TMT, architectes
Internet, Web agencies ont fait partie des heureux élus.
"Sur les quinze derniers
jours de novembre, nous avons observé une très
forte activité en volume sur ces penny stocks,
et une réelle progression, commente François
Chaulet, directeur général chez Richelieu
Finance. Le secteur des actions de la nouvelle économie
a été tiré vers le haut par des
actions comme Valtech, mais ce n'est qu'un feu de paille.
Selon moi, il s'agit simplement d'actionnaires particuliers
qui ont vu le marché repartir et ont cherché
les valeurs où une forte progression était
prévisible, c'est-à-dire celles où
la valorisation était au plus bas."
Déjà en octobre,
l'association Brokers Online avait souligné le
regain d'activité des clients de courtiers en
ligne, qui avaient passé 27 % d'ordres de
plus qu'en septembre. Si les données sur novembre
ne sont pas encore publiées, la tendance reste
la même. "Il y a un regain d'intérêt
de manière général pour le Nouveau
Marché et le Premier Marché, déclare
un porte-parole du courtier Fimatex. Mais nos valeurs
phares sont toujours des valeurs du CAC 40 : France
Télécom, Crédit Lyonnais et BNP
Paribas, etc."
En effet, le côté
très spéculatif des valeurs technologiques
et Internet et le fait que ce secteur n'ait pas encore
achevé sa mutation empêchent ces titres
d'être conseillés à l'achat par
les analystes. "Ces valeurs sont assimilables à
des bons de souscription, un peu comme des tickets de
loterie, commente François Chaulet. Plusieurs
critères sont à regarder avant d'investir :
les actifs nets comptables, la trésorerie, le
problème des effectifs (passif social éventuel)
et la comparaison de la capitalisation au chiffre d'affaires.
Il est clair que selon ces critères, les entreprises
du secteur n'ont aujourd'hui quasiment aucune chance
d'être conseillées à l'achat."
Elles sont en revanche parfaitement
ciblées pour des investisseurs qui cherchent
un effet de levier maximum dans le cas où le
marché repartirait à la hausse, ne serait-ce
que pour quelques jours. C'est justement ce que l'on
vient de vivre ces dernières semaines et ce qu'on
peut attendre pendant au moins quelques mois encore,
c'est-à-dire jusqu'à la publication des
résultats annuels. A moins qu'un rachat d'une
des sociétés phares du secteur ne permette
de donner un prix de marché, une valorisation
plus tangible que celles actuellement observées.
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