Idée reçue N°2 :
les règles du crédit sont les mêmes
au Royaume-Uni et en France... Les péripéties
de la banque en ligne britannique se poursuivent dans
l'hexagone. Après le mécontentement des
anciens clients Zebank face aux fermetures massives
de comptes courants
(lire l'article du JDNet), Egg est en train
de découvrir les affres de la réglementation
française en matière de crédit
à la consommation.
Le
14 novembre dernier, l'AFUB (Association française
des usagers des banques) avait dénoncé
certaines clauses du contrat de la carte Egg qui vont
à l'encontre du Code de la Consommation. Une
semaine plus tard, c'était au tour de l'UFC Que
Choisir de pointer de graves omissions dans le cadre
de la campagne publicitaire du banquier virtuel (absence
d'information sur l'existence d'un crédit renouvelable
attaché à la carte et défaut de
mentions légales).
L'AFUB
avait dénoncé deux points problématiques
dans les conditions de vente de la carte Egg "cash-back" :
sur l'offre de crédit,
l'association avait souligné un viol de la loi
protégeant les emprunteurs en matière
de crédit permanent. Sur la carte bancaire, le
contrat ne respectait pas les garanties légales
assurant la protection des titulaires.
Une première réunion
a été organisée entre l'AFUB et
Egg, en présence de Richard Duvall, directeur
des ventes et de la distribution de la banque britannique.
Une seconde réunion de conciliation doit avoir
lieu aujourd'hui avec des juristes de l'AFUB. L'association
va également en profiter pour évoquer
les fermetures arbitraires de comptes courants.
Du
coté de l'UFC Que Choisir, une plainte a même
été déposée : "Nous
avons saisi courant novembre le Tribunal d'Instance
du Xe arrondissement au sujet des messages publicitaires
non conformes à la législation",
explique Isabelle Faujour, du service juridique de l'UFC.
L'audience devait avoir lieu le 17 décembre prochain
mais, entre temps, Egg a accepté de retirer ses
publicités et de les modifier. Un communiqué
conjoint Egg - UFC Que Choisir, publié hier,
indique que la banque en ligne s'est engagée
à "exprimer clairement que la carte Egg
est une carte de crédit, associée à
une réserve d'argent dont l'activation est facultative."
Parallèlement à
cette déclaration, Egg a publié jeudi
un autre communiqué faisant le point sur les
résultats de son lancement français. Qualifié
de "succès", Egg revendique l'acceptation
de 28 000 demandes d'ouverture de comptes sur le
mois de novembre. La banque ne souhaite pas
préciser pour l'instant le nombre de dossiers
rejetés. Par ailleurs, elle souligne le montant,
supérieur de 30 % à la moyenne française,
du revenu moyen annuel de ses clients (50 000 euros).
Preuve, selon le communiqué, que la banque attire
une clientèle plutôt haut de gamme, comme
au royaume-Uni.
Le tri des dossiers n'est
sans doute pas pour rien dans cette clientèle
qualifiée : Egg a sans aucun doute écarté
bon nombre de clients affichant des revenus trop faibles.
Mais il ne suffit pas d'avoir
de hauts revenus pour décrocher son compte Egg
: un client affichant des revenus de plus de 4 000 euros
nets par mois s'est vu refuser sa carte cash-back. Le
fait qu'il ait opté pour un remboursement à
chaque fin de mois et non pour l'utilisation de la réserve
d'argent au TEG annuel de 12,99 % a peut-être
pesé dans la balance...
La banque ne communique
pas à l'heure actuelle sur la proportion de clients
souscripteurs de l'offre de crédit. Elle envisage
de le faire lors de la publication des résultats
annuels en février.
Sur un forum de discussion
(fr.misc.finance.banque), un client Zebank/Egg résume
avec humour la situation embarrassante dans laquelle
se débat le banquier : "Lancer un nouveau
produit, sur un nouveau marché, avec une campagne de
pub du plus mauvais goût, en se mettant à dos les anciens
clients et les nouveaux clients potentiels, ça relève
de l'exploit."
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