La société se
veut résolument discrète sur ses activités,
s'appuyant principalement sur les réseaux montés
avec les acteurs des chaînes médias et
musique qu'elle a tissés depuis sa création
il y a trois ans. Yacast est un prestataire B to B qui
tourne autour du métier de la pige musicale et
publicitaire (quantitative et qualitative) et de l'identification
des contenus sur les suppports médias : radio
(34 radios clientes) et télévision (27
chaînes) pour le moment, en attendant la mise
en place en mars d'une extension pour effectuer une
veille sur la presse papier.
Pour
affiner son outil Internet de pige publicitaire, élargir
ses activités dans d'autres pays (après
la France et la Grande-Bretagne, trois autres marchés
européens sont visés) et commercialiser
de nouveaux outils de reconnaissance musicale sur supports
mobiles, Yacast a effectué en décembre
2002 une troisième levée de fonds de 1,8
million d'euros.
Depuis la création
de Yacast, en mars 2000, trois investisseurs suivent
avec attention le développement de cette société
de droit anglais : Desfossés International
(groupe Bernard Arnault), Arts & Biens et Pêchel
Industries, un fond de capital-développement.
Sous la houlette de ses dirigeants-fondateurs Aule de
Bournet (président) et Jean-Michel Grapin (CEO),
Yacast a levé au total environ 7,8 millions d'euros
auprès de ce trio d'investisseurs.
Compte
tenu de son positionnement de pige publicitaire multimédia,
Yacast a monté une série d'outils Internet
que les clients peuvent exploiter à travers son
site. Avec deux services phares : Muzicast (analyse
des diffusions musicales en radio et télévision)
et Advercast (pige publicitaire) qui prend en compte
des données quantitatives et qualitatives.
Son offre Qualicast lui permet
d'élaborer des synthèses publicitaires
par thèmes spécifiques. Par exemple, Yacast
peut fournir le nombre de campagnes de publicité
liées à un joueur de l'équipe de
France à l'occasion du Mondial 2002.
Yacast se rapproche ainsi de
plus en plus des activités du leader du marché,
Secodip (Société d'étude de la
consommation, distribution et publicité), du
groupe Taylor Nelson Sofres.
Une compétition qui
ne lui fait pas peur : en 2001, Yacast a remporté
l'appel d'offres lancé par la Syndicat national
de l'édition phonographique (SNEP) pour la pige
musicale des radios et des vidéos musicales en
télévision aux dépens d'Ipsos Music.
Depuis, elle dispose d'une base
de données musique de 17 terraoctets qu'elle
peut exploiter à sa guise.
Par exemple, en novembre 2002,
Yacast a lancé sa solution MMA pour "Music
Anytime Anywhere", une solution d'identification
des titres musicaux à partir d'un téléphone
mobile. En clair, lorsqu'une personne souhaite avoir
des informations sur un titre de musique qu'elle écoute
(à la radio, à la télévision
ou dans une discothèque), il compose un numéro
sur son mobile qui lui donne accès à un
serveur Yacast : celui-ci identifie la source musicale
et envoie les informations par SMS.
Un schéma qui peut se
transformer en outil de marketing viral susceptible
d'intéresser les opérateurs mobiles, les
enseignes de distribution de musique (Fnac ou Virginmega)
et les maisons de disques.
Toujours dans le domaine musique
et Internet mobile, Yacast a monté le service
"Best of Radio" qui permet de réunir
un ensemble de playlists tirés des grandes stations
de radio musicales comme NRJ, Fun Radio ou Skyrock.
Un outil mis à la disposition des opérateurs
de portails mobiles wap/GPRS et bientôt i-mode.
L'ensemble des développements
technologiques de la société sont effectués
en interne, à travers son centre de R&D baptisé
Tekano.
Autre projet en cours de préparation
: Yacast voudrait monter un indicateur sur le nombre
de sessions webstreaming que les grandes stations de
radio enregistrent sur leurs sites en comparant les
performances de chacun des acteurs. La création
de ce nouvel outil auraît pour objectif de sensibiliser
les annonceurs à l'audience potentielle des internautes
qui écoutent la radio en ligne.
Son profil de spécialiste de l'identification
des sources musicales dans les différents médias
l'a naturellement conduit à s'intéresser
aux moyens d'identifier les fichiers musicaux qui circulent
en ligne.
Techniquement, Yacast assure
pouvoir pister les fichiers dans les flux Internet.
La société dispose d'ailleurs d'une solution
baptisée Digital Right Control : quelques octets
sont prélevés sur les fichiers de musique
permettant de réaliser des sondages aléatoires
sur Internet à un moment donné.
Mais le procédé
a ses limites : la reconnaissance ne peut être
effectuée que si le fichier musical a été
initialement intégré dans une base de
donnée de référence. "Le problème
est que nous ne pouvons pas atteindre une pige exhaustive
dans ce domaine", reconnaît Jean-Michel Grapin.
Le volume des fichiers transitant par les services "illicites"
d'échanges de fichiers musicaux en mode peer
to peer (150 millions par jours) est bien trop important.
La bataille serait-elle perdue
? "Pour contrer ce type de piratage à échelle
mondiale, il faudrait instaurer au minimum un filtre
technique à un niveau national. Mais, cela nécessite
un large consensus entre les acteurs du monde de la
musique et les FAI. Ou que le législateur intervienne
directement", estime le représentant de
Yacast.
Yacast recense entre 200 et
300 clients liés au monde des médias et
de la musique qui ont recours à ses services
de piges. A 95 %, ils utilisent le site Internet
de Yacast - qui joue le rôle d'Extranet - pour
bâtir leurs tableaux d'analyses personnalisés.
Le chiffre d'affaires 2002 de la société,
premier véritable exercice complet, s'est élevé
à 3 millions d'euros. La société
emploie une soixantaine de personnes.
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