L'e-krach,
Enron, Vivendi Universal, Worldcom sont passés
par là... A force que la Bourse plonge du nez,
que les affaires de comptabilité empoisonnent
les marchés et que l'aigreur des épargnants
enfle, il fallait bien que la notion d'insécurité
financière prenne à son tour forme. Cette
fois, ce sont Francis Mer et Dominique Perben qui sont
envoyés au front. Hier, le ministre de l'Economie
et le garde des Sceaux ont présenté en
Conseil des ministres le projet de loi sur la sécurité
financière. Ce texte de 88 articles se penche
sur trois aspects principaux.
Tout
d'abord, pour éviter les flottements entre la
COB (Commission des opérations de Bourse) et
le CMF (Conseil des marchés financiers), le projet
prévoit la création d'un structure unique
baptisée AMF (Autorité des marchés
financiers). Dans les faits, ce projet de fusion enre
la COB et le CMF avait été initié
en juillet 2000 par Laurent Fabius, alors installé
à Bercy.
L'AMF
sera chargée de la protection de l'épargne,
du contrôle de l'information financière
et du suivi des marchés. Cette autorité
sera pilotée par un collège de seize membres,
son président étant directement nommé
par l'Elysée. En marge de la création
de l'AMF, le projet de loi prévoit également
la fusion des commissions de contrôle des assurances
et des mutuelles.
En
matière de gouvernance d'entreprise, autre sujet
sensible depuis la saga Vivendi-Universal, le texte
instaure la création d'un Haut conseil du commissariat
aux comptes. Mais la mesure phare reste l'interdiction
faite aux commissaires aux comptes de cumuler les activités
d'audit et de conseil pour un même client. La
fameuse muraille de Chine que les marchés appellent
de leurs voeux depuis l'affaire Enron.
En
revanche, le projet de loi s'avère bien plus
timide concernant le pouvoir, ou le niveau de responsabilité,
des conseils d'administration envers les entreprises.
Les administrateurs ne voient pas leur capacité
de contrôle sur les dirigeants se renforcer. Le
texte, qui mise davantage sur la transparence que sur
l'arsenal répressif, ne cherche pas, non plus,
à encadrer le rôle des analystes et des
agences de notation. Aux Etats-Unis, la loi Sarbanes-Oxley
n'a pas hésité à pénaliser
les dérives financières et notamment la
responsabilité endossée par les patrons.
Dernier
axe présenté hier en Conseil : la
protection des épargnants. Ici, le texte joue
la carte de la protection des consommateurs en proposant
une série de mesures afin d'encadrer le démarchage
des produits financiers. Est notamment prévu
un délai de rétractation de 14 jours après
la conclusion d'un contrat financier.
Avec
ce texte, Francis Mer compte permettre aux entreprises
de "s'auto-organiser" afin "de restaurer
la confiance et la crédibilité des places
financières". Le projet de loi a été
adopté hier par le gouvernement. Il sera examiné
par le Sénat à partir de mars prochain.
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