Faut-il y voir un signe ? C'est
sur les terres de France Télécom que les
dirigeants de Wanadoo ont présenté les résultats 2002
de la société. Et pas n'importe quelles terres : les "Jardins
de l'innovation", récemment inaugurés dans les locaux
de France Telecom R&D. Cet espace à haute connotation
technologique est devenu le théâtre de prédilection
de la stratégie de communication de l'opérateur et de
ses filiales. C'est là par exemple que Thierry Breton
a récemment présenté la stratégie du groupe dans le Wi-Fi
(Lire l'article
du JDN du 20/02/03).
Olivier
Sichel, le nouveau PDG, y a annoncé les derniers
résultats du Wanadoo de Nicolas Dufourcq (celui-ci avait
démissionné de ses fonctions en décembre dernier, pour
cause de désaccords avec la nouvelle direction de France
Télécom). La filiale Internet de l'opérateur
a enregistré pour la première fois de son histoire un
bénéfice net de 30 millions d'euros, contre une perte
de 193 millions l'année précédente. Son résultat opérationnel
a été ramené à - 6 millions d'euros, contre -153 millions
en 2001. Et l'Ebitda, négatif de 64 millions en 2001,
est passé à + 90 millions en 2002.
Comme annoncé en janvier, le
dernier exercice de Wanadoo s'est soldé par un chiffre
d'affaires de 2,075 milliards d'euros, en progression
à périmètre constant de 28 %. "C'est la troisième
année que Wanadoo tient ses promesses [en terme
de croissance], voire les dépasse", s'est
félicité Wilfried Verstraete, le directeur
financier (en partance pour Orange).
Conmpte de résultat consolidé de
Wanadoo
En millions d'euros
|
.. |
2002
|
2001
|
Chiffre
d'affaires
|
2075
|
1563
|
dont
Accès, Portails et e-Merchant |
1199
|
716
|
dont
Annuaires |
880
|
848
|
Ebitda |
90
|
-64
|
dont
Accès, Portails et e-Merchant |
-166
|
-290
|
dont
Annuaires |
289
|
239
|
Résultat
opérationnel |
-6
|
-153
|
dont
Accès, Portails et e-Merchant |
-
246
|
-359
|
dont
Annuaires |
273
|
219
|
Résultat
net part du groupe |
30
|
-193
|
Free
cash flow opérationnel opérationnel
|
-18
|
-175
|
dont
Accès, Portails et e-Merchant |
-258
|
-386
|
dont
Annuaires |
275
|
225
|
Sur le segment Accés, Portails
et e-Merchant, la marge brute a augmenté de 22 %
en 2001 à 35 % en 2002 et la perte d'Ebitda est
passée de 290 à 166 millions d'euros. Mais si la France
a enregistré un Ebitda positif de 7 millions d'euros
en 2002, l'Espagne a vu sa perte diminuer de -60 à -55
millions d'euros seulement, et surtout, Freeserve, la
filiale britannique, a vu son Ebitda passer de -74 millions
en 2001 (-86 millions sur douze mois) à 92 millions
en 2002.
Olivier Sichel a d'ailleurs
fait de l'amélioration de la performance financière
de Fresserve l'une des priorités de cette année et souhaite
diminuer ses pertes de moitié. Mais il entend aussi
continuer à "améliorer la performance opérationnelle
de Wanadoo en France, notamment grâce à l'ajustement
de la structure de coûts du portail". Interrogé sur
le plan social en cours chez Wanadoo Portails, il s'est
contenté de rappeler que celui-ci portait sur 102 postes
et qu'un accord de méthode avait été signé "avec la
CFDT et Sud-PTT", mais s'est refusé à confirmer
les informations déjà parues sur les modalités de ce
plan.
L'autre segment d'activité
de Wanadoo, les annuaires, a vu son Ebitda progresser
de 21 %, à 289 millions d'euros. "Nous n'envisageons
pas de céder Pages Jaunes", a affirmé Olivier Sichel,
qui insiste en revanche sur une "amélioration de la
rentabilité" et veut "essayer de réfléchir à la place
des annuaires dans un groupe France Télécom
intégré", faisant référence notamment aux développements
en matière de mobilité, de géolocalisation et de croissance
internationale. Par ailleurs, Wanadoo va aussi s'attaquer
au foyer de pertes que constitue la filiale espagnole
QDQ.
En 2003, Wanadoo compte surtout
profiter de ses positions sur le marché en plein développement
du haut débit. Dans ce domaine, Olivier Sichel affirme
ne craindre ni Bruxelles, qui s'intéresse à un éventuel
abus de position dominante ("Nous n'anticipons pas de
sanction de la part de la Commission et nous nous sommes
défendus devant elle"), ni la montée prévisible de la
concurrence ("Je préfère avoir un peu moins d'un marché
de 10 millions d'abonnés que 90% d'un marché de 1 million
d'abonnés"). Le haut débit représenterait aujourd'hui
45 % du parc d'abonnés de Wanadoo, contre 55 %
au bas débit.
Malgré l'annonce de ces résultats,
l'action Wanadoo, qui a connu un parcours heurté depuis
le début de l'année, a terminé en baisse de 3,02 %
à 4,50 euros hier à la Bourse de Paris. Une baisse attribuée
par certains aux incertitudes autour du maintien de
l'action Wanadoo ou de la réintégration de la filiale
dans sa maison-mère. Une éventualité démentie par Olivier
Sichel ("Il n'y pas de projet en ce sens") et surtout
par Franck Dangeard, homme de confiance de Thierry Breton
et responsable des "Equilibres Financiers" au sein de
la direction de France Télécom. Celui-ci
était venu suivre discrètement - et au dernier
rang - la présentation des résultats. Mais invité à
s'exprimer sur le sujet par Olivier Sichel, Franck Dangeard,
qui assiste désormais en tant qu'observateur au conseil
d'administration de Wanadoo, a réaffirmé qu'il n'y avait
"aucun projet de retrait, car cela ne correspond pas
au potentiel de Wanadoo. Nous ne passons pas une seconde
sur ce sujet". Celui-ci devrait cependant être
à nouveau évoqué mercredi devant Thierry
Breton, à l'occasion de la présentation des résultats
2002 et des perspectives 2003 de France Télécom.
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